Une journée particulière pour les clients du restaurant de Bocuse
Le personnel n'a rien laissé paraître et des clients n'ont appris la nouvelle qu'en sortant de table: drôle d'ambiance samedi à l'Auberge trois étoiles de Paul Bocuse, où le pape de la cuisine s'est éteint à quelques mètres de son restaurant.
Vers 14H00, le service bat son plein et rien ne laisse supposer que "Mr Paul", 91 ans, est mort dans la matinée. Dans les cuisines visibles de l'entrée, une dizaine de personnes s'affairent, tandis que des voix s'échappent des salons où officient des serveurs souriants.
Pour Jean-Noël Gaunet, ce déjeuner d'anniversaire restera "gravé à jamais". Il cherchait la date de naissance de Bocuse sur son smartphone quand il y a appris son décès: "Ca m'a fait un choc ! J'ai eu l'air tellement surpris qu'un serveur est venu me voir et m'a seulement dit que Paul Bocuse était avec un médecin", raconte-t-il à l'AFP.
"Le personnel était souriant, comme si de rien n'était, ils n'ont rien laissé paraître", confirme son épouse, Anne-Marie.
C'est aussi sur son portable, en recevant une alerte au cours du repas, que Sefer Derici, invité par son épouse pour ses 35 ans, a appris la nouvelle.
"Le personnel a poussé le professionnalisme jusqu'au bout", souligne ce chargé d'études qui "rêvait de venir dans cet endroit mythique". Pour lui, "déjeuner ici le jour de son décès, c'est très émouvant. C'est la gastronomie française à l'état pur".
- 'Professionnalisme' -
Venu avec des amis, Bruno Chorier, quant à lui, ne se doutait de rien et se dit "choqué" d'apprendre, à sa sortie du restaurant, le décès du chef.
Son ami Gilbert est tout aussi interloqué: "On a demandé de ses nouvelles au serveur et on nous a répondu qu'il se reposait", dit-il.
Parmi les autres clients, Véronique et Jean-Paul ont appris la nouvelle avec cette réponse "un peu bizarre" - "jour particulier dans ce restaurant" - aux photos de leurs assiettes envoyées à des amis par SMS.
"On était complètement décalés, ça a été le choc", confie la quinquagénaire qui se "souviendra toujours de cette date".
"Chapeau pour les serveurs, ça a dû être une journée très dure", ajoute son mari qui salue leur "très grand professionnalisme".
Ce déjeuner restera aussi "gravé dans la mémoire" de Jean-Louis Finot, un Parisien de 68 ans qui déjeunait pour la première fois chez Bocuse et "espérait le rencontrer". "Ce qui m'a touché, c'est que le personnel avait l'air très attaché à cet homme. Ils sont restés très dignes, ils ont fait leur job."
Dans la cour de l'établissement, plusieurs employés ont déposé des gerbes de fleurs autour de la statue de Monsieur Paul, assis et souriant.
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