"Ca se radicalise" : 1er Mai musclé à Paris
Des militants d'ultra-gauche avaient promis "une journée en enfer". Dégradations, voitures brûlées, jets de projectiles, manifestants contraints de faire demi-tour: le défilé parisien du 1er mai a rapidement tourné mardi à l'affrontement violent entre "black blocs" et forces de l'ordre.
Place de la Bastille, il est 15H30 et le cortège syndical piétine. Plus loin, sur le pont d'Austerlitz, 14.500 activistes, dont 1.200 "black blocs" selon la préfecture de police, prennent la tête de la manifestation.
Encagoulés et vêtus de noir, certains casqués et masqués, les plus radicaux progressent par à-coups derrière des banderoles "Sous les Kway la plage", "Cette fois on s'est organisé", "Premiers de cordée, premiers guillotinés", et scandent, poings levés, "Tout le monde déteste la police" ou "Paris, debout, soulève toi".
Un collectif "antifasciste et anticapitaliste", proche de l'extrême gauche, (le "Mili", pour mouvement inter-luttes indépendant) avait lancé un appel général sur Facebook à "faire vivre une journée en enfer" à Emmanuel "Macron et son monde".
Une fois la Seine traversée, ce cortège trouve sa première cible, un restaurant McDonald's, dont les vitres ont été cassées à coups de pierres et marteaux. Plusieurs engins incendiaires sont jetés à l'intérieur et les pompiers interviennent pour empêcher un départ de feu.
A l'arrière, le cortège traditionnel, qui compte 20.000 personnes selon les autorités, emprunte alors un itinéraire bis dans une grande confusion, à la demande des autorités. Ils parviendront à rejoindre la Place d'Italie, leur objectif final, qui a été dispersée peu après 19H00.
Abribus saccagés, panneaux publicitaires et vitres de restaurants brisées: les militants, munis de marteaux, poursuivent leur progression aux cris de "Nous sommes tous antifascistes", non sans quelques frictions après des désaccords sur les cibles à attaquer. Certains font sauter les trottoirs à coups de pioches et font le plein de pierres en vue d'affrontements avec les CRS.
Ces derniers se trouvent alors à une centaine de mètres et font front à distance. "Quand les exactions ont commencé, il y avait au moins un millier de personnes entre eux (les black blocs, ndlr) et les forces de l'ordre. On ne pouvait pas intervenir", a justifié le préfet de police Michel Delpuech.
- "Pas assez organisés" -
Puis, une grande colonne de fumée noire s'élève dans le ciel: une voiture et un scooter s'embrasent devant une concession automobile, attaquée à son tour, après une pelleteuse de chantier mise à feu quelques minutes plus tôt.
"Laissez passer les pompiers!", hurlent plusieurs manifestants alors que les flammes grimpent et lèchent dangereusement la façade de l'immeuble d'habitation.
Ce sont finalement les forces de l'ordre qui, avec leurs canons à eau, interviennent pour éteindre rapidement l'incendie avant de diriger leurs puissants jets sur les manifestants venus au front pour les faire reculer. Les affrontements directs commencent.
Du mobilier urbain est arraché et des barrières de chantiers sont déplacées pour dresser des barricades en travers du boulevard de l'Hôpital afin de ralentir la progression des CRS et de leurs fourgons.
Rapidement, à grands renforts de grenades lacrymogènes, les militants vêtus de noir sont repoussés jusqu'au pont d'Austerlitz. "Avancez! Avancez!", crient les uns, les yeux rougis par les gaz. "Ne poussez pas!", hurlent d'autres, comprimés contre les murs par le mouvement de foule.
Celle-ci finira par rebrousser chemin jusqu'à la place de la Bastille, sauf 200 "black blocs" interpellés dans une rue adjacente, selon la préfecture de police.
"Ils nous ont repoussés jusqu'au point de départ. On a voulu monter le niveau aujourd'hui mais c'est un échec, on n'était pas assez organisé", regrette un membre du cortège de tête, le visage dissimulé derrière un masque de chantier. "Et le mouvement arrive trop tard, ça va être dur de faire retirer ne serait-ce qu'une loi!", ajoute-t-il, évoquant les réformes de la SNCF et de l'accès à l'université.
"Le +cortège de tête+ grossit, ça se radicalise, les gens en ont marre, car les syndicats démissionnent et Macron s'en fout, affirme un autre. On en a marre de ce système capitaliste qui détruit tout, de la répression policière brutale contre ceux qui s'y opposent. On veut un changement radical, qu'on écoute la société".
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