Le Parc national des calanques veut "aller vite" face à la surfréquentation
Embouteillages monstre, stationnement anarchique, piétinement de milieux naturels fragiles, plages bondées et déchets semés ça et là: victimes de son succès encore accentué par la crise sanitaire et le confinement, le Parc national des calanques veut lutter et "aller vite" contre la surfréquentation.
L'Union internationale de conservation de la nature (UICN) expliquait récemment comment la pandémie avait mis à mal les efforts de protection de la nature à travers le globe.
Ce fut particulièrement le cas autour de la Méditerranée et dans le Sud de la France, avec une hyper-fréquentation l'été dernier à la sortie du premier confinement dans le parc régional du Verdon ou dans les Parcs nationaux de Port-Cros et des calanques.
"Les chiffres dans les calanques sont impressionnants et peut-être un peu plus forts qu'ailleurs parce qu'on est près d'une grande ville", souligne auprès de l'AFP François Bland, directeur de ce site naturel situé entre Marseille et Cassis, où se succèdent des criques rocheuses baignées par la Méditerranée.
Il se souvient des files d'attente pour accéder à l'eau dans la calanque d'En-Vau, où jusqu'à 1.200 personnes se sont entassées sur une plage étroite, ou du ballet incessant des bateaux: au Cap Croisette à la sortie de Marseille, il en passait un toutes les 12 secondes.
Au total en 2020, le Parc estime avoir reçu quelque trois millions de visiteurs, contre deux à trois millions un an plus tôt.
Cette surfréquentation crée des phénomènes de piétinement de milieux naturels fragiles et d’érosion, les ancres des navires détruisent les herbiers de posidonie, sans parler des déchets laissés par les visiteurs ou de la dégradation des qualités des eaux.
"Il faut aller vite: l'idée c'est de modifier les usages en changeant les habitudes du public et en prenant des mesures réglementaires", estime François Bland.
A la mairie de Marseille, dirigée désormais par le Printemps marseillais, une large union des partis de gauche, on estime que le problème n'est pas nouveau: "Il est temps que le parc se saisisse du problème", explique à l'AFP Yannick Ohanessian, adjoint au maire en charge de la sécurité et responsable à ce titre des questions de voirie aussi.
- Stop aux voitures -
Le parc a donc entamé une cure de "démarketing" et n'hésite plus désormais à publier des photos de plages bondées sur son site ou d'embouteillage pour dissuader le visiteur. Car "les calanques, ça se mérite", insiste son directeur, avec des marches d'approche avant la baignade.
Il souhaite aussi la promotion d'espaces naturels alternatifs proches pour mieux répartir le public.
Mercredi, le Conseil d'administration est allé plus loin en décidant par exemple l'expérimentation d'une communication en temps réel sur certains sites afin d'inciter les visiteurs à faire demi-tour. L'idée de quotas pour limiter l'accès à certaines parties du parc n'est pas actée mais sera étudiée.
En mer, les kayaks ne pourront plus débarquer sur les corniches de lithophyllum, des algues roses-blanches qui forment des trottoirs naturels.
Le mouillage des bateaux va être interdit dans certaines calanques et mieux organisé afin de préserver la posidonie, plante endémique de Méditerranée indispensable à l'écosystème marin.
Enfin, des sentiers seront aménagés afin d'éviter la dispersion hors-sentiers.
Il faut également faire reculer la voiture, favoriser les transports en commun et le vélo. Sur ce sujet, le parc insiste dans un communiqué sur "l'urgence d'agir" avant l'été.
"La nécessité de réguler l'accès en voiture au parc est un constat partagé", abonde la présidente LR de la métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, dans une déclaration transmise à l'AFP.
Sa méthode: avant d'augmenter l'offre de transport, très insuffisante, il faut lutter contre le "stationnement anarchique". Elle propose donc la construction d'un parking-relais sur un site industriel (Legré-Mante), juste avant le quartier des Goudes mais l'idée divise car il est très proche de l'entrée du parc.
"Le parc et la métropole doivent prendre leurs responsabilités: si on veut moins de circulation, il faut des transports en commun", réagit de son côté Yannick Ohanessian, qui estime que la ville met déjà "des moyens considérables" pour le gardiennage des routes d'accès, interdites aux voitures l'été et les week-ends de mai, juin et septembre.
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