"La promesse de l'aube" : Pierre Niney et Charlotte Gainsbourg font revivre Romain Gary et sa mère (vidéo)
Adapter au cinéma un chef d'œuvre de la littérature est chose difficile et risquée, et les lecteurs sont souvent déçus quand ils deviennent spectateurs. Ce ne sera sans doute pas le cas pour l'adaptation au grand écran du livre de Romain Gary La promesse de l'aube, pour laquelle le réalisateur Éric Barbier s'en tire plutôt bien (ce mercredi 20 sur les écrans).
Ce roman autobiographique est un hommage de l'écrivain à sa mère, attachante et passionnée, excentrique, excessive, qui lui voua un amour sans bornes et lui fit promettre, en retour, de réussir sa vie et de devenir célèbre.
Comme dans le livre, le film se découpe en trois parties: l'enfance de Romain Gary à Wilno en Pologne dans les années 20, l'adolescence à Nice puis à Paris, et la vie d'adulte avec la guerre et son engagement dans l'aviation. Mais alors que le livre multiplie les allers-retours entre les époques, le film suit un ordre plus chronologique.
De ce livre-fleuve, déjà adapté au cinéma en 1970 par Jules Dassin (avec Mélina Mercouri), Éric Barbier, réalisateur notamment du Brasier en 1991 et du Serpent en 2007, a tiré un film lyrique et ambitieux, d'un peu plus de deux heures mais en choisissant certains passages et en éliminant d'autres.
"C’est un foisonnement de situations. La matière première du roman dépasse tout entendement et l’on est confronté à une multiplicité de scènes qui donne le vertige", explique-t-il. "Il fallait trouver une forme scénaristique pour conserver l’essence du roman tout en le réduisant de ses deux tiers. J’avais découpé le roman en toutes petites unités d’actions: à la fin du livre, j’avais recensé 876 unités… J’étais évidemment obligé de raccourcir. Ou plutôt de concentrer. Je me suis sans cesse demandé quand la trahison était acceptable et quand elle ne l’était plus. Je voulais être absolument fidèle à l’esprit du roman".
Avec un souci de réalisme et de documentation qui n'existe pas forcément dans le livre, avec une voix off qui reprend des phrases du livre, avec un rythme soutenu et une fin poignante, et avec deux acteurs à hauteur de cet immense défi (Pierre Niney et surtout Charlotte Gainsbourg, sans doute candidate au César de la meilleure actrice pour ce rôle), le réalisateur alterne, comme dans le livre, les scènes légères et gaies et les moments d'émotion et de lyrisme.
C'est du beau travail, avec un détail qui fera toussoter la ministre de la Santé Agnès Buzyn: on n'arrête pas de fumer dans ce film, même dans certaines scènes à l'hôpital.
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Le film se termine par quelques mots sur Romain Gary (1914-1980), seul écrivain à avoir remporté deux fois le Prix Goncourt (en 1956 pour Les racines du ciel, en 1975 pour La vie devant soi sous le pseudonyme d'Émile Ajar), et sur la photo de lui la plus célèbre (à voir ici).
Le film donne aussi l'envie de (re)lire La promesse de l'aube, publié en 1960, dans lequel Romain Gary écrit notamment ce passage qui a donné son titre au livre: "Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours".
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