Adieu l'ami !
Co-vedette du film de 1968 dont j'ai repris le titre, pour l'hommage que je rends ici à celui qui était de « La race des seigneurs » (1974) mais qui n'est pour rien dans « L'assassinat de Trotski » (1971), ce sont sans doute ces mots, « Adieu l'ami ! », que Charles Bronson eût prononcés, à l'enterrement d'Alain Delon, s'il avait pu y assister de son vivant, ce qu'il ne peut pas faire, puisqu'il est décédé, lui, Charles Dennis Buchinsky, le 30 août 2003, à Los Angeles.
Oui. « Le choc » (1962) est grand. Ce matin, dimanche 18 août 2024, Alain Delon a pris place, j'imagine, aux côtés de celui qui fut également son partenaire enjoué dans « Soleil Rouge » (1971), sur « L'échiquier de Dieu » (1963). « Ne réveillez pas un flic qui dort » (1988) nous a-t-il conseillé fort à propos. Mais si, effectivement, mieux vaut être prudent en cette circonstance, techniquement, on peut réveiller uniquement « Un flic » (1972) qui dort, à savoir qui un flic n'est pas déjà réveillé ; en l'occurrence « Le Édouard commissaire Coleman », personnage interprété par « Le Guépard » (1963) dans le film en question ; on ne peut pas le « Tirer du sommeil » (entrée 1 de « Réveiller » dans le dictionnaire). Quant à l'entrée 2, elle nous parle de « Faire renaître, ranimer. » Néanmoins, au risque de décevoir les fans de « L'insoumis » (1964) que Rocco Siffredi (1) est resté toute sa vie, en l'espèce, cela risque d'être extrêmement difficile. Fût-ce avec un « Traitement de choc » (1972).
En effet, si j'en crois Anouchka Delon, sa fille, le caractère funeste de la mort de « Jeff » (1969), semble bel et bien irréversible, voire définitif. J'en veux pour preuve le communiqué officiel conjoint qu'elle a publié à ce sujet, en son nom et celui de ses deux frères :
« Alain Fabien, Anouchka, Anthony, ainsi que (son chien) Loubo, ont l'immense chagrin d'annoncer le départ de leur père. Il s'est éteint sereinement dans sa maison de Douchy, entouré de ses trois enfants et des siens. »
« Le Samouraï » (1976) avait 88 ans. Comme Lino Ventura, Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo, autres icônes du cinéma français qui ont vu leurs admirateurs noyer leur chagrin dans « La Piscine » (1969) de larmes qu'ils ont versées, quand leurs idoles furent victimes de « Les carambolages » (1963) de la vie, Alain Delon a rejoint « Les Félins » (1964), « Les Aventuriers » (1967), « Les Centurions » (1966) et les « Trois hommes à abattre » (1980) qu'ils demeureront, à la fois pour la postérité, et pour les saltimbanques d'aujourd'hui, qui essayent en vain de les égaler un tant soit peu.
Non. « Les tueurs de San Francisco » (1965) auront beau œuvrer pour faire passer de vie à trépas l'aura de « Rocco et ses frères » (1960), rien n'y fera. Ils buteront sur « Le cercle rouge » (1970) que « La Motocyclette » (1968) de « Ho ! » (1968) a tracé les concernant, autour du mot « vedette », sur l'affiche des « Histoires extraordinaires » (1968) qu'ils vécurent toute leur vie durant.
Pour celui qui incarna avec maestria tout aussi bien « Le Professeur » (1972) et « Le Toubib » (1979), que « Le Gitan » (1975), tout à commencé avec « Le Rapt d'Olivier Bourguignon » (1948), premier film dans lequel il a joué. C'était un court-métrage. Un mini-film de 22 secondes, et muet qui plus est. Un comble pour quelqu'un qui, une fois devenu célèbre, fut incapable de la fermer. Tout particulièrement lorsqu'il s'est agi (et non pas « assagi ») de nous faire profiter de ses opinions politiques, des opinions bien tranchées, notamment, c'est logique, sur la peine de mort.
D'ailleurs, voici ce que je vais me risquer à dire, « Diaboliquement vôtre » (1967), pour plaisanter, puisqu'il aimait ça, à propos de « La femme rousse » (1962) qui, en tant que « la grande faucheuse » lui a fait quitter « Le chemin des écoliers » (1959), direction « L’éclipse » (1962) qu'on connaît tous lorsqu'on passe du « Plein soleil » (1960) de l'existence, à « Fantasia chez les ploucs » (1971), quand on est victime de l'« Armaguedon » (1976) personnel auquel aucun de nous ne peut échapper, n'en déplaise à Laurent Alexandre et Yuval Noah Harari. Enterré qu'il va être la semaine prochaine, « maton dit » (2), je propose que ce soit une « Mélodie en sous-sol » (1963) qu'on y joue en guise de marche funèbre, et qu'on remplace la traditionnelle gerbe de fleurs, par « La Tulipe noire » (1964) dont il avait fait son emblème.
