Critique- "Une affaire de famille" : l'émouvante Palme d'or japonaise du Festival de Cannes (vidéo)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 10 décembre 2018 - 13:56
Mis à jour le 12 décembre 2018 - 16:33
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Film Une Affaire De Famille
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©Le Pacte
La petite fille est heureuse dans sa nouvelle famille, qui l'emmène à la plage.
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CRITIQUE – Sept mois après avoir obtenu la Palme d'or au Festival de Cannes, le film "Une affaire de famille", du réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda, sort dans les salles ce mercredi. Il raconte l'histoire d'une petite fille recueillie par une famille apparemment ordinaire –mais qui ne l'est pas.

SORTIE CINÉ – On ne choisit pas sa famille? Parfois, si. C'est un peu l'idée du film Une affaire de famille, du réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda, qui sort sur les écrans français ce mercredi 12 décembre après avoir obtenu la Palme d'or du dernier Festival de Cannes en mai.

Osamu, ouvrier au jour le jour sur un chantier, arrondit ses fins de mois par de petits vols à l'étalage dans les magasins de son quartier. Il a appris la technique à son fils de 10 ans, et tous deux font souvent équipe.

Au retour d'une de leurs virées, ils recueillent dans la rue une petite fille de 5 ans qui semble abandonnée et livrée à elle-même, et la ramènent à la maison. La maison, c'est une modeste demeure en préfabriqué faite de bric et de broc où vit la petite famille: Osamu, son fils, sa femme qui travaille dans une blanchisserie, la fille aînée qui gagne sa vie en se déguisant en écolière dans un peep-show, et la grand-mère, propriétaire de la maison, qui vit elle aussi de sa pension et de petites arnaques.

Pour tout ce petit monde, pas question de laisser repartir la petite fille, au sourire timide et peu bavarde, transie de froid et couverte de bleus: c'est apparemment une enfant battue, malheureuse chez ses parents. "Ce n'est pas de ta faute", lui dit la femme d'Osamu.

La fillette est adoptée, son nouveau grand frère lui apprend à voler, la grand-mère veille sur tout le monde, les jours passent sans événement majeur, la famille est heureuse. Jusqu'au jour où l'on parle, à la télé, au bout de deux mois, de la disparition de le petite fille. "Ce n'est pas un enlèvement puisqu'il n'y a pas demande de rançon", rigole un des membres de la famille.

La fillette reste donc dans son nouveau foyer et coule des jours paisibles. Mais la famille a des secrets qui vont bouleverser cette nouvelle vie...

Hirokazu Kore-eda est l'un des principaux réalisateurs japonais actuels, que le Festival de Cannes a fait connaître avec ses films en compétition comme Nobody Knows (2004), Tel père tel fils (Prix du Jury en 2013) ou Notre petite soeur (2015), entre autres.

Ici comme dans ses précédents films, il est question de filiation, de cellule familiale, d'amour fraternel/paternel/maternel, de la place de la famille dans la société. Le réalisateur évoque tout cela avec subtilité et nuances psychologiques pour ses personnages, tranquilles même s'ils ont une face cachée.

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Il a de l'empathie pour les perdants débrouillards –pas pauvres, pas malheureux, pas maudits, simplement malins sans se mettre en marge de la société, décalés mais joyeux. Le ton est léger, les personnages sont attachants, et puis vers la fin tout bascule et le film prend une autre dimension... mais tout reste humain, émouvant, délicat.

Le film évoque les travers de la société actuelle mais sans militantisme ou démonstration, grâce à une histoire simple, une histoire de gens ordinaires, une histoire de famille recomposée –et peu ordinaire, finalement. C'est ce qui a emporté l'adhésion du jury du Festival de Cannes et devrait plaire aux spectateurs.

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