Don Quichotte projeté à Cannes ? Le Festival et Terry Giliam fixés mercredi
Le réalisateur britannique Terry Gilliam verra-t-il son film "L'homme qui tua Don Quichotte" projeté en clôture du Festival de Cannes? Réponse mercredi, après une passe d'armes de presque trois heures lundi devant un tribunal parisien.
Dans la minuscule salle d'audience du Tribunal de grande instance, l'ex-Monty Python était le seul à manquer à l'appel. Et pour cause, l'artiste de 77 ans a été victime d'un malaise ce week-end à Londres, où il vit. Il a été hospitalisé avant de finalement rentrer chez lui dimanche soir, selon son entourage qui a confirmé une information de Libération.
Les avocats de Gilliam, ceux du producteur Paulo Branco avec lequel le cinéaste est en conflit depuis plusieurs mois pour les droits d'exploitation du film, mais également ceux du Festival de Cannes, qui soutient Gilliam, se sont livrés à une passe d'armes devant le juge qui a examiné l'affaire en urgence (en référé).
"Ce n'est pas le film qu'on met à l'échafaud, c'est Gilliam", s'est insurgé son avocat Me Benjamin Sarfati, rappelant à quel point ce projet porté par son client pendant plus de vingt ans s'apparentait au projet de toute une vie.
"C'est la première fois qu'un film est vu complètement en fraude, parce que ceux qui ont présenté le film ne sont pas ceux qui auraient dû le faire. Donc Cannes n'a même pas respecté son règlement" qui veut que ce soit le producteur qui défende son film au Festival, a déclaré à l'issue de l'audience Paulo Branco, à la veille de l'ouverture de la 71e édition cannoise.
C'est lui, via sa société de production Alfama Films, qui a assigné en justice le Festival de Cannes après avoir sélectionné le film de Gilliam hors-compétition afin de le projeter en clôture le 19 mai. Ce que M. Branco veut interdire.
Me Hocquet a argué que "le juge du fond a donné raison à Alfama" en première instance en mai 2017, rappelant ainsi que Terry Gilliam a déjà essuyé trois défaites dans le contentieux qui l'oppose à M. Branco sur les droits de ce long-métrage. Droits que ce dernier avait achetés à M. Gilliam en 2016.
- Cannes respectera le jugement -
Après différents désaccords artistiques et financiers lors de la préproduction, le cinéaste britannique avait résilié son contrat avec le producteur portugais.
Il s'est alors tourné vers la société espagnole Tornasol et Amazon, qui faisaient initialement partie de la structure de coproduction constituée par Alfama Films. Et c'est avec eux, qu'il a finalement réalisé son film entre mars et juin 2017 pour 16,3 millions d'euros, mettant fin croyait-il à vingt ans de malédiction.
"Terry Gilliam refuse depuis le début de se mettre autour d’une table pour négocier", a en outre affirmé Me Hocquet, avant de conclure: "Ce film attend depuis 20 ans pour exister ? Il pourra bien attendre deux mois de plus", en référence à la décision sur le fond attendue en appel le 15 juin.
Pourtant une médiation a bien eu lieu, selon Me Sarfati. "Mr Branco a voulu imposer une compensation de 3,5 millions euro; 2 millions cash, 1,5 sur les recettes. Impossible à accepter", a-t-il martelé.
"C'est la première fois que le Festival est pris en otage", a déploré pour sa part Me Gabrielle Odinot, l'avocate du Festival. "Si vous n’autorisez pas la projection cannoise, elle n'aura pas lieu", a-t-elle cependant assuré au juge.
Simultanément à sa projection espérée à Cannes par le Festival et Terry Gilliam, une sortie en salles est également prévue par le distributeur, qui est toutefois en attente du visa d'exploitation délivré par le CNC.
"Ca tiendra à votre décision", a dit au juge Me Christophe Ayela, l'avocat du distributeur Océan Films.
Et de conclure: "Il y aura peut-être au bout de ce dossier des réparations financières. L'intérêt de tous est que le film sorte. Ca ménage les droits de M. Branco, à plus forte raison si le film est un succès. Aussi je demande de diffuser ce film. Un seul principe doit dicter votre décision: priorité à l'oeuvre".
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