"Un homme idéal" : les inquiétants mensonges de Pierre Niney l'usurpateur
Habitué, avant son récent César du meilleur acteur pour Yves Saint Laurent, à jouer dans des comédies romantiques (J'aime regarder les filles, Comme des frères, 20 ans d'écart), Pierre Niney fait ses débuts dans un thriller.
A 26 ans, celui qui a récemment décidé de quitter la Comédie française pour se consacrer davantage au cinéma interprète, dans Un homme idéal, un jeune homme qui rêve de devenir écrivain mais qui n'y parvient pas.
Dans son HLM, Mathieu passe ses nuits à taper à la machine, sous le regard de Romain Gary dont la photo est épinglée au-dessus de son bureau. Il a adressé à plusieurs éditeurs son roman intitulé L'homme de dos, mais sans succès. Les éditeurs lui envoient la lettre habituelle de refus. Pas de style, pas de talent, pas d'intérêt.
En attendant la gloire qui ne vient pas, Mathieu est déménageur. Mais un jour, son destin bascule: il tombe sur le manuscrit d'un vieil homme solitaire qui vient de mourir sans famille, sans amis, sans relations. Il est chargé de débarrasser l'appartement et de jeter tous les objets, journaux, livres et souvenirs qui s'y trouvent.
Il jette tout, sauf le manuscrit. Celui-ci s'intitule Journal de guerre d'un appelé en Algérie. C'est un texte remarquable. Une fois rentré chez lui, Mathieu a une idée diabolique: il recopie le manuscrit, le signe de son nom et l'envoie à un éditeur.
Cette fois-ci, la réponse est positive. Le jeune homme est reconnu comme un vrai écrivain. Son livre est publié, il devient un des jeunes espoirs de la littérature française, est invité à la télévision, séduit une jeune intellectuelle qui l'admire pour son talent de romancier.
Mais quand son éditeur lui réclame, au bout de trois ans, un deuxième livre, c'est à nouveau le blocage. Et un événement non prévu va l'obliger à s'enfoncer encore plus dans le mensonge. A s'engager dans une spirale qu'il va avoir de plus en plus de mal à maîtriser...
Même si les invraisemblances ne manquent pas, et notamment dans la dernière demi-heure, le film se construit sur un vrai suspense, de plus en plus haletant au fur et à mesure que la pression du mensonge se fait de plus en plus forte sur le personnage principal.
Cette histoire d'usurpation d'identité n'est pas sans rappeler d'autres films au scénario proche, comme le récent Un illustre inconnu avec Mathieu Kassovitz, et surtout Plein Soleil, de René Clément (1960), avec Alain Delon et Marie Laforêt, tiré du roman Monsieur Ripley de Patricia Highsmith.
Le réalisateur Yann Gozlan, dont c'est le deuxième film après l'inquiétant Captifs en 2010, le reconnaît volontiers: "Le film y fait référence, bien sûr. Plein soleil fait à mes yeux partie des grands chefs-d’œuvre du cinéma. Et j’ai une passion pour Patricia Highsmith. Elle possède une incroyable science du récit et de la mécanique du suspense tout en réussissant à dessiner des personnages d’une complexité extraordinaire".
Ici, malgré ses mensonges et ses mauvaises actions, on a du mal à ne pas avoir une certaine sympathie pour ce personnage interprété par Pierre Niney, qui n'est pas simplement un petit escroc. "Je ne voulais pas en faire un Christophe Rocancourt", explique le réalisateur. "Mathieu ne veut pas bêtement réussir, il a sincèrement l’ambition de devenir romancier et est enragé de ne pas y parvenir. Il fallait que, dès le début, on puisse ressentir de l’empathie pour lui, qu’on le comprenne, pour ne pas le rejeter ensuite lorsqu’il se met à commettre des actes répréhensibles. Son problème, c’est le manque de don --mais il va en avoir pour mentir".
Le jeune écrivain raté a en effet du mal à écrire son deuxième livre, après avoir volé le premier à un mort. Mais ce qui lui arrive, dans la deuxième partie du film, pourrait largement donner matière à un roman. Alors, va-t-il y parvenir ou non? La réponse intervient au bout du suspense...
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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