Alzheimer : un jeu vidéo pour lutter contre la maladie
A l'occasion de la journée mondiale d'Alzheimer, des médecins de l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM) et l'institut Claude-Pompidou ont présenté une nouvelle sorte de thérapie: la thérapie par le jeu vidéo. En collaboration avec des ingénieurs du studio Genious ils ont mis au point un "serious game" (logiciel qui conjugue la dimension ludique d'un jeu classique avec un enjeu extérieur), encore en phase de test, qui permettrait de ralentir les effets de cette pathologie dont souffrent actuellement 900.000 personnes en France.
S'adressant aux patients atteints d'une forme légère d'Alzheimer, ce jeu plonge son utilisateur dans un univers aquatique où il se retrouve aux commandes d'un sous-marin et doit torpiller les cargos qui naviguent aux alentours grâce aux mouvements du corps. "Le jeu agit sur trois volets. Il affecte la motricité, les capacités cognitives et la motivation. L'apathie est un symptôme majeur d'Alzheimer. Faire bouger les patients âgés avec une activité suffisamment intense, c'est déjà un succès", explique ainsi le professeur Philippe Robert de l'Institut Claude-Pompidou, à Libération.
Afin de tester l'efficacité thérapeutique de cet outil, le laboratoire Brain e-novation a mené un essai clinique auprès de vingt patients, âgés de 84 ans en moyenne, au rythme de trois séances de jeu d'une demi-heure chaque semaine durant deux mois. Les résultats, qui seront publiés d'ici la fin de l'année, sont "largement positifs", assure Libération. "Le jeu vidéo s'avère particulièrement efficace quant à l'amélioration de l'attention et de la concentration", poursuit Philippe Robert.
Par ailleurs, cet outil ludique devrait également aider au suivi des patients. En effet, le studio Genious a prévu de mettre en place une plateforme en ligne baptisée "Curapy" qui servira d'interface entre le malade et son médecin. Ce dernier pourra visualiser les performances et évolutions du patient au cours du jeu et lui proposer un programme en fonction de ses résultats.
Réduits pour l'instant à une pratique encadrée par les thérapeutes, les "serious games" de santé se développent de plus en plus de par le monde. En Nouvelle-Zélande, par exemple, des chercheurs de l'Université d'Auckland ont mis au point un jeu vidéo en 3D ayant pour but de traiter la dépression clinique chez les adolescents. En France, l'éditeur de jeu Ubisoft a quant à lui développé Amblyotech, un jeu vidéo qui permettrait de réduire l'amblyopie, maladie oculaire dont souffre 3% des enfants dans le monde.
Mais si ces jeux ont vocation à long terme à entrer dans la sphère privée, il reste encore du chemin à faire, estime Libération. Il faudra en effet convaincre les médecins à appliquer cette méthode "peu orthodoxe", puis, dans le cas du "serious game" contre Alzheimer, il faudra familiariser les personnes âgées avec l'usage d'une console de jeux. Pour cela, Brain e-novation compte sur l'entourage du malade, surtout les petits enfants, et le jeu multijoueur.
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