Peur de l'avion ? Comprendre et essayer de maîtriser sa phobie

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Rodolphe Oppenheimer, édité par la rédaction
Publié le 27 juin 2017 - 17:05
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Avion de la compagnie aérienne Ryanair, le 1er septembre 2010 à Barcelone
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© JOSEP LAGO / AFP/Archives
La phobie de l'avion est un handicap notamment au moment des vacances.
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L'avion, pourtant le moyen de transports le plus sûr, génère chez certaines personnes une peur phobique que l'on ne retrouve sur aucun autre moyen de transports. Une gène qui n'est pourtant pas une fatalité. Pour "FranceSoir", le psychanalyste Rodolphe Oppenheimer livre ses conseils.

L'avion est et reste le moyen de transport le plus sécurisé. Quoi qu'il en soit: les personnes atteintes de phobies refusent de se raisonner. Consciemment ou non, l'avion a trois phases de représentation. Il est un des moyens vers les paradis de ce monde, il ne s'agit que d'aller d'un point à un autre ou il est vu comme un habitacle morbide tout de fer, certains se sentent étouffer, ou privés de leur liberté.

> D'où provient cette inquiétude?

Les personnes souffrant de terreur liée à l'avion se font du mal bien avant d'embarquer. Ils se demandent s'ils doivent choisir ce moyen de transport à l'instant même où ils préparèrent leurs vacances. Quand ils réussissent à retrouver leur raison, ils mémorisent pour autant la peur que ce déplacement leur inspire.

Près10% de la population se déplace de ce moyen de locomotion. Statistiquement, nous parlons pourtant du moyen de transport le plus sûr au monde. La simple idée de voler offre à l'esprit tous les scenarios possibles. Il devient un moteur d'idées fortement gênant pour les esprits les plus sensibles.

Quand nous découvrons un crash aérien, les images montrées par les médias sont des plus sensationnelles, elles décrivent cette occurrence mêlée à la détresse des victimes. Ceci crée à chaque accident un immense trauma pour les spectateurs. Arrive ensuite la séquence de recherche des boites noires, cette espèce de chasse au trésor morbide avec un décompte à la James Bond. Ce processus et ce relais d'information qui tourne en boucle est terriblement anxiogène pour un phobique

> L'avion, un choix binaire

Primitivement, l’angoisse a vocation à nous faire connaître un risque possible ou probable: elle fait appel à toute notre énergie face à un possible danger. Dans un avion, il est difficile de prendre nos marques. Pendant une traversée, il est complexe de connaître la signification de chaque son, ou la logique générant les trous d'air... Notre esprit s’associe à notre corps pour ressentir l’ensemble des variations que l’on trouve peu habituelles. Chaque minute peut laisser imaginer à un phobique que sa dernière heure est arrivée.

> Comment dépasser sa phobie de l’avion?

"Si dieu avait voulu voir l’homme voler, il lui aurait fourni des ailes!", se disent les grands inquiets. Ils éprouvent une grande souffrance à ne pas pouvoir quitter ce lieu clos à l’inverse d’un véhicule automobile avec laquelle il est si simple de se mettre sur le bord de la route, de retourner en terrain connu. L'avion demande un choix: monter ou pas? Une fois installé, l’avion dans les nuages, ne demandez plus à l’hôtesse de faire poser l’avion.

On distingue dans ce type de phobie trois groupes distincts: la claustrophobie, l'aviophobie et l'agoraphobie. Prenant ce cadre, tous commentaires cartésiens n'accrochent plus la raison. La terreur sait atteindre son comble. La proie de ces ressentis perd passagèrement une partie de son identité et se sent comme un petit enfant en danger.

> Ne pas prendre l'avion, c'est oublier de vivre 

Les parents phobiques communiquent leur inquiétude à leurs enfants en les protégeant parfois trop. Pour un bambin, ce qui l'éloigne de ses parents est synonyme de péril. Un grand nombre de situations ressuscitent ces phobies et leurs intolérables signes (peur de mourir, peur de devenir fou, peur de commettre un acte insensé, etc.). L'angoisse doit se fixer sur quelque chose. Alors, l'angoisse s’interroge:"Pourquoi pas l’avion?".

Il existe une certaine forme de logique dans la phobie: éviter l'avion, c'est éviter de vivre un "risque" et éviter de vivre ce risque, c'est penser que l'on déjouera le stratagème de la mort. Bien heureusement pour les malades qui souffrent, tout n'est pas perdu. Entre psychanalyse, thérapies comportementales et cognitives (TCC), la guérison de cette phobie et de celles qui y sont associées est désormais envisageable grâce à la réalité virtuelle.

Il était impossible de demander à un psy d'accompagner le patient dans l'avion afin de faire ses exercices. Les TCC désensibilisent le phobique de sa crainte. Le professionnel lui fait vivre et comprendre sa peur de façon douce et graduelle. Une fois baigné dans cette réalité virtuelle, le patient va naturellement à son rythme, tout en étant accompagné. Il peut verbaliser, écouter, discerner ce qu'il se passe, sans être paniqué. Il s'agit de reconditionner le schéma cognitif afin de rappeler à son esprit que l'avion est le moyen de voyager le plus sûr au monde. Une véritable mutation qui crée des frayeurs à la phobie elle-même!

Cet article a été rédigé par Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste (http://www.psy-92.fr/). Son dernier ouvrage, Peurs, angoisses, phobies, par ici la sortie! (Ed. Marie B) est disponible en librairie depuis le 15 novembre.

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