"Regression" : satanique ta famille (VIDEO)
"Le film s'inspire d'événements réels", prévient le générique. Dans Regression, le réalisateur espagnol d'origine chilienne Alejandro Amenabar s'intéresse à des cas de satanisme survenus aux Etats-Unis dans les années 80 et qui ont déclenché des remous collectifs alimentés par le sensationnalisme et l'obscurantisme.
Dans une petite ville du Minnesota, le lieutenant Bruce Kenner (Ethan Hawke) enquête sur une affaire sordide: la jeune Angela (Emma Watson) accuse son père d'avoir abusé d'elle, ce que celui-ci reconnaît mais en avouant ne se souvenir de rien.
Le lieutenant Kenner, secondé d'un prêtre et d'un psychologue, tente d'aider le père à retrouver la mémoire, pour déterminer s'il est vraiment coupable. Mais c'est en interrogeant la fille qu'il va s'enfoncer dans les méandres de l'âme humaine, avec des témoignages horrifiants: messes noires, bébés sacrifiés et poignardés, rituels sataniques, Angela dévoile des faits ayant touché sa famille et difficiles à croire. "Je ne suis pas folle", dit-elle à l'enquêteur, qui effectivement lui fait confiance. Mais comment faire le tri entre ce qui a réellement eu lieu et ce qui n'est que fantasmes?...
Entre thriller psychologique et film d'horreur, Regression accumule toutes les ficelles efficaces pour donner la chair de poule au spectateur: atmosphère lourde, éclairage sombre, nuit, pluie, miaulements de chats, scènes de cauchemars, portes qui claquent ou qui grincent, défenestrations, hallucinations: on a l'impression d'avoir vu cela des dizaines de fois au cinéma. Le réalisateur revendique d'ailleurs l'influence de films tels que L'Exorciste ou Rosemary's Baby, parfois on pense aussi à Usual Suspects ou Shutter Island.
"Le terme régression signifie, entre autres, revenir en arrière", explique Alejandro Amenabar. "Ce projet est pour moi l’occasion de revisiter le genre avec lequel j’ai entamé ma carrière. Il y a d’abord eu Tesis, un film à suspense qui explorait le pouvoir hypnotique que peut exercer l’horreur, puis Ouvre les yeux qui mettait en scène un univers fantasmatique et fébrile dans lequel le rêve et la réalité coexistent, et enfin Les autres, avec lequel j’ai essayé de retrouver l’atmosphère des classiques du suspense".
Les trois films qu'il cite, au début de sa carrière entre 1995 et 2001, avaient fait de lui le nouveau petit génie du cinéma espagnol. Il avait franchi une étape supplémentaire en 2004, dans un genre totalement différent, avec Mar adentro, Oscar du meilleur film étranger, dans lequel Javier Bardem jouait le rôle d'un tétraplégique, puis en 2009 avec Agora, ambitieux peplum philosophique dans l'Alexandrie de l'époque romaine, avec Rachel Weisz.
Cette montée en puissance de son talent au cours de ses cinq premiers films subit ici un sacré coup d'arrêt, une régression comme l'indique le titre: même si la maîtrise et l'efficacité sont toujours là, l'originalité du scénario et la nouveauté dans la mise en scène ont presque disparu.
Ces histoires de satanisme donnent une impression de déjà-vu, même si le propos s'élève un peu au-dessus du simple suspense: se basant sur la vague de cas dénoncés aux Etats-Unis dans les années 80, dans un contexte d'influence grandissante de certains milieux politiques et religieux, il dénonce le sensationnalisme, les effets d'entraînement des médias, la manipulation de l'opinion publique, les ravages des théories du complot -tout ça bien avant Internet et les réseaux sociaux. Le mal, c'est dans la tête, oui. Mais c'est insuffisant pour faire un bon film.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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