Zoo d'Amnéville : le tigre comme moteur

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Pierre Plottu
Publié le 27 octobre 2014 - 15:38
Mis à jour le 01 juillet 2021 - 21:28
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Les grands fauves ont fait la réputation du zoo d'Amnéville.
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Né il y a moins de trente ans de la passion de deux amoureux des animaux, et plus particulièrement des fauves, le zoo d’Amnéville, en Moselle, est peu à peu devenu l’un des plus visités de France. Un exploit pour cette entreprise entièrement autofinancée et qui se revendique tout autant comme un acteur de la sensibilisation du public que de son divertissement.

Les zoos sont bien souvent synonymes de journée en famille au cours desquelles les parents (re)découvrent les animaux exotiques et où les enfants s’émerveillent devant la puissance tranquille des éléphants ou des grands fauves. Mais un zoo, et notamment celui d’Amnéville (près de Metz, en Moselle), c’est aussi une entreprise. Une fourmilière, même, qui s’active pour le bien-être de son public et de ses pensionnaires.

Ainsi, sur les 120 employés (jusqu’à 200 en haute saison) que compte le zoo, ils sont une soixantaine de soigneurs à s’occuper des 2.000 animaux du parc. Ce sont eux qui, par exemple, distribuent les 600 kilos de viande, les 300 kilos de poissons, la tonne de foin et les quintaux de céréales et de graines qui constituent la ration journalière des différents animaux.

Faire venir et revenir

"Depuis sa création, le Parc zoologique d’Amnéville est réputé pour sa très grande collection de fauves. Mais, au fil des ans, nous avons élargi notre champ d’action à de nombreuses espèces, comme les rhinocéros, les éléphants, les girafes et bien d’autres", explique à FranceSoir Hervé Santerre, directeur zoologique du parc. "Chaque année, nous nous efforçons de proposer de nouvelles espèces et nous en avons aujourd’hui 360 dont certaines sont très fragiles, ce qui nécessite beaucoup de monde pour s’en occuper", poursuit-il.

Ce qui est peut-être le plus étonnant est que le parc, bien que tenu légalement à une mission de conservation et de pédagogie comme tous ses homologues en France, ne bénéficie d’aucune subvention. "C’est un choix purement volontaire, par souci de rester à 100% des puristes animaliers, sans se soucier du reste", affirme le directeur. Le revers de la médaille est qu’il faut arriver à faire vivre un zoo dont les seuls frais de fonctionnement s’élèvent à plus de 30.000 euros par jour.

Situé dans une région qui ne figure pas au rang des plus touristiques de France, le parc zoologique réussit pourtant à attirer de nombreux visiteurs: près de 600.000 en 2013 (un peu moins en 2014, du fait d’une météo capricieuse), ce qui en fait le troisième plus visité, après Beauval (Loir-et-Cher) et La Palmyre (Charente-Maritime). Un succès qui lui permet de s’autofinancer grâce à la vente des tickets d’entrée (33 euros, contre 26 euros pour le zoo de Beauval, ou 22 euros pour celui de Vincennes, près de Paris). 

Le succès du parc, fondé en 1986 par Michel Louis et Jean-Marc Vichard, était pourtant loin d’être écrit à l’avance. Néophytes, les deux hommes ont eu l’idée de miser à fond sur les investissements (en animaux, infrastructures, décors…) ainsi que sur la publicité pour réussir à faire vivre leur rêve de passionnés. Leur objectif: faire venir et revenir les touristes.

Le parc propose de nombreux spectacles et animations. ©DR

Grâce à cette politique, de nouvelles animations voient le jour tous les deux ans maximum et la superficie du parc est passée d’à peine 6 hectares à ses origines à plus de 17 aujourd’hui. Cela représente un parcours de 5 kilomètres, ouvert tout au long de l’année et émaillé de nombreux spectacles et animations (fauconnerie, repas des animaux, shows d’otaries…). 

Enfin, le parc consacre chaque année 1,2 million d’euros en publicité, "soit environ 10% de son budget total", assure Hervé Santerre. Et ça marche: selon une étude basée sur les avis des internautes réalisée cet été par le site de voyage TripAdvisor, Amnéville est le troisième "plus beaux parc zoologique de France".

Mieux, cette Scop (Société coopérative et participative) peut même s’offrir le luxe de financer, à hauteur de 500.000 euros l’an dernier, près d’une vingtaine de programmes de conservation d’animaux dans leur milieu naturel à travers le monde. 

"Cela nous tient à cœur", affirme Hervé Santerre, pour qui le zoo d’Amnéville est avant tout un nid de passionnés engagés en faveur de la protection animalière. Ainsi, si le parc est bien une entreprise, son directeur assure que la pédagogie et la conservation des espèces sont ses raisons d’être.

"Tiger World"

Travaillant beaucoup avec les écoles de la région, le zoo y envoie même ses spécialistes pour sensibiliser les enfants à la protection des animaux et à l’impact de l’Homme sur la nature et les écosystèmes.

"Le tigre notamment est une espèce très menacée et sera probablement la prochaine à disparaître", assure Hervé Santerre. Pour agir contre ce constat alarmant, le parc zoologique, dont l’un des fondateurs Michel Louis est un passionné des fauves ayant commencé par le cirque, fourmille de projets. 

Le plus important d’entre eux est le futur "Tiger World", un spectacle qui doit ouvrir ses portes en avril 2015. Dans une salle chauffée de 2.000 places assises, noyée dans un décor de jungle cambodgienne, les félins, encadrés par un dompteur, y seront à l’honneur avec pour objectif de mettre en valeur leurs comportements naturels.

Un projet pharaonique de plus de 15 millions d’euros qui devrait même propulser le parc "au premier rang mondial en ce qui concerne la conservation de ces grands prédateurs", à en croire Hervé Santerre. Un statut de premier plan qui prouverait que, même s’il est difficile à trouver, l’équilibre entre conservation, pédagogie et équilibre financier est possible.

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