La Chine dévoile un robot capable de couper les câbles sous-marins jusqu’à 4 000 mètres de profondeur

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France-Soir
Publié le 27 mars 2025 - 10:17
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Vidanagama / AFP
Vidanagama / AFP

Les câbles sous-marins deviennent un nouveau champ de bataille stratégique et Pékin franchit un pas dans cette guerre hybride, qui se joue aussi bien sur les réseaux informatiques que dans les profondeurs des océans. Pékin a révélé détenir un robot capable de sectionner des câbles sous-marins dans les fonds marins. L’information a été rendue publique par un média hongkongais, le South China Morning Post, qui explique que la Chine serait le seul pays monde à posséder cet engin, qui peut atteindre des installations jusqu’à quatre kilomètres de profondeur.  

La dynamique passe à un niveau supérieur. Si les États-Unis, la Russie et la Chine sont déjà considérés comme les patrons de la guerre des câbles sous-marins, ce “coupeur de câbles” peut vite chambouler les équilibres. Comme dans de nombreux domaines, les Etats-Unis, qui tentent d’entraver les efforts chinois de gagner du terrain, maintiennent une position dominante. Certes, une part importante du réseau mondial est dominé par Alcatel Submarine Networks (ASN), une entreprise française qui détient 41% du marché et représentant un atout pour l’Occident.  

Jusqu’à 4 km de profondeur 

Mais ASN se partage le réseau mondial avec la société américaine Subcom et le géant japonais NEC dominant ce marché mondial. En outre, 80% du flux transite par les États-Unis. Dans ses efforts pour contrer Pékin, Washington soutient massivement Taïwan, territoire que la Chine revendique, qui domine le marché des semi-conducteurs et qui représente, avec 14 câbles, quatre stations d’atterrage et deux data centers importants, un hub majeur dans le Pacifique.  

Malgré les efforts américains pour limiter son influence, la Chine, à travers des entreprises comme HMN (anciennement Huawei Marine Networks), cherche à étendre sa présence dans le déploiement de câbles sous-marins. Aux routes de la soie terrestres et maritimes, Pékin étend depuis 2015 son projet au digital à travers les câbles sous-marins. L’objectif de la Chine, qui ne pèse actuellement que 10% du marché mondial sur le réseau existant ou planifié, est de dominer 60% du marché mondial des câbles à fibre optique, en ciblant notamment les économies émergentes.  

Mais ce robot semble être davantage positionné comme un outil de dissuasion stratégique, voire de guerre hybride plutôt que comme un moyen de s'imposer sur le marché mondial des câbles. Les révélations le weekend dernier du South China Morning Post, qui a relayé une revue spécialisée de février dernier, interviennent dans un contexte géopolitique marqué par des opérations de sabotage des télécommunications, comme en mer Baltique ou dans le détroit de Taïwan, attribuées à la Russie ou à la Chine.  

Ce submersible, qui est de petite taille à se référer aux plans et images diffusées par le média hongkongais, est fait de titane. Il s’agit d’un bras articulé doté d’une scie circulaire d’un diamètre d’à peine 15 cm, capable de résister aux pressions des fonds marins et ce, jusqu'à 4 000 mètres. Une immersion deux fois plus profonde que celle à laquelle les câbles sous-marins sont ancrés.  

Une menace ou un outil de dissuasion ? 

Accroché à des bathyscaphes qui équipent la marine chinoise, dotée de la flotte de submersibles la plus importante du monde, cet engin, selon les expériences menées jusque-là, “peut découper des câbles renforcés sur un diamètre de 60 millimètres avec un taux de réussite de 100%”. Il est surtout adapté aux tactiques de “zones grises” et de “guerre hybride”, permettant des actions de sabotage tout en maintenant un déni plausible.  

Selon le South China Morning Post, c’est la première fois qu’un pays communique sur un tel dispositif. Le journal s’interroge même sur cette exception faite à la discrétion chinoise sur ses arsenaux, particulièrement ceux pouvant cibler les “nœuds stratégiques” dans le Pacifique, qui relient une douzaine de câbles utilisés par les forces militaires américaines tout comme par Google ou Meta.  

La fabrication par des ingénieurs de ce robot s’écarte-t-elle de l'ambition chinoise de dominer le marché des câbles sous-marins ? Tout en démontrant ses technologies sous-marines avancées, cet outil pourrait tout aussi bien permettre à la Chine de contourner les obstacles rencontrés dans le déploiement de ses propres câbles sous-marins, à commencer par les efforts américains pour limiter l'influence chinoise dans ce secteur. 

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