Guerre du Vietnam, juin 1972 : la petite fille au napalm (VIDEO)

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 08 juin 2016 - 01:40
Mis à jour le 12 juin 2016 - 12:13
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Une 10 06 1972 guerre vietnam naplam fillette FranceSoir
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La Une du 10 juin 1972.
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C'est, peut-être, la photo la plus célèbre de la guerre du Vietnam. Comme des milliers de journaux dans le monde, "France-Soir" publie, le 10 juin 1972, le cliché d'une fillette de neuf ans et de ses frères et soeurs touchés par une attaque aérienne au napalm.

"Cris d'alarme pour les enfants des grandes villes": ce samedi 10 juin 1972, France-Soir fait son titre principal de première page sur un rapport évaluant l'état des familles de la grande banlieue parisienne. "L'enquête a été menée par une équipe médicale sur des enfants de Paris et de la banlieue", écrit le journal.

"Les plus touchés sont les bébés dont la mère travaille à l'extérieur. Troubles constatés: manque d'appétit et de sommeil, anomalies du comportement", poursuit le texte de Une.

Mais, à 9.000 kilomètres de la banlieue parisienne, d'autres enfants sont encore plus malheureux. D'où le second titre de la Une de France-Soir, qui renvoie au premier: "...Mais pour eux, au Vietnam, la maladie, c'est la guerre".

Et le journal publie, sur toute la largeur de sa première page, la photo qui fera le tour du monde et sera reprise dans des milliers de journaux: une petite fille brûlée au napalm, qui court sur une route, nue car ses vêtements ont été désintégrés, aux côtés de ses frères et soeurs qui, comme elle, courent et pleurent. Ils viennent d'être victimes d'une attaque de l'aviation sud-vietnamienne, alliée des Etats-Unis dans la guerre contre le Nord-Vietnam.

La photo a été prise par Nick Ut, 21 ans à l'époque, un photographe de la plus grande agence de presse mondiale, l'agence américaine Associated Press (AP). Cela se passe près du village de Trang Bang, au Sud-Vietnam, le jeudi 8 juin 1972. La petite fille s'appelle Kim Phuc, elle a neuf ans.

Avant d'être photographe de guerre, Nick Ut est un être humain. C'est lui qui sauvera Kim Phuc: "J'ai vu sa peau brûlée, qui partait en lambeaux", racontera-t-il plus tard. "Et j'ai crié +Oh mon Dieu, je ne veux pas qu'elle meure+, car juste avant, je venais de photographier deux enfants morts. Je voulais l'aider, alors j'ai laissé mes quatre appareils photo au bord de la route, et je l'ai emmenée dans un hôpital. Si Kim Phuc était morte sans que je l'aide, je crois que je me serais donné la mort".

Avec son chauffeur, dans son minibus bondé, Nick Ut transportera Kim Phuc et des membres de sa famille vers un hôpital –à une heure de route– et insistera personnellement auprès du personnel médical pour que la petite soit prise en charge. Après 14 mois de soins et 17 opérations chirurgicales, la fillette, le dos gravement brûlé, s'en sortira.

La photo fera la Une de nombreux journaux du monde entier, dont France-Soir, le numéro un de la presse française. Aux Etats-Unis aussi, le New York Times la mettra en première page le 9 juin, ainsi que le Washington Post, mais cela déclenchera des débats au sein de la profession. Horreurs de la guerre? Non. Le puritanisme américain portera sur l'opportunité de publier la photo d'une enfant nue. Sûr qu'aujourd'hui Facebook, YouTube ou Instagram se poseraient la même question...

Cette photo contribua-t-elle à mettre fin à la guerre du Vietnam? Peut-être. La petite fille, en tout cas, après avoir rejoint sa famille, vivra de nombreuses années sous le régime communiste du Vietnam, après la défaite des Américains et des Sud-Vietnamiens en 1975, devenant une icône pacifiste du gouvernement nord-vietnamien. Mais elle fera défection et "passera à l'Ouest" en 1994, au Canada, via Cuba.

C'est là, à Toronto, qu'elle est réapparue à la Une des journaux du monde entier en juin 2012, à l'occasion du 40e anniversaire de la célèbre photo. "J'ai longtemps voulu fuir cette petite fille plongée dans le chaos de la guerre du Vietnam. Mais la photo m'a toujours rattrapée", racontera-t-elle.

Mère de deux enfants, Kim Phuc a été nommée en 1994 Ambassadrice de bonne volonté de l'Unesco, pour promouvoir la paix dans le monde. "Je suis tellement fière de cette photo. Et je considère que c'est un cadeau vraiment puissant pour moi à utiliser en faveur de la paix. Je peux dire aux gens combien la vie peut être belle si chacun peut faire en sorte de vivre avec amour, avec espoir et pardon", dit-elle.

Le photographe, Nick Ut, a reçu en 1973, un an après sa photo, le Prix Pulitzer et le trophée World Press Photo de la meilleure photo de l'année. La moindre des choses pour l’une des images les plus célèbres du XXe siècle.

(Voir ci-dessous une vidéo de l'attaque du village et Kim Phuc et ses frères et sœurs fuyant sur la route):

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