Une cérémonie religieuse shintoïste en plein Paris pour le lancement d'un nouveau saké
Un prêtre shintoïste ouvre un rouleau où les idéogrammes se succèdent, psalmodie une longue prière pour s'attirer la bonne grâce des "kamis", devant un parterre d'officiels baissant la tête avec déférence, devant une foule silencieuse. Tout le monde est réuni pour prier sur la bonne fortune du lancement d'un nouveau saké produit dans la petite ville de Meiwa. Sauf que nous ne sommes pas ici dans le lieu de production de la petite ville de la préfecture de Mie, ni même à Tokyo, mais en plein Paris. C'est en effet à la Maison du Saké -la bien nommée- dans le IIe arrondissement de Paris que se déroule cette scène peu banale pour la capitale hexagonale. C'est pourtant là que les producteurs du saké "Shinto no Inori" ("la prière de la cité divine" en japonais) ont décidé de lancer à l'international leur produit. La faible production de cette minuscule appellation (la première production ne compte que... 480 bouteilles) ne devrait pas leur permettre de trouver une place de choix dans le marché, qui commence à être concurrentiel, du saké en France. Qu'importe: les promoteurs de ce saké visent un autre objectif, celui de faire découvrir l'aspect historique et culturel de leur produit, le considérant non pas comme une source de profit, mais une manière de lutter pour conserver une activité sur le territoire.
Car si la ville de Meiwa est située non loin d'Osaka et de Nagoya, deux des principales mégapoles de l'archipel, cette zone rurale continue à voir disparaître ses activités. Miné par le vieillissement, la désertification et le désintérêt d'une partie de la jeunesse pour la vie parfois austère de la campagne japonaise, le territoire lutte. Et les pouvoirs publics ont décidé de prendre les choses en main et de se faire connaître. La ville s'est donc associée avec l'université Kogakkan -l'une des deux seules au Japon qui offre un enseignement pour devenir prêtre shinto- pour réaliser ce saké au goût doux et fruité. Les étudiants ont donc planté à la main dans les rizières le riz nécessaire à la fabrication du liquide translucide et ont supervisé à l'aide de brasseurs locaux la production de cet alcool qui tire à 16 degrés. Les pouvoirs publics, et des partenaires privés, se sont chargés du financement et de la promotion du produit. Promotion qui ne passe dont pas par le glamour d'une "soirée de lancement" habituel à base de VIP et à renforts de paillette. Non, chez "Shinto no Inori", on préfère jouer la carte des dieux que celle des stars. Il faudra bien cela au moins pour exister face aux quelques 1.200 brasseurs de saké que compte l'archipel.
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