Viande polonaise frauduleuse : au moins 150 kg vendus aux consommateurs en France

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Par Jean LIOU - Paris (AFP)
Publié le 02 février 2019 - 00:24
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Quelque 150 kilos de viande issus d'animaux abattus frauduleusement en Pologne ont été vendus au consommateur français, notamment en boucherie, selon les autorités sanitaires qui cherchaient encore vendredi une quantité équivalente.

Les boucheries concernées ont mis en place des affichettes pour prévenir leurs clients, a indiqué vendredi soir le ministère de l'Agriculture, qui note que la grande distribution n'est "à ce stade" pas concernée.

Mais si 500 kg de cette viande polonaise introduite en France ont été parallèlement retrouvés et détruits, les services sanitaires cherchent encore environ les 150 kg restants.

Selon Varsovie toutefois, la viande en question ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs.

Le parquet d'Ostroleka, au nord-est de la Pologne, avait annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête sur l'abattage et la commercialisation de bovins malades par un abattoir local, suite à un reportage télévisé d'un journaliste de la télévision privée TVN24 qui s'était fait embaucher dans ce site.

L'enquête du journaliste a révélé que des marchands proposaient par petites annonces d'acheter des vaches malades, pour un prix très inférieur à celui des animaux sains. Des images de TVN24 montraient que des vaches paraissant très affaiblies étaient abattues de nuit dans l'abattoir en question, échappant ainsi aux contrôles vétérinaires officiels effectués de jour.

Selon l'Inspection vétérinaire polonaise, 2,7 tonnes de cette viande ont été vendues dans treize pays membres de l'Union européenne --Allemagne, Espagne, Estonie, Finlande, France, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Portugal, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Suède--, tandis que 7 tonnes ont été distribuées dans une vingtaine de points de vente en Pologne.

Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a indiqué vendredi matin que 795 kg avaient été achetées par "neuf entreprises" du secteur agroalimentaire en France, estimant sur CNews qu'elles avaient été "dupées".

- "fraude terrible" -

Les directions départementales en charge de la protection des populations (DDPP) ont mené l'enquête dans les neuf établissements ciblés, qui "pour la plupart n'exercent qu'une activité de négoce sans manipulation des viandes" selon le ministère.

Le ministère a indiqué avoir eu connaissance du scandale "par la presse", avant d'avoir été informé par le Réseau d'alerte européen (RASFF) de l'étendue du problème.

"C'est une fraude terrible, une fraude économique, une fraude sanitaire d'un abattoir polonais", a jugé le ministre français.

"Je m'engage à informer en toute transparence de l'état d'avancement des investigations. La rapidité avec laquelle les investigations sont menées souligne l'efficacité de notre dispositif de traçabilité et de contrôle sanitaire en France", a-t-il déclaré vendredi soir, cité dans un communiqué.

Le Commissaire européen à la Santé et à la sécurité alimentaire Vytenis Andiukaitis a annoncé une inspection en Pologne la semaine prochaine et appelé les autorités polonaises à assurer le respect des normes européennes.

Selon le ministre Polonais de l'Agriculture Jan Krzysztof Ardanowski qui a reconnu la fraude, il s'agit d'un "incident isolé".

"Nous avons affaire à une pathologie: sur un site, des vaches malades étaient abattues à l'insu et sans le feu vert des vétérinaires", a-t-il indiqué à la chaîne publique TVP Info.

De 80% à 90% de la production polonaise de viande de boeuf sont exportés, surtout vers d'autres pays de l'Union européenne.

En France, l'association de consommateurs UFC Que choisir a demandé que soient révélés "les marques, produits et numéros de lots" des produits éventuellement concernés et recommandé aux consommateurs lors de leurs achats de produits à base de viande bovine (plats cuisinés, pâtes et sauces contenant de la viande, conserves...), de "privilégier ceux mentionnant explicitement le pays précis d'origine dans la liste des ingrédients (hors Pologne), plutôt que ceux qui utilisent la mention opaque +UE+ (Union Européenne)".

Soulignant que l'alerte sanitaire concerne 13 pays de l'UE, l'ONG Foodwatch a critiqué pour sa part "l'opacité" des scandales alimentaires pour les consommateurs.

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