Snapchat : des messages éphémères et deux jeunes milliardaires

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 01 mars 2017 - 19:12
Mis à jour le 02 mars 2017 - 00:34
Image
Snapchat, qui devrait entrer en Bourse cette semaine, est devenue en quelques années un phénomène de
Crédits
© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
Snapchat, qui devrait entrer en Bourse cette semaine, est devenue en quelques années un phénomène de société.
© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives

Snapchat, qui va entrer en Bourse jeudi, est devenue en quelques années un phénomène de société avec ses messages qui disparaissent, propulsant au passage ses cofondateurs, Evan Spiegel et Bobby Murphy, parmi les plus jeunes milliardaires de la planète.

L'entreprise a fixé à 17 dollars le prix de chacune des 200 millions d'actions qui commenceront à s'échanger jeudi sur le New York Stock Exchange, ont indiqué les médias financiers américains mercredi soir. Elle se voit en conséquence valorisée à quelque 24 milliards de dollars.

L'histoire de l'entreprise, désormais appelée Snap, partage avec les légendes de la Silicon Valley l'emballement des investisseurs ainsi qu'une part de controverse dans la paternité de son produit vedette, comme en leur temps Facebook ou Twitter.

Snap est toutefois basée loin de la Silicon Valley, sur la plage touristique de Venice à Los Angeles, et l'image projetée par Evan Spiegel, son patron de 26 ans, n'a rien à voir avec celle d'un "geek".

Les médias se sont étendus sur l'enfance dorée du jeune Spiegel dans le quartier chic de Pacific Palisades, ses courriels graveleux et ses énormes fêtes d'étudiant, ou encore sa célèbre fiancée, la mannequin Miranda Kerr. D'après des détails tirés des papiers du divorce de ses parents, deux avocats, il aurait notamment expliqué à son père avoir besoin à 17 ans de près de 2.000 dollars par mois pour ses dépenses courantes, et aurait joué ses parents l'un contre l'autre pour remplacer sa Cadillac par une BMW.

Lors d'une conférence en 2013 à l'université de Stanford, Evan Spiegel reconnaissait faire partie des privilégiés. "Je suis un homme jeune, blanc, éduqué. J'ai été très, très chanceux", indiquait-il, ajoutant que pour réussir, "il ne s'agissait pas de travailler dur; il fallait exploiter le système". Et d'expliquer comment des connexions familiales lui avaient permis d'assister à des cours à Stanford où intervenaient des célébrités de la Silicon Valley, et d'obtenir ainsi un emploi chez l'éditeur de logiciels Intuit.

Ses autres expériences professionnelles, éclectiques, comptent un stage chez RedBull, de l'informatique biomédicale dans un laboratoire, de l'enseignement au Cap et un diplôme de design à Stanford.

- Genèse controversée -

Si Evan Spiegel est le visage public de Snap, Robert "Bobby" Murphy est souvent décrit comme son cerveau. Le directeur technique de Snap a 28 ans, et il est crédité pour le programme de Snapchat. Très peu de détails ont filtré sur lui, mais d'après Forbes, ses parents étaient fonctionnaires et sa mère originaire des Philippines.

La version officielle veut qu'Evan Spiegel et Bobby Murphy se soient liés d'amitié dans la confrérie Kappa Sigma de Stanford et aient inventé ensemble Snapchat. "Nous avons juste pensé que ça pourrait être cool de faire disparaître des photos", expliquait Evan Spiegel en 2013.

Un troisième membre de Kappa Sigma, Reggie Brown, a toutefois revendiqué la paternité de l'idée initiale, du logo en forme de fantôme et du nom original de l'application, Picaboo, intentant un procès aux deux autres pour l'avoir évincé.

Une allusion à l'affaire subsiste dans le projet d'entrée en Bourse: Snap dit avoir versé 157,4 millions de dollars en 2014 à un "individu" non identifié, pour solder un litige judiciaire sur des questions de propriété intellectuelle.

Entre-temps, Evan Spiegel et Bobby Murphy ont refusé les 3 milliards de dollars que Facebook proposait en 2013 pour racheter l'entreprise.

Forbes évalue aujourd'hui leur fortune à 4 milliards de dollars chacun. L'entrée en Bourse ne réduira pas leur contrôle sur l'entreprise: les actions proposées aux investisseurs sont sans droit de vote.

- Un modèle durable? -

"Picaboo" est lancé en 2011, rapidement rebaptisé Snapchat, et devient populaire d'abord dans les écoles. L'application dépasse son premier million d'utilisateurs quotidiens en 2012, puis 50 millions en 2014 et 100 millions en 2015. Fin décembre 2016, elle émargeait à 161 millions.

Le projet d'introduction en Bourse parle toujours de "sexting" (ou "sextos"), mais pour affirmer que l'application sert "pour bien davantage". Désormais, Snap dit vouloir "réinventer la caméra" et vend aussi des lunettes.

L'entreprise affirme pouvoir générer des revenus "sains" et "durables" grâce à la publicité pour une tranche d'âge convoitée: les 18-34 ans, qui constituent la majorité des utilisateurs de Snapchat.

Elle reconnaît toutefois n'avoir aucune garantie de séduire des publics plus âgés, à commencer par ses futurs investisseurs: lors de la tournée de présentation précédant l'entrée en Bourse, certains ont émis des doutes sur ses perspectives et elle a dû prévoir une vidéo pour tout leur expliquer du fonctionnement de son application vedette.

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.