Data poisoning : quand l’utilisateur lambda lutte contre la puissance des GAFAM
Alors que les GAFAM tirent une grande partie de leurs revenus et de leur puissance commerciale de la collecte massive des données des utilisateurs, une forme de résistance est possible. En faisant plus attention à l'information partagée, en bloquant la collecte et même en partageant des données qui induisent en erreur, l’utilisateur fait obstacle aux géants de la technologie, à son échelle. Des chercheurs se sont lancés dans l’étude de ces méthodes de résistance, et ils appellent cette opportunité, pour les utilisateurs de saboter la collecte de données, le “data poisoning” ou “obfuscation” des données.
Exploiter la dépendance envers nos données pour réduire l'efficacité des services des plateformes
Selon des chercheurs de Northwestern University, grâce à la dépendance des plateformes envers les données des utilisateurs, ces derniers ont la possibilité d’exercer une pression pour changer le comportement des entreprises technologiques en matière de confidentialité, d'inégalité économique, de modération de contenu et autres. En réduisant, en arrêtant, redirigeant ou manipulant l’apport de données, le public peut nuire à l'efficacité de nombreuses technologies lucratives.
La manipulation des données n’est plus réservée aux hackers
Pour Helen Nissenbaum et Finn Brunton, chercheurs activistes à l’université de New York, l’obfuscation ou « obscurcissement » sont les techniques et principes créés pour rendre les données personnelles plus difficiles à collecter, moins révélatrices et plus difficiles à analyser. Ces techniques ne sont plus réservées à des hackers, elles sont maintenant à la portée de tout le monde, en fournissant simplement de fausses informations lors de l'inscription sur un site de réseau social, par exemple. Dans leur livre “Obfuscation, A User’s Guide for Privacy and Protest” ils expliquent qu’en insérant des données trompeuses, on peut déjà saboter la puissance des géants du net. Des “armes du faible” existent pour faire face à la puissance des GAFAM. Pour que le data poisoning soit efficace, il est nécessaire que l’obfuscation soit persistante. Des outils existent pour empêcher les technologies d'effectuer des prédictions et modèles corrects. Pour tromper les algorithmes sophistiqués auxquels les GAFAM peuvent avoir accès, les chercheurs de la Northwestern University évoquent par exemple l’utilisation d’AdNauseam, une extension de navigateur qui clique sur chaque annonce qui vous est proposée, déroutant ainsi les algorithmes de ciblage publicitaire de Google. Les chercheurs indiquent aussi que le plus fort impact se produit quand les utilisateurs agissent de manière massive, comme lors de l’exode de Whatsapp vers Signal.
Du maquillage : du data poisoning pour tromper la reconnaissance faciale
Enfin, la recrudescence de la surveillance et du traçage, non seulement à l’aide des données numériques, mais aussi avec les caméras de surveillance, réveille l’instinct de protection des citoyens. À Londres par exemple, un collectif de manifestants pacifiques est né pour promouvoir l’utilisation de maquillages colorés avec des formes et compositions géométriques pour tromper la reconnaissance faciale.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.