"Un jour… j’irai à Détroit", une pièce de théâtre qui revient sur des événements tragiques moins connus de la Seconde Guerre mondiale

"Un jour... j'irai à Détroit" est une pièce de théâtre librement inspirée de faits historiques. Elle réunit trois soldats qui se rencontrent en prison après avoir refusé "d'obéir aux ordres". Stomy Bugsy, y incarne Djili Amacombi, un tirailleur sénégalais qui manifeste pour le paiement de sa paye. Il fait la connaissance de Marcel Brovant enfermé pour avoir refusé d'accepter de porter le pantalon maculé de sang d’un de ses camarades morts au combat, mais également d’Igor Latzig, un soldat américain qui a refusé de se battre et déserté les rangs.

Les auteurs de la pièce de théâtre ont choisi de revenir sur plusieurs épisodes moins connus de la Seconde Guerre mondiale. Parmi ces événements, le massacre de Thiaroye survenu, le 1ᵉʳ décembre 1944, dans un camp militaire de la périphérie de Dakar au Sénégal. Que s’est-il passé ce jour-là ? Des gendarmes français tirent sur des tirailleurs sénégalais, anciens prisonniers de la Seconde Guerre mondiale, rapatriés. Une tuerie déclenchée suite à la demande de certains du versement de leurs indemnités qui leur avait été promis plusieurs mois avant. 

Les auteurs de la pièce ont choisi de travailler à partir du point de vue de l’historienne Armelle Mabon. Cependant, si la tuerie est avérée, il existe des controverses sur le bilan officiel et les conditions dans lesquelles ces faits se sont déroulés. Différent du point de vue d'Arielle Mabon, celui de l’historien Martin Mourre qui a consacré une thèse de doctorat sur le sujet, met en exergue les incohérences des rapports administratifs. 

Pour l’historien, « le nombre exact de tués ne sera probablement jamais connu » ; la présence de deux bilans officiels différents, l’un faisant état de 35 morts, l’autre de 70 morts, montre qu’au moins un des deux est faux. Cependant, contrairement à Armelle Mabon qui avance le chiffre de 300 à 400 morts, l’historien ne donne aucun chiffre définitif. Il écrit néanmoins que plusieurs centaines de personnes auraient pu avoir péri dans cette tuerie.

Par ailleurs, l’historien Julien Fargettas, critique les thèses Armelle Mabon, en affirmant que « l’omission d’autres archives et témoignages, des conclusions hâtives et autres raccourcis incohérents, témoignent de la partialité de ce travail ». 

Au-delà de l’émotion qu’un événement historique peut susciter, au-delà de la qualité du travail artistique présenté, il nous a paru important d’informer le lecteur que les artistes ont choisi de travailler à partir du point de vue d’Armelle Mabon afin que ce dernier ait pleinement conscience qu’il en existe d’autres sur ce sujet délicat où beaucoup de zones d’ombre subsistent encore aujourd’hui.

La pièce écrite par Gilles Duarte et David Déclos a été mise en scène par Dominique Coubes. Elle est interprétée par les comédiens, David Desclos, Cyril Guelle et Stomy Bugsy, ancien membre de Ministère A.M.E.R, groupe de rap à succès dans les années 90-2000.  

La pièce « Un jour... j’irai à Detroit » est jouée au théâtre du Gymnase, tous les vendredis à 21 h 30, jusqu'à la fin décembre.