Blocages des raffineries : vers une pénurie de carburant ?
La présidente de la FNSEA, principal syndicat des agriculteurs, a annoncé jeudi 31 un blocage des raffineries à travers toute la France à partir du 10 juin, laissant craindre un nouvel épisode de pénurie de carburant comme ceux qu'a déjà connus la France suite à la grève des routiers au printemps 2017 ou celle des salariés du secteur pétrolier en 2016.
Fustigeant plusieurs mesures du projet de loi Agriculture et Alimentation, "le réseau FNSEA/JA va se mobiliser à l’échelle nationale à partir du 10 juin. Dans l’ensemble de nos régions, les agriculteurs vont bloquer des sites stratégiques", a fait savoir la fédération dans un communiqué de presse.
Jeudi, sa présidente a annoncé dans l'Union que les raffineries et dépôts de carburant seraient visées. Une décision qui fait notamment référence à la réouverture de la raffinerie Total de Mède qui utilisera 50% d'huile de palme, soit "au plus 300.000 tonnes par an" selon le groupe.
Voir: Huile de palme - la FNSEA annonce un blocage des raffineries à partir du 10 juin
Mais c'est au nom d'un ras-le-bol plus général et de problèmes ancrés dans le secteur agricole depuis plusieurs années que la FNSEA a décidé de mener cette action. Contactée par France-Soir, elle assume qu'il "fallait trouver un moyen pour viser l'Etat". Il s'agit donc de mettre la pression sur les pouvoirs publics et pour cela "tous les lieux de stockage, toutes les entrées des raffineries vont être bloqués".
Le risque de pénurie de carburant serait donc bien réel mais dépendra de la durée de la mobilisation puisque l'épuisement des stocks en station-service ne se fait pas en un jour. Mais il peut être favorisé par un effet de panique et une ruée vers les pompes.
Lire aussi: Pénurie de carburant: comment savoir si une station-service est à sec?
A titre d'exemple, lors des blocages de 2017, 1.500 stations-service étaient en pénurie partielle ou totale après cinq jours de blocage sur les 12.000 que compte la France. Mais ce chiffre a priori rassurant peut être trompeur car les stations touchées sont souvent regroupées dans une même zone géographique. Difficile dans ce cas-là de se rabattre vers la pompe suivante.
Le recours à l'huile de palme est dénoncé car elle est cultivée hors de France alors que"les agriculteurs ont un autre projet, produire du colza et du tournesol français, produire de la qualité, produire des biocarburants, produire des protéines à travers les tourteaux, produire de l’avenir tout simplement". Une situation qui cristallise donc la question persistante de la concurrence des autres pays, où les standards de qualité et contraintes sont parfois moins importants qu'en France. La FNSEA demande donc à l'Etat des mesures pour réellement favoriser la production hexagonale et ses qualités.
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