Le Prix Goncourt à Mathias Enard et sa "Boussole"
C'est sans doute la plus prestigieuse des récompenses littéraire françaises, mais Mathias Enard le dit: "j'espère que ça ne changera pas ma vie". Le Prix Goncourt lui a été décerné dès le premier tour de scrutin ce mardi 3 pour son roman Boussole (Ed. Actes Sud). Mathias Enard succède ainsi à Lydie Salvayre, primée l'année dernière pour Pas Pleurer (Ed. du Seuil) et devient le 113e lauréat du prix décerné chaque année depuis 1903.
Après que Boualem Sansal, auteur de 2084 (Ed. Gallimard), n'a pas été retenu parmi les quatre finalistes, Mathias Enard faisait partie des deux favoris, même si le Franco-Tunisien Hédi Kaddour avec Les Prépondérants (Ed. Gallimard) semblait avoir un peu d'avance. Mais ce n'est pas la première fois que l'Académie Goncourt déjoue les pronostics. "C'est une surprise. On ne s'y attend pas, on n'y peut rien, de toute façon c'est quelque chose qui ne dépend pas de vous... C'est un tourbillon qui s'abat, un tourbillon de joie et d'allégresse", a déclaré Mathias Enard quelques minutes après l'annonce de sa victoire.
Agé de 43 ans, Mathias Enard est un amoureux de l'Orient et a étudié l'arabe et le persan, effectuant de longs séjours dans cette région. Une passion qui est au cœur de Boussole. Le roman suit les rêveries d'un musicologue viennois qui revit ses voyages au Moyen-Orient et raconte sa culture, son histoire et une romance insaisissable. Un rappel de la richesse de cette partie du monde aujourd'hui déchirée par la violence en de nombreux lieux. Un parallèle avec l'actualité que l'Académie Goncourt semble avoir tenu à souligner dans sa dernière sélection: parmi les quatre derniers livres retenus, trois traitent de l'Afrique, du Moyen-Orient et/ou des rapports entre les cultures et les religions.
Boussole a été salué par la critique même s'il lui a parfois été reproché d'être difficilement accessible à tout public, ce qui n'est pas l'avis de l'auteur: "Je pense que c'est très accessible. D'ailleurs je l'ai écrit assez simplement. Il suffit juste de l'ouvrir pour voir que c'est beaucoup moins effrayant que ce qu'on a pu entendre".
Des lecteurs, Mathias Enard devrait en avoir bon nombre. Le ruban rouge sur la couverture d'un livre couronné par le Goncourt assure en effet les ventes à hauteur de plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, en plus de la récompense symbolique de 10 euros.
Mathias Enard avait déjà reçu, entre autres distinctions, le Goncourt des Lycéens en 2010 pour Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants (Ed. Actes Sud), avant ce "Goncourt des grands" ainsi qu'il la surnommé ce mardi.
Par ailleurs, et à quelques minutes d'intervalle, le Prix Renaudot a été décerné à Delphine de Vigan pour D'après une histoire vraie (Ed. JC Lattès).
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