"Vicky" : Victoria Bedos crève l'écran (VIDEO)
Dans la famille Bedos, je voudrais la fille. Victoria Bedos, fille de Guy Bedos et sœur de Nicolas Bedos, fait de tonitruants débuts d'actrice dans Vicky, un film (ce mercredi 8 sur les écrans) dont elle a co-écrit le scénario et qui est en grande partie autobiographique.
À presque 30 ans, Victoire, la petite dernière de la célèbre famille Bonhomme, l’éternelle enfant sage de la tribu, a du mal à trouver sa place, au sein de sa famille comme dans la vie. Son père Albert (François Berléand), acteur de théâtre célèbre, est un monstre d'égocentrisme qui ne se soucie pas d'elle. Sa mère Nicole (Chantal Lauby), doucement extravagante, vit dans l'ombre de son mari et s'intéresse à des choses futiles. Et son frère Tim (Jonathan Cohen), présentateur vedette de télévision, est lui aussi bouffi de nombrilisme et la méprise gentiment: "Tu as de la chance de n'être personne", lui dit-il.
N'être personne, Victoire en a marre. Elle commence par se révolter en annulant au dernier moment son mariage. Comme elle travaillait pour la famille de l'ex-futur marié, elle se retrouve sans emploi et retourne vivre chez ses parents. Avec une idée: en repartir au plus vite.
Mais pas d'emploi, pas d'appartement, pas d'amoureux, peu d'amis et un père et un frère qui l'étouffent ou l'ignorent: ce n'est pas facile. Tout va commencer à changer quand elle va rencontrer Banjo, un musicien qui chante du Elvis Presley dans les bars. Avec lui, elle va réussir à prendre son envol en chantant l’amour avec pudeur et le sexe sans tabou, entraînant sa mère dans son mouvement de libération féminine, au grand dam de son père et de son frère…
Toute ressemblance avec des personnages réels n'est ici pas fortuite. Même si elle qualifie le film d'"autofiction" plutôt que d'histoire autobiographique, Victoria Bedos raconte comment elle s'est sentie bridée par la célébrité de son père puis de son frère, depuis des années. Le personnage de Victoire est son double à l'écran, comme par exemple l'histoire de l'annulation du mariage, qu'elle a réellement vécue dans la vie, ou celle du duo musical Vicky Banjo qu'elle a réellement formé il y a quelques années avec Banjo (Olivier de Closmadeuc, qui interprète ici son propre rôle). "Oui, je l’avoue, la Vicky du film, qui réussit enfin à s’émanciper (à 30 ans, il était temps!), c’est un peu mon double. Même si, pour des raisons scénaristiques, on a beaucoup brodé et inventé autour d’elle, comme, par exemple, la scène de l’annulation de son mariage ou l’histoire avec Banjo".
Et Guy Bedos et Nicolas Bedos, sont-ils aussi odieux que dans le film? Non, pas tout à fait: "Albert, le père de la Vicky du film, n’est pas du tout le copié-collé du mien, qui est beaucoup plus tendre et quand même moins à côté de la plaque qu’Albert. Sa mère et son frère non plus d’ailleurs. Par exemple pour le personnage de Tim, c’est à dire le grand frère de Vicky, on est loin de Nicolas. Avec Denis Imbert (co-scénariste du film), on s’est plus inspiré de l’énergie de certains animateurs télé d’aujourd’hui que de mon vrai frère. Ce qu’on aime c’est inventer, créer de la fiction, et surtout pas régler des comptes. On a juste emprunté des traits de caractère à chacun des membres de ma famille puis fait un melting-pot avec ce qu’on avait piqué à d’autres personnes".
Du coup, dans le film, Victoria Bedos et Denis Imbert ont poussé le curseur un peu loin: le père et le fils sont si désagréables avec leur fille et sœur qu'ils en deviennent caricaturaux, presque invraisemblables, et le spectateur a du mal à les aimer en fin de film, quand ils deviennent moins antipathiques. Le personnage de la mère est également truffé de clichés et d'idées toutes faites.
C'est l'une des faiblesses du film, qui par ailleurs est drôle et dynamique, attachant comme le personnage principal, alternant le sérieux et le sentimental, une "comédie tendre et sensible", comme le qualifie son réalisateur, dont c'est le premier long métrage après une quinzaine de films comme assistant depuis 1993 et la réalisation de la série Platane de 2011 à 2013 avec Eric Judor sur Canal+.
Victoria Bedos, au charme physique singulier avec son menton pointu, ses sourires, ses lunettes et sa jolie poitrine (dans le film, elle découvre enfin le plaisir physique et quelques scènes déshabillées ne l'ont pas gênée), s'était déjà intéressée aux relations familiales en co-écrivant le scénario de La famille Bélier, énorme succès de 2015. B comme Bedos, Bélier, et maintenant Bonhomme: elle a écrit l'histoire de Vicky "pour prouver à mon entourage que je ne suis plus une petite fille, pour me prouver à moi-même que je suis devenue une femme. Que je ne suis plus qu’un bon petit soldat", dit-elle.
"Et aussi pour montrer qu’une femme a le droit de se lâcher tout en restant belle et respectable, qu’elle peut boire, être pompette sans être forcément une pauvre meuf, qu’elle peut coucher le premier soir et même avoir un orgasme sans être forcément une pute": le film a une tonalité féministe moderne et plutôt sympathique, même si la démonstration est illustrée par des personnages sans trop de nuances (la mère de Vicky, ou l'hilarant personnage du chanteur vedette croqueur de jeunes admiratrices qu'interprète avec humour et gourmandise Benjamin Biolay).
A 33 ans, voilà donc Victoria Bedos qui se libère enfin, en réussissant ses débuts d'actrice après avoir montré qu'elle savait écrire et chanter: elle a publié un livre en 2007, Le déni (Ed. Plon), et elle écrit les paroles des chansons (qu'elle chante) du duo Vicky Banjo qu'elle forme avec Olivier de Closmadeuc. "Je couche le premier soir", dit l'une de ces chansons, féministe et gentiment provocatrice. "Je crève l'écran dès le premier film", pourrait ajouter la néo-actrice.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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