Reportage : un 1er-Mai "chamailleur" à Paris
EN IMMERSION - Lundi 1er mai 2023 à Paris, lors de la traditionnelle manifestation intersyndicale célébrant la fête du Travail, de nombreuses violences ont opposé, à l'avant du cortège, forces de police et éléments les plus radicaux. Une situation qui, sans apaisement politique, est condamnée à se répéter et à empirer.
- Plongez en immersion à l’avant du défilé parisien du 1er mai 2023 grâce à ce reportage exclusif pour France-Soir.
Chaque année, le 1er-Mai est une date référence pour tout militant de gauche : selon les contextes, la grande mobilisation organisée par les syndicats est appelée à rencontrer plus ou moins de succès avec, par moments, des éditions plus violentes que d’autres.
À ce titre, l’année 2019 avait été extrêmement dense. D’un côté, de violents affrontements entre manifestants et forces de police avaient rythmé la journée de mobilisation tandis que, de l’autre, Christophe Castaner choisissait d’enflammer les débats publics.
Le ministre de l’Intérieur de l’époque affirmait que l’hôpital de la Pitié-Salpétrière avait été attaqué par des éléments radicaux issus d’un black bloc… alors qu’il s’agissait, en réalité, de manifestants terrorisés par les méthodes du maintien de l’ordre imposées par Castaner à la police.
L’année suivante, en 2020, pendant la pandémie et dix jours avant la fin du confinement, face à l’absence contrainte de mobilisation dans les rues, Emmanuel Macron se voulait optimiste. Il déclarait espérer pouvoir retrouver "dès que possible les 1er mai joyeux, chamailleurs parfois, qui font notre Nation".
Si en 2021 et 2022 les 1ers mai ont été, dans l’ensemble, plutôt "joyeux", celui de cette année s’annonçait, en revanche, beaucoup plus "chamailleur" !
La faute à une période politique explosive autour de la réforme des retraites passée en force par l’exécutif, mais aussi aux affrontements du 25 mars 2023 à Sainte-Soline où un nombre considérable de blessures graves a été recensé, dont celle d’un manifestant, à l’état toujours jugé préoccupant, qui est sorti du coma la semaine dernière après un mois d’hospitalisation.
Pour ces deux principales raisons, en ce 1er-Mai de l'année 2023, le défilé parisien pouvait être envisagé de façon conséquente et signifiante.
Dans la capitale, la CGT a revendiqué 550 000 manifestants, contre 112 000 selon la préfecture de police de Paris. Et, comme à l’accoutumée lors des manifestations consacrées à la fête du travail, un black bloc s’est une nouvelle fois rapidement formé à l’avant du cortège, où se regroupe habituellement l’ensemble des manifestants non-syndiqués.
Dans une France socialement sens dessus dessous, voire à feu et à sang dans certains secteurs, ce black bloc aurait ainsi réuni, selon le ministère de l’Intérieur, environ 2000 individus déterminés à faire la démonstration de leur hostilité au pouvoir en place.
Objet de nombreux fantasmes, puisque mal identifié et peu identifiable pour tout individu extérieur à sa zone d’action, le black bloc est composé de différents profils sociologiques. Lors des manifestations de moindres importances, il regroupe principalement des collectifs antifascistes et des jeunes.
En revanche, lors de plus larges rassemblements, comme l’est habituellement le défilé syndical du 1er-Mai, des anarchistes, des libertaires, des autonomes, des gilets jaunes, mais aussi des citoyens sans étiquette particulière ou encore de simples étudiants, très actifs depuis quelques mois, viennent également renforcer les rangs de l’avant de la manifestation.
Tout au long de la journée de lundi, les mêmes scènes, déjà fréquemment observées au cours des années précédentes, ont une nouvelle fois rythmé cette journée : nuages de gaz lacrymogènes et vitrines cassées; charges violentes des gardes mobiles sur des manifestants et contre-attaques toutes aussi violentes de ces derniers sur les premiers… quand l’ordre des rôles n’était pas inversé.
Un affrontement aussi récurrent que sanglant, donc, qui semble toutefois avoir profité à l’exécutif puisque Gérald Darmanin ne s’est pas fait longtemps attendre avant de réclamer davantage de pouvoir législatif pour réprimer une insurrection sociale que son gouvernement a pourtant très largement enfanté.
De l’art de jeter de l’huile sur le feu afin d’en récolter quelques amers fruits politiques ?
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