Prix du carburant : l'essence plus chère en 2018 ou en 1980 ?
Le 17 novembre prochain, un mouvement d'une ampleur difficile a estimer pourrait "bloquer" à l'appel de plusieurs initiatives lancées en ligne, avec un appel à manifester porte de Bercy à Pariss. La cause? La grogne croissante face aux prix des carburants qui augmentent sous le double effet de la hausse du baril et de la fiscalité écologique "assumée" par le gouvernement.
Pour les partisans de la contestation, l'essence ou le diesel, ce dernier n'étant plus considéré comme "économique", sont des dépenses contraintes dont la hausse impacte le pouvoir d'achat à un niveau inédit, à part peut-être en 2012 lorsque le baril atteignait des sommets.
Pourtant, y compris il y a une trentaine d'années, l'essence n'était déjà pas un produit bon marché et pesait sur le budget des ménages.
En apparence, bien sûr, il n'y a pas de comparaison possible en valeur absolue. Comme le rappelle les données de l'Insee (cités ici), un litre d'essence en euros constants (avec la marge d'erreur des disparités territoriales et des évolutions en cours d'année) coûtait 52 centimes d'euros en 1980 et un litre de diesel 40 centimes. Soit, à peine le tiers des prix à la pompe de 2018.
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Cependant si l'on rapporte le prix de l'essence au niveau du Smic de l'époque, qui augmentait d'ailleurs rapidement (+10% sur l'année) –environ 2,25 euros net de l'heure (14,76 francs) – une heure de travail au salaire minimum permettait d'acquérir 4,3 litre d'essence et 5,6 litres de diesel. Au niveau du Smic horaire net actuel (7,61 euros) et aux prix de l'essence et du diesel, le niveau est autour de cinq litres pour les deux carburants dont les niveaux se rapprochent. Autrement dit le pouvoir d'achat en presque 40 ans n'a pas changé pour les salariés français.
Autre élément permettant de relativiser la situation: l'efficacité énergétique des voitures d'aujourd'hui qui consomment globalement moins d'essence. Selon les estimations de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), et du Comité des constructeurs français d'automobile (CFA) la consommation des véhicules a baissé de 0,5 litre à 2,5 litres pour 100 kilomètres.
Mais ces chiffres plus avantageux que le ressenti sur la situation réelle ne passent pas auprès du grand public qui n'a pas d'autres choix que de prendre son véhicule. La faute probablement à deux éléments: primo, une hausse de l'essence doublée d'une fiscalité qui rend sur le court terme la dépense plus lourde à supporter que ces deux dernières années où les tarifs étaient avantageux, secundo, un étalement urbain (déjà noté par l'Insee en 2010) qui force les personnes habitant en zone périurbaines à prendre de plus en plus leurs voitures, a fortiori dans un couple où les deux travaillent et ont besoin d'un véhicule. De nouveaux modes de vie tout aussi subis que la hausse du prix de l'essence… et qui s'avèrent peut-être plus influents que le prix du baril où la main de Bercy.
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