Mis en cause pour ses concerts au Bataclan, Médine s'en prend à l'extrême droite

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Par Laure FILLON - Paris (AFP)
Publié le 11 juin 2018 - 22:38
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Photo prise lors du premier anniversaire de l'attentat du Bataclan, le 13 novembre 2016
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© JOEL SAGET / AFP/Archives
Photo prise lors du premier anniversaire de l'attentat du Bataclan, le 13 novembre 2016
© JOEL SAGET / AFP/Archives

Le rappeur Médine, dont les concerts en octobre prochain au Bataclan suscitent la controverse et des demandes d'interdiction en raison d'anciennes chansons comme "Don't Laïk" ou "Jihad", a contre-attaqué lundi, accusant l'extrême droite de chercher à "limiter la liberté d'expression".

"Je renouvelle mes condamnations passées à l’égard des abjects attentats du 13 novembre 2015", écrit dans un communiqué le chanteur havrais, sous le feu des critiques d'élus de droite et d'extrême droite pour sa venue dans la mythique salle parisienne, cible d'une attaque jihadiste qui avait fait 90 morts.

"Voilà 15 ans que je combats toutes formes de radicalisme dans mes albums", assure-t-il, une position qui lui vaut, selon lui, "les foudres de l’extrême droite et de ses sympathisants".

"Allons-nous laisser l’extrême droite dicter la programmation de nos salles de concerts voire plus généralement limiter notre liberté d'expression?", s'interroge-t-il en conclusion de son communiqué.

L'annulation de ses concerts a été réclamée via une pétition lancée par Grégory Roose, ex-délégué départemental du FN dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Des élus de droite et d'extrême droite lui ont emboité le pas ce week-end, se fondant sur les paroles d'anciennes chansons du chanteur, en particulier "Don't laïk". Dans ce dernier morceau sorti en janvier 2015, une semaine avant l'attentat de Charlie Hebdo, le rappeur havrais de 35 ans s'attaquait à la laïcité avec des punchlines comme "Crucifions les laïcards comme à Golgotha" ou encore "je scie l'arbre de leur laïcité avant qu'on le mette en terre".

Il avait alors revendiqué un "esprit outrancier, satirique au nom de la liberté d’expression pour pouvoir blasphémer une valeur lorsqu’elle est dévoyée".

- Concerts maintenus -

"Au Bataclan, la barbarie islamiste a coûté la vie à 90 de nos compatriotes. Moins de trois ans plus tard, s'y produira un individu ayant chanté +crucifions les laïcards+ et se présentant comme une +islamo-caillera+. Sacrilège pour les victimes, déshonneur pour la France", s'est offusqué dimanche sur Twitter le président des Républicains, Laurent Wauquiez.

"Aucun Français ne peut accepter que ce type aille déverser ses saloperies sur le lieu même du carnage du Bataclan. La complaisance ou pire, l'incitation au fondamentalisme islamiste, ça suffit!", a twitté dimanche la présidente du Rassemblement national (ex-FN), Marine Le Pen.

Le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, avait appelé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à "utiliser contre ce rappeur les mêmes armes que celles utilisées contre Dieudonné" pour éviter la tenue de ses concerts.

Les deux dates du 19 et du 20 octobre sont maintenus, celui du 20 affichant déjà complet.

"Notre mobilisation a stoppé la venue de Black M à Verdun, levons-nous tous pour faire barrage au concert de Médine au Bataclan", a appelé Julien Odoul, responsable du Rassemblement national dans l'Yonne, en allusion au concert d'un autre rappeur prévu en 2016 pour le centenaire de cette bataille, finalement annulé après une polémique.

En dehors de la droite et de l'extrême droite, la députée LREM Aurore Bergé a fustigé sur Twitter une "affiche (qui) est une insulte à ceux qui sont morts au Bataclan". Une référence à une affiche de promotion d'un ancien album de Médine, "Jihad, le plus grand combat est contre soi-même" (2005), qui comporte l'image d'un cimeterre.

"Le ministère est là pour défendre la liberté de programmation" a pour sa part déclaré lundi soir à l'AFP Françoise Nyssen.

Du côté des victimes des attentats du 13-Novembre, une avocate, Me Samia Maktouf, a demandé lundi au préfet de police de Paris l'interdiction des concerts.

L'association Life for Paris, qui regroupe plus de 700 victimes des attentats du 13-Novembre, estime en revanche que "cette salle a aussi été victime des attentats du 13 novembre 2015, et qu'elle est complètement libre de sa programmation".

"Notre association n'est pas un organe de censure, elle est et restera apolitique et ne laissera personne instrumentaliser la mémoire des victimes des attentats à des fins politiciennes, comme c'est le cas dans cette affaire", ajoute le collectif. Un argument également employé par Médine qui accuse l'extrême droite de chercher "à instrumentaliser la douleur des victimes et de leur famille".

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