L'interview uniformisée et relue d'Emmanuel Macron refusée par La Voix du Nord et Le Télégramme

Auteur(s)
La rédaction de France-Soir
Publié le 21 mai 2019 - 11:07
Image
Le président Emmanuel Macron livre devant la presse ses réponses au grand débat, le 25 avril 2019 à Paris
Crédits
© ludovic MARIN / AFP
"La Voix du Nord" et "Le Télégramme" ont choisi de ne pas diffuser l'interview d'Emmanuel Macron.
© ludovic MARIN / AFP

La presse régionale a été invitée lundi 20 à l'Elysée pour une interview d'Emmanuel Macron sur l'Europe, celle-ci devant aboutir à un texte unique et au préalable relu par la présidence. La Voix du Nord et Le Télégramme ont décidé de décliner l'invitation.

Equilibre de traitement pendant une campagne présidentielle ou plus simplement opposition à diffuser un entretien "caviardé": La Voix du Nord et Le Télégramme ont refusé de publier l'interview accordée lundi par Emmanuel Macron et publiée dans une cinquantaine de titres de la presse régionale quotidienne.

La convocation des journalistes à l'Elysée aurait été faite sous condition de relecture, pratique courante notamment lorsqu'il s'agit du président de la République ou de membres du gouvernement, mais pas systématiquement acceptée. Les deux journaux ont décidé de décliner l'invitation en raison notamment de cette condition imposée. "Une préférence" et pas "une exigence", assure un membre de l'entourage présidentiel au Monde.

Voir: Européennes - Macron dit être "acteur" pour ne pas que l'Europe "se disloque"

"Les participants devaient s’engager à coécrire sur place une version unique des réponses présidentielles, puis à la soumettre à la relecture de l’Élysée avant toute publication du texte validé", relate le quotidien nordiste. Celui-ci considère que donner une version unique s'oppose à la logique de diversité éditoriale et de pratiques des nombreux titres régionaux.

Même son de cloche pour Hubert Coudurier, directeur de l'information et administrateur du Télégramme qui "n’a pas souhaité se plier à l’interview collective du Président Emmanuel Macron dont le principe est une négation de l’identité des titres de la presse régionale et des territoires qu’ils représentent".

Patrick Jankielewicz, rédacteur en chef de La Voix du Nord soulève également un autre problème: le fait d'accorder une telle tribune au président de la République à cinq jours des élections européennes, alors que celui-ci s'est clairement engagé dans la campagne de La République en Marche et que l'Europe est au centre de l'entretien en question.

Depuis janvier, le quotidien, lassé des interviews "caviardées" par les bureaux des politiques, a décidé de ne plus soumettre ses articles à relecture. "La relecture est devenue un exercice de réécriture pour la plupart", avait expliqué Patrick Jankielewicz.

Déjà en avril 2018, plusieurs rédactions s'étaient élévées contre cette tendance après que Les Echos avainet décidé d'annuler la publication d'une interview d'Elizabeth Borne qui n'avait plus grand-chose à voir avec l'originale une fois relue.

Lire aussi:

SNCF: les déclarations d'Elisabeth Borne trop "caviardées" par Matignon

Entre l'Élysée et la presse régionale, des relations dégradées

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.