Charlottesville, bien contre son gré sous le feu des projecteurs
Bourgade historique et coquette au coeur de l'Etat américain de Virginie, Charlottesville est depuis récemment au centre d'une publicité dont elle se serait bien passée, tant elle s'estime à l'opposé des militants d'extrême droite venus deux fois y semer la controverse.
Cette ville universitaire de 50.000 habitants avait déjà vu débarquer le 8 juillet des dizaines de membres du Ku Klux Klan. Samedi, elle a vu se réunir des centaines de nouveaux manifestants radicaux, un rassemblement émaillé de violences qui ont fait un mort et de nombreux blessés.
Charlottesville doit sa récente irruption dans l'actualité à la seule présence dans l'un de ses jardins publics d'une imposante statue équestre du général Robert Lee (1807-1870), qui a dirigé les troupes confédérées des Etats esclavagistes pendant la guerre de Sécession.
En décidant par un vote démocratique en février de déboulonner ce monument, la municipalité était loin d'imaginer qu'il deviendrait un point de ralliement national des groupuscules radicaux, racistes et antisémites prônant la suprématie de la race blanche.
Quel contraste entre ces militants aux allures paramilitaires, débarquant de l'Amérique profonde dans leurs pickups, et les élégants bâtiments de brique rouge aux gazons soignés de Charlottesville ! Et quelle détresse pour ces habitants votant démocrate à une écrasante majorité de voir leur ville associée à des slogans xénophobes et sectaires !
"Ce n'est pas qui nous sommes. Nous adoptons des délibérations en faveur de l'accueil des immigrés, de l'égalité raciale et de la réconciliation", avait affirmé en juillet à l'AFP Kristin Szakos, une des cinq élus du conseil municipal.
Avec un maire juif et un Noir comme chef de la police, Charlottesville veut refléter l'ouverture symbolisée par sa prestigieuse université fondée en 1819 par le président éclairé Thomas Jefferson (1743-1826).
Ce campus est régulièrement classé parmi les 25 meilleurs du pays et son architecture lui a valu d'être classé par l'Unesco.
Egalement sur la liste du patrimoine mondial de l'Humanité, Monticello, le superbe domaine du troisième président américain, se trouve non loin. Jefferson dressa lui-même les plans de sa demeure, qui domine Charlottesville et les collines plantées de vignobles alentour.
Les habitants de Charlottesville regrettent d'autant plus d'être englués dans la querelle sur les monuments confédérés qu'aucune grande bataille de la guerre de Sécession (1861-1865) ne s'y est déroulée.
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