Thomas Pesquet, un "explorateur" prêt à repartir un jour dans l'espace
Après six mois à "flotter comme un papillon" dans la Station spatiale internationale, l'astronaute Thomas Pesquet a redécouvert le plaisir de prendre une douche et de manger du fromage mais son tempérament d'"explorateur" le conduit à penser déjà à de nouvelles missions spatiales.
"La chance, à l'Agence spatiale européenne, c'est qu'on a beaucoup de missions dans l'espace", a-t-il estimé mardi lors d'une conférence de presse au Centre européen des astronautes (EAC) à Cologne (Allemagne).
"On peut peut-être imaginer que je retournerai dans l'espace assez rapidement. Cela fera un nouveau challenge", a-t-il ajouté.
L'astronaute, qui est rentré sur Terre vendredi, a redit qu'il allait "très bien".
Après 200 jours dans l'espace, le Français et le Russe Oleg Novitski ont atterri sans problème dans les steppes du Kazakhstan.
A l'ouverture de la capsule, Thomas Pesquet a eu comme "une overdose de sensations", avec "les odeurs de la steppe, de l'herbe un peu mouillée". Les couleurs aussi étaient plus fortes, comme "si on avait tourné le contraste de la télévision au maximum".
"Je sentais même le savon, le déodorant des gens venus nous chercher", dit en souriant Thomas Pesquet, vêtu de la combinaison bleue des astronautes européens.
Quelques heures après son atterrissage, le Français est rentré par avion à Cologne où sa compagne l'attendait.
"Le retour a été un peu difficile au début. Après six mois à flotter comme un papillon dans l'ISS, retrouver la gravité, c'est difficile. L'équilibre est un peu modifié".
"Mais on se réhabitue assez vite. Au bout de douze heures, j'étais fonctionnel. Je pouvais marcher, monter les escaliers, tourner, mettre mes chaussettes tout seul".
A Cologne, il a retrouvé le goût du fromage qui lui manquait. Et il s'est offert une douche de dix minutes, après en avoir été privé pendant six mois.
- Décision 'irresponsable' -
Mais "la sensation de flotter, de légèreté me manque", confie-t-il. "C'est une sensation de liberté totale".
Dans l'ISS, où règne l'apesanteur, "on peut s'envoyer un équipement de 500 kilos en le poussant du bout du doigt".
Après l'atterrissage, "j'avais l'impression que j'avais des élastiques accrochés au bras et que chaque fois que je levais le bras c'était comme tirer sur un gros élastique".
Thomas Pesquet (39 ans) ne s'"inquiète pas" pour sa santé. Il "ne pense pas avoir des séquelles permanentes" de son premier séjour dans l'espace. "J'ai la chance d'être assez jeune".
Les effets sur la masse musculaire et la densité osseuse se résorbent "assez bien". Il précise avoir fait des tests de vision qui montrent qu'elle n'a pas changé.
L'astronaute ne compte "pas retourner tout de suite dans l'espace". "Il va falloir en parler avec ma compagne en premier lieu" et "me remettre en forme".
Mais repartir un jour "dans l'espace, oui; aller de plus en plus loin, oui. On a ce côté explorateur dans le corps des astronautes".
"Quand il faudra aller plus loin, on lèvera tous la main en même temps". "Ce qui compte c'est que l'on continue l'exploration spatiale, c'est qu'on aille sur Mars, que ce soit moi ou quelqu'un d'autre".
Thomas Pesquet n'oublie pas pour autant la Terre et sa "fragilité". "Quand je vois la décision du président américain (...) de sortir de l'accord de Paris, je pense que c'est irresponsable", a-t-il estimé.
Il s'étonne que certains puissent lui "reprocher de ne pas avoir fait assez de photos de zones de conflits". "J'ai essayé d'en faire. Mais on ne m'a pas envoyé pour ça".
"Je ne suis pas reporter, ni même photographe professionnel. J'ai essayé de faire de mon mieux". Au sol, certains peuvent "se servir de ces photos s'ils veulent pour faire passer des messages".
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