"Démolition" : Jake Gyllenhaal casse la baraque (VIDEO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 05 avril 2016 - 02:55
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Film Demolition Jake Gyllenhaal Naomi Watts
Crédits
©20th Century Fox
Naomi Watts et Jake Gyllenhaal: rencontre entre deux écorchés de la vie.
©20th Century Fox
Dans le film "Démolition" du réalisateur québécois Jean-Marc Vallée, qui sort ce mercredi sur les écrans français, Jake Gyllenhaal entreprend, après un deuil, de tout démolir pour mieux se reconstruire. Au propre comme au figuré.

Du passé faire table rase: tout casser, tout détruire, tout démolir pour mieux (se) reconstruire. C'est ce que fait, avec une belle énergie et un beau désespoir, Jake Gyllenhaal dans le film Démolition, qui sort ce mercredi 6 sur les écrans français.

Il y interprète Davis Mitchell, jeune banquier d'affaires brillant qui, du jour au lendemain, perd le goût de vivre après la mort de sa femme dans un accident de voiture. Malgré son beau-père et employeur (Chris Cooper) qui le pousse à se ressaisir, il sombre de plus en plus. Le plus dur, pour lui, est de constater qu'il ne ressent aucune émotion après ce deuil -ou en tout cas n'en exprime aucune.

Un jour, il a l'idée saugrenue d'envoyer une longue lettre de réclamation à une société de distributeurs automatiques. Il leur explique par le menu que 10 minutes après la mort de sa femme, au 2e étage de l'unité de soins intensifs de l'hôpital Saint-Andrew de New York, il a mis 1,25 dollar dans la machine 714 et a appuyé sur la touche B2 pour obtenir un sachet de M&M's -mais que celui-ci est resté bloqué.

Il adresse plusieurs courriers détaillés à la compagnie, dans lesquels il raconte sa vie, pour se défouler ou avoir quelqu'un à qui parler, anonymement. Jusqu'au jour où sa correspondance attire l'attention de Karen Moreno (Naomi Watts), la responsable du service clients, elle-même en proie à des difficultés d'ordre affectif et matériel. Après un jeu de cache-cache téléphonique, ils vont finir par se rencontrer. Et grâce à l'amitié de la jeune femme et de son fils adolescent, Davis va prendre conscience qu'il doit faire table rase du passé pour pouvoir se reconstruire et trouver en lui sa propre vérité, afin de se sentir à nouveau pleinement vivant…

Le réalisateur québécois Jean-Marc Vallée a pris cette dernière idée au sens propre: pour se reconstruire, le personnage principal du film démolit tout. Celui-ci prend au pied de la lettre ce que lui a dit son beau-père: "Réparer le cœur d'un homme, c'est comme réparer une automobile. Il faut tout démonter. Tout examiner. Ensuite, tu peux tout remonter". Il démonte donc son frigo, la porte des toilettes de son lieu de travail, son ordinateur, une machine à café, les appliques de la salle de bains de chez son beau-père. Il fera encore mieux en détruisant sa maison au bulldozer et à la barre de fer…

Entre humour décalé et moments de douceur, d'émotion, de poésie, de nostalgie, le réalisateur a su créer un personnage original et dont le désespoir est touchant. Jake Gyllenhaal est étonnant et casse la baraque, au sens propre comme au figuré, bien secondé par Naomi Watts dans un rôle plein de nuances.

"Sous couvert d’une méditation sur le chagrin, et d’une réflexion sur le deuil, Démolition est un film qui célèbre la vie et nous rappelle qu’il faut simplement prendre le temps de vivre et d’aimer", explique le réalisateur. "Je me suis senti très proche de Davis. Moi aussi, il m’est arrivé d’oublier comment aimer à une époque de ma vie. J’étais trop occupé à essayer de réussir, à gagner de l’argent, à payer les factures… J’étais focalisé sur ces questions-là et j’en ai oublié que je pouvais aussi savourer cette satanée vie. Je me sentais indifférent. J’ai fait énormément de choses par facilité".

Malgré quelques facilités dans l'émotion, une dernière partie un peu fourre-tout et une idée de base un peu simpliste et lourdement métaphorique (je démolis pour mieux reconstruire), son film a l'atmosphère délicate et douce-amère, mélange d'humour et d'émotion, de ses précédents films: de C.R.A.Z.Y. qui l'avait fait connaître en 2005 à Wild en 2014 (avec Reese Witherspoon), en passant par Café de Flore en 2010 (avec Vanessa Paradis) et Dallas Buyers Club en 2013 (qui valut un Oscar chacun à son acteur principal Matthew McConaughey et à son second rôle Jared Leto).

Petit détail enfin: la maison moderne et spacieuse que Jake Gyllenhaal prend un malin plaisir à démolir n'a pas été construite pour le film, elle existait déjà, dans un quartier résidentiel de Roselyn, une ville chic de Long Island, dans l'État de New York. L'équipe du film y a juste ajouté éclairage, plomberie, électricité et pots de fleurs extérieurs pour faire plus vrai -et pour tout casser.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

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