Du pis au pot : des éleveurs laitiers créent une marque de yaourts pour valoriser leur production

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Par Murielle KASPRZAK, François D'ASTIER - Riespach (France) (AFP)
Publié le 05 janvier 2018 - 17:47
Mis à jour le 06 janvier 2018 - 16:26
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Les éleveurs français Mathieu Rederstorff, Christophe Antony, Christian Rederstorff et Sébastien Hell, montrent les yaourts de la marque A Güeter! - bon appétit en alsacien - à Riespach, le 13 décembr
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Les éleveurs français Mathieu Rederstorff, Christophe Antony, Christian Rederstorff et Sébastien Hell, montrent les yaourts de la marque A Güeter! - bon appétit en alsacien - à Ri
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Cinquante éleveurs d'Alsace et de Lorraine, fragilisés par la crise du lait depuis trois ans, ont lancé la marque de yaourts A Güeter! - bon appétit en alsacien - pour valoriser leur production et reprendre espoir.

"Les (éleveurs) n'avaient plus le moral depuis trois ans avec le prix (du lait) et les fermes qui arrêtent", raconte Michel Rohrbach, éleveur à Wittelsheim (Haut-Rhin) et président de la section lait à la FDSEA 68, à l'origine du projet A Güeter!, en gestation depuis mars 2016.

"On se demandait comment on allait faire pour passer le cap", se souvient Christian Rederstorff, éleveur à Riespach (Haut-Rhin). "On devait prendre une initiative: tout lâcher ou essayer de vendre notre lait pour plus que presque rien", ajoute-t-il.

La crise laitière de 2015 a frappé de plein fouet son exploitation de 180 vaches laitières. "Il a fallu diminuer le salaire, mais les 70 heures de travail par semaine n'ont pas bougé", affirme M. Rederstorff.

En octobre, pour la semaine du goût, 50.000 pots déclinés en trois parfums - nature sucré, framboise et pommes-cannelle - ont été commercialisés dans 200 magasins de la grande distribution.

Aujourd'hui, les yaourts A Güeter! garnissent les rayons d'environ 80 magasins en Alsace et Lorraine et ne cessent d'étendre leur territoire. Des enseignes situées à Lyon ou Reims, et même en Allemagne, sont intéressées, selon le groupe d'éleveurs.

Du pis de la vache au pot de yaourt, les 50 éleveurs alsaciens et lorrains ont participé à l'élaboration de la recette, au choix du packaging et du contenant.

"De la crème, du lait et de la confiture dans un pot en verre", détaille avec fierté Robert Dieudonné, à la tête avec deux associés d'un troupeau de 190 vaches laitières à Noers (Meurthe-et-Moselle).

"Le marketing, le développement de produit, la négociation... Ce sont des nouveaux métiers. Certains d'entre nous ont suivi des formations", explique Matthieu Rederstorff, trentenaire et associé de son père Christian.

- "Une lueur d'espoir" -

Dans les négociations avec la grande distribution, le groupe d'éleveurs a désormais son mot à dire.

"Les discussions sont parfois musclées, mais ils nous respectent, car nous sommes ceux qui fabriquons la matière première", estime Christian Rederstorff.

Ils ont "fortement conseillé" aux enseignes de vendre les deux pots 1,49 € les nature sucré et 1,59 € ceux aux fruits.

Le litre de lait destiné à la fabrication de yaourts est acheté aux éleveurs 0,50 euro le litre, alors que les laiteries les rémunèrent aux alentours de 0,30 euro le litre.

Un prix qui "ne couvre pas le coût de production", reconnaît Robert Dieudonné.

Certes, la part de lait dédiée à A Güeter! ne représente qu'une infime partie de la production totale des fermes, mais "c'est une lueur d'espoir", assure M. Rederstorff. "Moralement, ça fait du bien", renchérit Michel Rohrbach.

"On ne s'attendait pas à un tel engouement, ça fait plaisir", sourit le paysan lorrain de 29 ans, citant l'exemple d'un éleveur qui avait perdu tout espoir avec sa soixantaine de vache et a retrouvé un élan grâce au projet.

Les yaourts, transformés par une laiterie locale, ont aussi permis aux agriculteurs de retrouver un lien avec le public. "On veut que les consommateurs soient acteurs de notre marque", souligne Michel Rohrbach.

Lors d'animations dans les supermarchés assurées par plusieurs éleveurs, ils sont invités à choisir parmi six parfums - nature, mirabelle, quetsche, cerise, myrtille et pain d'épices - les deux variétés qui seront commercialisées en 2018.

"Quand on discute avec les gens lors des animations, leurs encouragements nous motivent", résume M. Rederstorff qui y voit un moyen supplémentaire pour lutter contre ce qu'il appelle "la solitude de l'agriculteur".

"Ce qui est bien dans cette histoire et dans ce concept, ce sont les échanges (...) Ce n'est pas juste une histoire économique, c'est une histoire humaine", se réjouit M. Rohrbach.

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