Interpellé sans motif valable le 1er mai, Ilan (17 ans) témoigne : "On m'a caché la tête comme si j'étais un grand terroriste"
ENTRETIEN ESSENTIEL - En marge d'une manifestation de contestation contre la loi retraites, des mineurs ont-ils subi une arrestation arbitraire et abusive ? Ilan Gabet, 17 ans, est lycéen. Il se présente comme "un militant actif dans la défense des droits humains et fervent défenseur de la démocratie et des libertés fondamentales."
Le 1er mai dernier, en soirée, il se promène paisiblement aux alentours de la place de la République en compagnie de deux de ses amis. Vers 21 heures, à la sortie d'un fast-food, des forces de l'ordre décident d'interpeller les trois jeunes gens. Plaqué contre un mur, Ilan est menotté. "On décide arbitrairement de nous cacher le visage", dit-il. "On me cache la tête comme si j'étais un grand terroriste", s'indigne-t-il.
Les amis sont alors embarqués dans un fourgon, autour duquel la police installe un cordon de sécurité. Le capitaine jubile, selon Ilan, et le fait savoir : "C'est une bonne prise", lance-t-il. Motif de l'interpellation ? "Participation à un groupement armé", alors que, suite à une fouille de leurs sacs à dos, les jeunes gens ne disposent d'aucune arme sur eux... et sont mineurs.
Transféré dans une voiture, Ilan est molesté au bras longuement par un policier. "Pourquoi il fait ça ? C'est honteux", dit Ilan, affligé par ce comportement. Les menottes sont retirées. Le troisième jeune, âgé de 13 ans, est libéré avant que les deux amis restants soient transférés à Asnières (Hauts-de-Seine) à 23h30.
La tension demeure et de nombreuses scènes "ubuesques" vont encore se produire durant cette garde à vue qui se poursuit à l'hôpital pour qu'Ilan y reçoive des soins. Le lendemain, il est présenté à un OPJ, officier de police judiciaire.
Le lycéen va porter plainte contre la police qui l’a interpellé sans motif valable, d'après lui. Il veut que "justice soit faite" et rappelle, doctement, qu'une arrestation arbitraire peut entraîner "une condamnation à 7 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende, selon 432-4 du code pénal".
"On est en République. On ne peut pas faire ce genre de chose. Je suis attaché à l'État de droit", affirme Ilan.
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