Macron veut continuer à réduire l'APL pour faire baisser les loyers : un jeu dangereux (surtout pour les allocataires)
C'est l'annonce qui, depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, a fait couler le plus d'encre, à tel point qu'elle reste encore considérée comme une "erreur de communication". Pourtant, le président persiste et signe et l'a fait savoir dans son interview du jeudi 31 au magazine Le Point: oui, il a baissé l'Aide personnalisé au logement de 5 euros, et il compte bien continuer. Emmanuel Macron envisage d'aller au-delà de cette première baisse de l'Aide personnalisée au logement mais "seulement dans le cadre d'une transformation profonde qui doit faire baisser les loyers". Il s'agit, explique-t-il, d'organiser "un choc d'offre".
La logique d'Emmanuel Macron est simple: le président estime que l'APL, versée par la CAF ou la MSA (le régime de sécurité social des agriculteurs) et financée par l'Etat et le régime de prestations familiales gonfle artificiellement le niveau des loyers. Les locataires qui bénéficient de cette aide paient finalement un loyer surévalué alors que le simple jeu de l'offre de logement et de la demande (et surtout des "moyens financiers" des demandeurs en question) générerait un point d'équilibre, donc un loyer, plus bas. Or, si la logique macroéconomique est exacte, elle risque de mettre du temps à se produire par rapport à la baisse des APL qui, elle, est immédiate (elle rentrera en vigueur dès le mois d'octobre). Dans l'intervalle, les allocataires subissent une perte pure et simple de leur pouvoir d'achat, ce que les opposants n'ont pas manqué de souligner en multipliant les annonces expliquant tout ce que l'on peut s'offrir avec 5 euros…
D'autant qu'il existe un précédent d'une politique publique, par voie législative celle-ci, qui visait à faire baisser le niveau des loyers: l'encadrement des loyers dans zones urbaines en tension. Mis en place à Paris dès le 1er août 2015 (il le sera aux 400 communes de l'agglomération parisienne dès 2018), il a fallu attendre plusieurs mois pour que les effets se fassent sentir. Et un an après la mise en place, 25% des logements en location ne respectaient pas le dispositif prévu. De plus, face à la baisse des loyers, plusieurs propriétaires ont plutôt choisi de vendre leur bien (et parfois mettre fin au bail) plutôt que de le louer à un tarif moins avantageux. Pas sûr que les locataires aient pu racheter les appartements ainsi mis sur le marché. La chose paraît encore moins probable si le phénomène se répète avec un public d'allocataires d'APL...
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