Veaux, vaches, cochons et coups de pression : la cause animale à l'Assemblée

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Par Charlotte HILL - Paris (AFP)
Publié le 28 mai 2018 - 15:44
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Images de cochons suspendus dans l'abattoir municipal d'Alès prises par l'association L214, le 14 octobre 2015
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© - / COURTESY OF L214 VIA YOUTUBE/AFP/Archives
Images de cochons suspendus dans l'abattoir municipal d'Alès prises par l'association L214, le 14 octobre 2015
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Veaux, vaches, cochons ou poules et "50 mails par heure": temps fort ces derniers jours à l'Assemblée nationale sur la cause animale, qui s'invite dans le débat politique, avec associations et stars en soutien face à des éleveurs éberlués.

Le sujet du bien-être animal, inclus dans un volet du projet de loi agriculture et alimentation, et auquel le ministre Stéphane Travert s'est dit "particulièrement attentif", a été propulsé au devant de la scène ces dernières années par la diffusion de vidéos choc.

Ces derniers jours, pour peser sur les débats en première lecture, des célébrités sont venues en renfort, telles Brigitte Bardot et Sophie Marceau. La première a plaidé pour la vidéosurveillance dans les abattoirs avec des images de cochons ou moutons égorgés. La seconde a interpellé, vidéo de l'association L214 à l'appui, les députés sur le "supplice vécu chaque année par 33 millions de poules pondeuses" en cage.

Sur les réseaux sociaux, les associations ont interpellé les élus avec des messages en cascade: "J'attends de (Untel, NDLR) des actions contre la #SouffranceAnimale".

Le sujet s'est aussi invité samedi dans les manifestations contre la politique du gouvernement avec, par exemple, des pancartes "libérez les poules ou on vous casse les œufs" d'EELV.

Les députés sont "inondés de mails", selon Marc Fesneau (MoDem). Le vice-président du groupe LREM Gilles Le Gendre a fait état de "50 mails par heure" sur le bien-être animal, qui suscite une "sensibilité aiguë" au sein de son groupe.

- "Reniement" -

L'Assemblée a donné son feu vert à un doublement des sanctions en cas de mauvais traitements sur les animaux (portées à un an d'emprisonnement et à 15.000 euros d'amende), et à la création d’un nouveau délit visant à réprimer les mauvais traitements commis dans les transports et les abattoirs.

Des amendements d'Insoumis, de LR ou de non-inscrits visant à interdire la castration à vif des porcelets, le broyage des poussins mâles, les cages pour l'élevage des lapins et encore les "fermes-usines" ont été rejetés.

L'interdiction de l’installation de tout nouvel établissement d’élevage de poules pondeuses en cage a en revanche recueilli l'unanimité.

Mais, au grand dam de plusieurs députés y compris LREM, aucune date d'interdiction pour la vente des oeufs de poules en cage n'a été fixée, alors que le candidat Macron s'y était engagé pour 2022. Stéphane Travert a rappelé l'"engagement" de la filière en faveur de 50% d'oeufs coquilles issus d'élevages alternatifs à cet horizon.

Des flots de tweets critiques de militants de la cause animale ont accueilli dans la nuit le vote d'une simple expérimentation de la vidéosurveillance dans les abattoirs, alors que le candidat Macron avait laissé entendre qu'elle serait obligatoire, dans la lignée d'une proposition de loi d'Olivier Falorni votée par l'Assemblée (mais pas définitivement) en janvier 2017.

"Régression et reniement", a accusé sur Twitter le député. L'Assemblée nationale "préserve l’opacité des abattoirs", a critiqué L214.

Pour le CIWF, association dédiée au bien-être des animaux d'élevage, globalement "les députés sont restés frileux" et l'heure est aux "demi-mesures". "L'interdiction des élevages de poules en cage pour les nouveaux élevages est symboliquement importante" a admis une responsable, Claire Hincelin, "mais rien n'est fait pour les 33 millions de poules en cage actuellement".

Devant les campagnes de militants aguerris aux réseaux sociaux, et souvent, comme pour L214, vegans et partisans d'une abolition pure et simple de l'élevage, la présidente de la FNSEA, le premier syndicat agricole, s'est déclarée "inquiète" du ton pris par le débat.

Il émane souvent de gens "loin de l'agriculture et de ses réalités" qui "ne tiennent pas du tout compte des difficultés actuelles des éleveurs", a-t-elle dit à l'AFP.

"Heureusement, l'amendement sur l'interdiction des lapins en cage a été repoussé. La France ne produit déjà que 30% des lapins qu'elle consomme. Avec un tel amendement, c'était la voie ouverte aux lapins chinois, qui eux, arrivent sans aucun détail sur leur mode d'élevage" a-t-elle dit à l'AFP.

Optimiste, Pascal Canfin, directeur-général de WWF, a voulu voir dans l'expérimentation des caméras dans les abattoirs une possible "avancée culturelle", en notant que "ce n'était pas du tout un sujet il y a encore 6 à 12 mois".

chl-sac-reb-im/mat/mm

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