Vin rosé : "on assiste à une naissance", selon l'oenologue Michel Rolland
De gros efforts ont étés faits par les vignerons français produisant du rosé pour améliorer la qualité de leurs produits. En tant qu’œnologue, diriez-vous que la montée en gamme de ce vin est une réalité?
Nous étions, il y a de cela encore quelques années, dans une qualité qui n'existait pas. Les rosés étaient plutôt mauvais et pas du tout séduisants. Mais depuis une dizaine d'années maintenant, les qualités n'ont fait qu'augmenter, les rosés sont aujourd'hui des vins à part entière et on trouve désormais dans les rosés des personnalités intéressantes. Ce n'est même pas une amélioration, c'est carrément une naissance, et pas une renaissance parce que ça n'avait jamais existé.
Faites-vous le même constat pour les rosés étrangers?
A l'étranger, il y a de bons rosés. En Espagne par exemple, notamment ceux de la Rioja (petite région du nord du pays, NDLR). Mais dans les pays du Nouveau monde en général, les rosés sont un tout petit peu plus difficiles parce que les degrés alcooliques sont assez élevés. Et un rosé qui fait 14°, ça ne marche pas très bien... Disons que les lendemains sont un peu difficiles... Il faut dire aussi que nous avons, en France et surtout dans le Sud, des cépages adaptés à ce vin, ce qui manque un peu au reste du monde. Les vins d'Amérique du Sud, par exemple, sont élaborés avec de la syrah, d'où leur manque de finesse et d'élégance.
"Un bon rosé, c'est celui qui laisse un lendemain tranquille"
Comment reconnaît-on un bon rosé?
Un bon rosé, c'est celui que vous prenez plaisir à boire au moment où vous le buvez, et qui laisse un lendemain tranquille (sourire).
Très bien, mais quels conseils donneriez-vous à un consommateur un peu perdu devant un rayon "rosé" de grande surface?
C'est toujours compliqué sans références. Le seul avantage du rosé par rapport au vin rouge ou à certains vins blancs, c'est qu'il n'y a pas besoin de casser le porte-monnaie pour boire quelque chose de bien. Mais après, ce n'est pas marqué sur la bouteille que c'est un bon vin... Ce que je dirais, c'est que le pourcentage de rosés inintéressants est désormais très faible. Après, si l'on cherche la valeur sûre, les vins de Provence, légers, peuvent être un bon choix, même s'il existe également de très bon rosés de Bordeaux, qui sont un peu plus charnus et conviennent peut-être plus à d'autres consommateurs. Le mieux finalement, et compte tenu des petits prix, c'est encore de goûter, de tenter, et de voir ce qui vous plaît!
Quels plats un vin rosé peut-il accompagner?
L'une des qualités de ce vin, c'est qu'il peut accompagner à peu près tout, et à tout moment! Il accompagne les salades, car il supporte le vinaigre, ce qui est rare, mais aussi les grillades, un rôti, une viande blanche... il passe très bien avec presque tout. Alors, il faut être réaliste, ce ne sera peut-être pas le plus grand plaisir gastronomique que l'on peut imaginer, mais est-ce vraiment ce qui est attendu du rosé? Seul erreur à ne pas commettre: l'accompagner d'artichauts ou d'asperges. Deux aliments qui par ailleurs ne vont avec aucun vin, rosé ou autre…
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