Au Bengladesh, la réparation illégale des batteries empoisonne le pays

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France-Soir
Publié le 31 décembre 2024 - 15:15
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Camion batteries
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DR - Pixabay
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Sous une tôle brûlante, des mains noircies par le cambouis réparent des batteries de voiture usagées. Bienvenue dans l’enfer silencieux des ateliers clandestins de récupération de plomb au Bangladesh, où des ouvriers s’intoxiquent quotidiennement, sacrifiant leur santé pour une poignée d’euros. 

Un reportage signé Reporterre nous fait voyager en enfer... "Parfois, il y a des éclaboussures lorsque je le fonds, plaisante Mohamad Islam, 21 ans, chalumeau à la main. Cela arrive que des batteries prennent feu, mais c’est mon boulot." Ce boulot, c’est manipuler à mains nues un des métaux les plus toxiques au monde.

Dans ces ateliers improvisés de Gazipur, le plomb est fondu à plus de 300 °C, dans des conditions sanitaires catastrophiques. Le processus libère des poussières métalliques qui contaminent à la fois l’air et les sols, exposant les travailleurs à des maladies chroniques et mortelles. "Aucun de mes salariés n’est malade", assure pourtant Nors Bromon, chef d’une fonderie illégale, cigarette à la main.

D'un autre côté, selon l’OMS, le plomb tue chaque année environ 30 800 Bangladais, provoquant saturnisme, infertilité et atteintes cérébrales. Loin des discours officiels, la tragédie se joue dans l’indifférence des autorités et la méconnaissance des ouvriers eux-mêmes.

Le marché noir prospère grâce à une demande massive de batteries d’occasion, bien moins chères que les neuves. Ces batteries usagées, issues de Chine, d’Allemagne ou encore de France, sont démontées et refondues sans aucun contrôle. L’ONG Toxics Link alerte : "Environ 118 000 tonnes de batteries au plomb sont jetées chaque année, polluant durablement les sols. Le gouvernement creuse sa propre tombe s’il ne régule pas." Reporterre, qui a enquêté sur place, confirme que cette économie souterraine gangrène à la fois la santé publique et l’environnement.

Pendant ce temps, des initiatives locales peinent à décoller. Si des usines officielles émergent, leur impact reste dérisoire face à l’ampleur du problème. La nuit tombée, les torches des ateliers clandestins brillent encore, éclairant une tragédie humaine et écologique que personne ne semble vouloir éteindre. Là-bas, le plomb tue tout en nourrissant les familles...

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