"Entre l'Ukraine et la Russie, il y a un legs historique qui n'est pas réglé" Philippe Migault
Directeur du Centre européen d'analyse stratégique et spécialiste des questions de défense militaro-industrielles, Philippe Migault est venu sur le plateau de FranceSoir pour nous livrer son analyse sur le conflit russo-ukrainien, revenant pour cela jusqu'à ses origines. Il part d'un premier constat : "Je ne vais pas nier l'évidence : il y a un agresseur, la Russie, et un agressé, l'Ukraine. Maintenant, un agresseur peut malgré tout bénéficier de circonstances atténuantes et peut avoir eu le sentiment d'être lui-même agressé, et ainsi agir mal, sous le sentiment de la légitime défense et de l'inquiétude. Il faut repartir 30 ans en arrière pour comprendre les choses."
Par la suite, il prendra le temps d'évoquer l'indépendance et l'Ukraine, la réunification de l'Allemagne et la béatitude des politologues russes de l'époque. "À l'époque, les Russes avaient des étoiles plein les yeux et se voyaient en train de s'arrimer à l'Europe", nous explique Philippe Migault. Et d'ajouter : "Je rappelle qu'à l'époque, Mitterrand, Thatcher, et James A. Baker soutenaient cette vision d'une grande aire de prospérité et de sécurité de Vancouver à Vladivostok. [...] On est dans le meilleur des mondes."
Voir aussi : "Macron porte une lourde responsabilité": Yves Pozzo di Borgo sur le conflit Russie-Ukraine
Dans un ordre plus ou moins chronologique, il se penchera sur différents événements qui ont marqué l'évolution des relations internationales : attentats du 11 septembre 2001, conférence sur la sécurité de Munich de 2007, sommet de l'OTAN à Bucarest en 2008, proposition d'intégrer la Géorgie et l'Ukraine à l'OTAN, crise ukrainienne de 2013, alors que "les Ukrainiens sont courtisés par l'Union européenne et l'OTAN d'un côté, et la Russie de l'autre", la révolution de Maïden, etc.
Philippe Migault insistera sur un point particulier : le legs historique de l'Ukraine. En 1941, elle qui était "cisaillée entre le nazisme à l'Ouest et le soviétisme à l'Est, a choisi d'accueillir les nazis et s'est battue à leurs côtés contre l'armée rouge." Ainsi, nous explique-t-il, "lorsqu'elle a pris son indépendance plusieurs dizaines d'années plus tard, et que l'on a aperçu de nouveau des symboles nazis, les Russes se sont dits : c'est reparti..." Et à en croire les événements actuels et la durée du conflit, l'un et l'autre sont restés des peuples de combattants : "Aujourd'hui, des deux côtés, en termes de forces d'âmes, on a des gens qui sont des guerriers."
Enfin, le directeur du Centre européen d'analyse stratégique s'intéressera aux sanctions économiques que chaque pays peut infliger à l'autre, mais aussi et surtout à la capacité de résistance de chacun. Sur ce point, il insistera sur le fait que la Russie, comme l'Ukraine, est encore habituée aux périodes de crises et de pénuries, tandis que l'Europe, depuis 1945, a connu une "ère de prospérité comme il n'y en a quasiment jamais eu."
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