Des toxiques dans les cosmétiques : "c'est indubitablement du lobbying" pour l'UFC-Que Choisir
L'UFC-Que Choisir a relevé la présence de substances indésirables dans 400 produits cosmétiques. Selon Olivier Andrault, chargé de mission au sein de l'association, certains peuvent être dangereux selon l'utilisation qui en est faite. D'où la nécessité de bien lire les étiquettes, mais aussi de faire évoluer la réglementation, malgré l'influence des lobbies et parfois le peu de cas que font les administrations des expertises scientifiques.
>La présence de composés indésirables dans 400 produits cosmétiques. Cela signifie-t-il qu'ils sont tous dangereux?
"Cela dépend de la molécule concernée, de son utilisation et du type de consommateur. Par exemple la toxicité du phenoxytanole (un conservateur mauvais pour le foie, NDLR), se joue à un niveau différent de sensibilité entre les bébés, les enfants et les adultes, et selon le temps d'exposition. C'est pour ça que les experts font la différence entre des produits +rincés+ ou +non rincés+ comme les crèmes.
"On considère qu'il y a un risque significatif pour les bébés dans des produits non-rincés. Pour les enfants le risque est moyen et il est absent chez les adultes. Cela montre qu'on doit regarder le type de produit.
"Autre exemple, le BHA (un antioxydant), est actif comme perturbateur endocrinien à des doses extrêmement faibles, différentes du niveau de toxicité. Il pose un risque significatif sur tous les types de publics: femmes enceintes, bébés, enfants, adultes et qu'il s'agisse de produits rincés ou non. Il n'y a pas de réponse unique. C'est pour ça que nous avons créé des fiches produits".
>Comment expliquer qu'existe des différences entre les taux maximums recommandés par les scientifiques et ceux imposés par la loi?
"La science n'est pas une vérité qui tombe du ciel. Différents experts émettent des recommandations qui ne sont pas toujours les mêmes au niveau français, européen ou international. Le plus embêtant c'est qu'entre le moment où un groupe d'experts recommande de restreindre ou supprimer l'utilisation d'un composé et la mise en œuvre de ces recommandations, il va se passer beaucoup du temps.
"Les rouages de la réglementation ne reposent malheureusement pas que sur les recommandations des experts. Ça se fait aussi dans la négociation avec les professionnels qui vont dire: +on a investi beaucoup, on a des stocks, c'est compliqué, ça va nous coûter de l'argent+. C'est comme ça que ça se passe. Il y a des négociations avec les pouvoirs publics. Il y a toujours des temps de mise en œuvre. C'est ça qu'on regrette. Certains allergènes présents dans les parfums ne vont être interdits qu'en 2021. Les industriels vont aussi jouer sur les doses, sur tous les facteurs possibles.
"C'est indubitablement du lobbying. Mais le lobbying ça se fait à deux. Ce n'est pas uniquement le représentant d'une industrie qui va voir une administration. C'est aussi une administration nationale ou européenne qui va juger cette argumentaire valable même s'il est en contradiction avec les recommandations des scientifiques".
>Si vous aviez un conseil à donner à ceux qui se demandent désormais que faire des produits présentes dans leur salle de bain, quel serait-il?
"Lisez les étiquettes et munissez-vous de notre carte repère où se trouvent les 11 molécules ou groupes de molécules qu'il faut éviter. Et parfois chaussez vos lunettes, car la liste des compositions est obligatoire dans la réglementation européenne, mais parfois ce sont des noms un peu compliqués. La liste des 400 produits concernés est également sur notre site pour retrouver des produits que vous aurez éventuellement déjà acheté".
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