Meurtre de Sophie Lionnet : le calvaire d'une jeune au pair au procès à Londres

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Par AFP - Londres
Publié le 19 mars 2018 - 05:00
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Des fleurs déposées après une marche le 8 octobre 2017 à Londres en hommage à Sophie Lionnet, une jeune fille au pair française retrouvée morte en septembre
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© NIKLAS HALLE'N / AFP/Archives
Des fleurs déposées après une marche le 8 octobre 2017 à Londres en hommage à Sophie Lionnet, une jeune fille au pair française retrouvée morte en septembre
© NIKLAS HALLE'N / AFP/Archives

La jeune au pair française Sophie Lionnet, dont le corps calciné avait été retrouvé dans le jardin de ses employeurs en septembre 2017 à Londres, a vécu un véritable calvaire pendant les vingt mois qui ont précédé sa mort, a décrit lundi le procureur.

La jeune fille de 21 ans vivait comme une "prisonnière" et était "maltraitée", selon l'acte d'accusation lu à l'ouverture du procès de ses meurtriers présumés, un couple de Français, devant la cour criminelle d'Old Bailey à Londres.

Victime de "violences" pendant des mois, elle dormait dans la chambre des enfants, sur un lit superposé, et vivait sous l'emprise de ses employeurs, qui la nourrissaient peu et la battaient, selon des voisins.

Ouissem Medouni, âgé de 40 ans, vêtu d'un costume sombre, et Sabrina Kouider, 35 ans, habillée de noir, étaient tous deux dans le box des accusés. Ils plaident non coupable pour le chef d'accusation de meurtre. Ouissem Medouni plaide lui coupable pour entrave au fonctionnement de la justice.

Sophie Lionnet était arrivée à Londres en janvier 2016, employée comme jeune fille au pair pour s'occuper des deux enfants de Sabrina Kouider. Son corps avait été retrouvé par les pompiers le 20 septembre 2017. Les autorités avait été alertées par des voisins, intrigués par un feu dans la zone résidentielle de Southfields, dans le sud-ouest londonien, et resté allumé pendant une durée "anormalement longue".

"Sans cette vigilance, les deux accusés auraient pu s'en sortir impunément malgré leur meurtre", a souligné le procureur, Richard Horwell. Il a précisé que le cadavre de la jeune fille présentait également de nombreuses fractures, au sternum, aux côtes, ou à la mâchoire.

Dans des messages envoyés à sa mère via Facebook, Sophie Lionnet exprimait dès août 2016 son souhait de rentrer en France. "Si j'avais les moyens de m'acheter un billet et de prendre un taxi, je l'aurais déjà fait". A peine payée, Sophie Lionnet n'a, pendant toute cette période, jamais pu prendre de vacances ou revenir dans sa famille, tandis que ses parents, en proie à des difficultés financières, pouvaient difficilement l'aider.

Les autorités ont également émis l'hypothèse que son passeport et sa carte d'identité avaient été confisqués par le couple. Malgré ses recherches, la police n'a pas pu retrouver ces documents.

- 'Des inventions, des croyances' -

Surtout, la jeune fille au pair a été la cible constante d'accusations formulées par Sabrina Kouider, et qui pourraient avoir conduit au meurtre.

Cette trentenaire était en conflit avec le père de son fils, Mark Walton, membre fondateur du boys band irlandais Boyzone, pour lequel elle avait développé "une obsession". Après leur rupture en 2013, elle a accusé le chanteur de pédophilie, d'agressions sexuelles et de harcèlement, avant de reconnaître la diffamation.

Mais "cette obsession s'est développée", a poursuivi le procureur, "jusqu'à inclure Sophie comme protagoniste". Elle a ainsi reproché à la jeune fille en août 2017 d'avoir permis une rencontre entre son fils et Walton, accusant ce dernier d'avoir drogué et violé l'enfant.

La police a ensuite établi que Mark Walton ne s'était jamais rendu au Royaume-Uni en 2017 et n'a pas donné suite à ces accusations.

D'après le procureur, ces allégations, comme d'autres accusations de vol et de viol à l'encontre de Sophie, ont plus tard été "adoptées" par Ouissem Medouni. "Ces inventions, ces croyances, constituent un élément central de la raison pour laquelle les accusés ont tué Sophie", a affirmé Richard Horwell.

Présents à l'audience, les parents de Sophie Lionnet pourraient ne pas prendre la parole pendant toute la durée du procès. Ils ne disposent pas du statut de partie civile, inexistant au Royaume-Uni. Certaines de leurs dépositions auprès des enquêteurs pourraient néanmoins être lues au cours des quatre semaines de débats.

Leur avocat, Frank Berton, a regretté "un procès qui se tient en catimini". "Il n'y a pas de place pour la défense que nous sommes, il n'y a pas de place pour la partie française", a-t-il expliqué à l'AFP. "Si on n'a pas notre place, je ne vois pas le sens de rester dans la salle des pas perdus".

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