Juges, avocats, greffiers : mobilisation contre la réforme de la justice

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Par Caroline TAIX avec les bureaux de l'AFP en région - Paris (AFP)
Publié le 15 février 2018 - 18:38
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Magistrats avocats et greffiers manifestent devant le palais de justice de Marseille le 15 février 2018
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© ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Magistrats avocats et greffiers manifestent devant le palais de justice de Marseille le 15 février 2018
© ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Magistrats, avocats, greffiers côte à côte: des centaines de professionnels se sont mobilisés jeudi à travers la France pour dénoncer le "piteux état" de la justice et contester le projet de réforme "purement gestionnaire" de la chancellerie.

Sur les marches du Palais de justice de Paris, les robes noires des avocats et des greffiers se sont mêlées aux robes rouges et aux hermines des présidents de chambres, avocats généraux et membres de la Cour de cassation, regroupés derrière des banderoles syndicales.

Des rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses juridictions: à Rennes, Brest, Nancy, Dijon, Bordeaux, Versailles, Strasbourg, Béziers, Marseille... A Nice, les audiences du matin ont été suspendues et il y a eu des renvois systématiques. "Justice Démolition en cours", pouvait-on lire sur une pancarte devant le palais de justice.

Fait rare: l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) et le Syndicat de la magistrature (SM) ont travaillé ensemble à cette mobilisation. C'est leur premier mouvement commun depuis 2011, quand ils avaient protesté contre Nicolas Sarkozy, alors président. "C'est bien la preuve qu'il y a un problème", a déclaré à l'AFP Céline Parisot, secrétaire générale de l'USM.

Les rassemblements ont également réuni le Syndicat des avocats de France (SAF), des fonctionnaires du ministère de la Justice avec la CGT Chancelleries et services judiciaires et l'Unsa, le Syndicat des greffiers de France...

Se félicitant de ce "front commun" qui a permis une "mobilisation massive", les neuf organisations ont annoncé attendre désormais "une réponse forte de la ministre", "une réelle concertation sur les projets de réforme" et des "engagements fermes", dans un communiqué commun en soirée.

Aux cinq grands chantiers de réforme de la chancellerie (transformation numérique, simplification des procédures pénale et civile, organisation territoriale, sens et efficacité des peines), ils opposent leurs revendications d'une hausse des budgets, de recrutements et d'augmentation de l'aide juridictionnelle.

Ils ont lancé une pétition en ligne "pour une justice de qualité" qui comptait plus de 3.500 signataires jeudi soir.

- "Moins que la redevance" -

"En France, on consacre 64 euros par habitant et par an à la justice, c'est moins que la redevance. On fait plus pour la télé que pour la justice", a dénoncé Céline Martini (USM), juge d'application des peines à Evry. La France se situe au 23ème rang sur 28 au sein de l'Union européenne pour la part du budget alloué à la justice, selon les syndicats.

Cela se traduit concrètement dans les juridictions. "On tourne de plus en plus avec des vacataires", dénonce une greffière à Pau. "Il faut des moyens parfois basiques comme du papier, des imprimantes qui marchent", explique une de ses consoeurs à Strasbourg. Le système informatique est souvent obsolète: "On a reçu une carte de voeux électronique de la chancellerie et quand on cliquait dessus, elle faisait planter tout le système", raconte un élu syndical à Versailles.

La réforme de la garde des Sceaux doit être présentée en mars au Conseil d’État avant un passage en conseil des ministres en avril et un vote au Parlement avant l'été.

"Nous voulons peser sur les arbitrages dès maintenant et non pas attendre que les textes rédigés nous soient soumis puisque nous savons que les directions choisies ne nous conviennent pas", a expliqué Céline Parisot. Au contraire, le syndicat Unité magistrats avait décidé de ne pas participer à la journée de mobilisation "car aucun arbitrage n'a été rendu par la ministre de la Justice".

Les organisations syndicales redoutent notamment une suppression des tribunaux d'instance, "tribunaux des vulnérabilités du quotidien", même si Nicole Belloubet a répété qu'"aucun lieu de justice" ne serait fermé.

"On nous dit qu'aucune site ne sera fermé, et ensuite on nous dit qu'il y aura un tribunal de grande instance par département sauf exception. Or en Moselle, il y en a trois (Metz, Thionville, Sarreguemines, ndlr). Il faudrait être naïf pour dire qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter", a dit à l'AFP Me Marc Monosson, bâtonnier de Thionville.

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