La BCE devrait confirmer son choix de poursuivre l'assouplissement monétaire
Inflation désespérément basse, croissance et crédits poussifs: la Banque centrale européenne (BCE) devrait au moins réaffirmer jeudi sa volonté d'agir pour aider l'économie, estiment des experts dont beaucoup n'excluent pas de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire.
Si aucun économiste ne mise sur une baisse de taux directeurs, déjà à leur plus bas niveau historique, nombre d'entre eux anticipent un nouvel élargissement du programme d'assouplissement monétaire, dit "QE" (Quantitative easing), ces rachats massifs de dettes sur les marchés effectués depuis mars 2015.
"Nous prévoyons une prolongation de six mois jusqu'à fin septembre 2017 des mesures de QE", indique ainsi Johannes Mayr, de BayernLB.
Le conseil des gouverneurs, l'organe exécutif de l'institution, indiquerait ainsi "que le soutien actuel de la politique monétaire à la conjoncture et l'inflation sera conservé de manière durable", poursuit-il. Un effet rassurant dont les marchés ont besoin.
La BCE pourrait aussi assouplir les règles qu'elle s'impose pour l'achat de ces titres de créances, afin d'éviter qu'ils ne deviennent denrée rare, pensent de nombreux économistes. Elle en achète pour 80 milliards d'euros par mois, via les banques centrales nationales.
La croissance de l'économie dans les 19 pays de la zone euro reste apathique. L’Allemagne, première économie du bloc européen, s'achemine vers un ralentissement de son économie comme en témoignent la chute inattendue de la production et une hausse moins forte que prévu des commandes industrielles en juillet, annoncées cette semaine.
L'inflation, affectée depuis des mois par la chute des prix du pétrole, a stationné à 0,2% en août dans la zone euro, bien loin de l'objectif de stabilité des prix d'un peu moins de 2% de la BCE.
Mais l'ensemble des statistiques publiées cet été "sont trop peu concluantes pour justifier toute nouvelle action" dès jeudi, estime l'économiste en chef d'ING-Diba, Carsten Brzeski.
Cela devrait se refléter dans les nouvelles prévisions trimestrielles de la BCE. Le cataclysme post-Brexit tant redouté n'a pour le moment pas eu lieu et l'estimation de croissance pour 2017 ne devrait être révisée qu'en légère baisse comparé à juin (1,7%).
Peter Praet, membre du directoire, a d'ailleurs souligné récemment "les signes de résistance encourageants" de l'économie après le vote surprise de la Grande-Bretagne en faveur d'une sortie de l'Union européenne fin juin.
Côté inflation, les économistes oscillent entre une très modeste révision à la baisse voire aucun changement par rapport au 1,3% prévu en 2017.
"La BCE a déjà fait beaucoup, il n'y a presque plus rien qu'elle puisse faire", juge Johannes Gareis, de Natixis.
En mars, elle avait sorti son "bazooka monétaire", ramenant le principal taux directeur à 0%. Le taux de prêt marginal était resté à 0,25% et le taux de dépôt à -0,40%.
Elle avait aussi décidé une extension du volume de son programme d'achats de dettes de 60 à 80 milliards d'euros par mois, des rachats d'obligations d'entreprises et de nouveaux prêts géants aux banques.
La BCE "a besoin de conserver des munitions" au cas où la situation se dégraderait franchement d'ici la fin de l'année, argumente l'économiste de Natixis.
Mais un nouvel assouplissement n'est qu'une question de temps et le président Mario Draghi ne devrait pas manquer de réaffirmer jeudi "la disponibilité, la volonté et l'aptitude" de la BCE à agir si nécessaire.
Holger Schmieding, de Berenberg, estime que la BCE attendra sa réunion de décembre avant de passer à l'action, car "elle aura une idée bien plus claire de l'impact à moyen terme du Brexit".
Les élections américaines et le référendum constitutionnel en Italie en novembre, qui pourrait entraîner la chute du gouvernement italien Matteo Renzi (centre gauche), sont aussi, selon lui, des "facteurs de risque" qui devraient l'encourager à attendre.
La décision sur la politique monétaire doit être annoncée à 11H45 GMT et Mario Draghi tiendra une conférence de presse à 12H30 GMT.
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