Et je propose également qu'on le conduise à sa dernière demeure, dans « La Rolls-Royce jaune » (1964) qu'il avait dans ce film d'Anthony « Asquith » ; un sacré client, lui, au Scrabble, étant donné qu'outre le « Q » qui figure dans son nom (et « H »), il a aussi la chance d'être composé de 7 lettres, ce qu'il faut pour bénéficier d'un bonus de 50 points. En direct depuis chez lui, et non pas en prison, parce que, « le pauvre », sa santé est incompatible avec une incarcération, Pierre Palmade confirme.
« Le diable et les dix commandements » (1962) : le deux poids deux mesures qu'on peut constater, hélas, pour l'application de la loi, au pays des droits de l'homme. « Le clan des siciliens » (1969) d'un côté, une mafia dont les membres échappent toujours à la justice grâce à des non-lieux bizarres, des relaxes généreuses et des acquittements surprenants. Et de l'autre côté, le citoyen lambda qui lui reçoit « Comme un boomerang » (1976) les dispositions législatives qu'il invoque pour sa défense, pourtant à bon droit, devant « Le Gang » (1976) des magistrats parjures (« Je jure de me comporter en tout comme un loyal magistrat, respectueux de la loi et des droits de toutes les parties. »), lorsqu'il s'agit de condamner un innocent. Par exemple pour assurer l'impunité à l'auteur des faits, façon « Texas, nous voilà ! » (1966), car il s'agit d'un copain, ou pire : d'un frère.
Mais qui suis-je pour les juger ?
Et surtout, revenons à Alain Delon.
« Quelle joie de vivre » (1961), il avait « Le Battant » (1983). Et « Les Amours célèbres » (1961) ? Alors la, on peut dire qu'il en a eu ! Entre (dans l'ordre) Brigitte Auber, Michèle Cordoue, Romy Schneider, Nico, Dalida, Nathalie Delon, Maddly Bamy, Mireille d'Arc, Anne Parillaud et Rosalie Van Breemen (pour ne citer que les officielles), il a profité auprès de la gent féminine, d'une quotité nettement supérieure à celle d'un Paul Préboist (coucou Paulo !), qui lui est mort puceau à 70 ans.
« Sois belle et tais-toi » (1957), lui prêtent d'avoir dit à « Christine » (1958), jaloux, ses détracteurs. « Mort d'un pourri » (1967) ont-ils d'ailleurs titré, eux, à l'annonce du décès de « L'homme pressé » (1977). Hé ! « Doucement les basses » (1971) ! Personne ne touche au roi « Scorpio » (1973).
« Parole de flic » (1965), c'est « Un crime » (1993) de dire que le pilote d' « Airport 80 Concorde » (1979) s'est montré à ce point goujat envers de « Faibles femmes » (1959). Qu'il aurait pareillement rudoyé verbalement « La veuve Couderc » (1971) et jeté « L'amour à la mer » (1969) de la sorte.
« Zorro » (1975) est arrivé, telle est l'annonce faite par Henri Salvador (interprète de la chanson) et François Alexandre Galépidès, dit « Moustache » (le Sergent Garcia dans le film), une annonce lancée en chantant, évidemment, quand Alain Delon a franchi « Le Passage » (1986), heureusement sans que Francis Lalanne en profite pour beugler « Pense à moi, comme je t'ai-meuh ! »
Ouf ! « Attention, les enfants regardent » (1978), lui ont-ils hurlé pour qu'il s'abstienne.
Merci. « Un amour de Swann » (1984) qu'il s'est toujours montré, il ne méritait pas ça.
Et bien qu'il finisse décapité dans « Deux hommes dans la ville » (1973), le héros de « Madly » (1969), « Il était une fois un flic » (1972), « Les granges brûlées » (1976), « Flic Story » (1975), « Les seins de glace » (1974) et autres « Big guns » (1973), « Pour la peau d'un flic » (1981), « Téhéran 43, nid d'espions » (1980), il a su garder la tête sur les épaules, « L'ours en peluche » (1994), « Les Cents et Une Nuits de Simon Cinéma » qu'a compté sa fantastique vie d'acteur.
Ah ça, on a tous rêvé au moins une fois que « Notre histoire » (1984) ressemble à la sienne.
La « Nouvelle vague » (1990) ne lui arrive pas à la cheville, affirment des cinéphiles dont je suis. Entre eux et lui, c'est « Le jour et la nuit » (1977). Pour une fois, je suis d'accord avec Bernard Henri-Lévy (réalisateur du film). Remarquez, étant donné que c'est, soit vrai, soit faux, mathématiquement, on a « Une chance sur deux » (1998) de se tromper. Ce n'est pas Vanessa Paradis (vedette féminine du film) qui me contredira.
Et voilà ! Oui. Ça y est : je les ai tous placés, les titres des films dans lesquels il a joué. (3)
Les connaisseurs auront noté qu'il manque « Astérix aux Jeux Olympiques » (2008). J'ai fait exprès. Vu l'ode à la décadence en tous points que fut la cérémonie d'ouverture de « Paris 2024 », j'ai pensé qu'en faire état, était encourir qu'il se retournât dans sa tombe. Un genre de « Dancing Machine » (1990) orgiaque sodomite à la gloire des catégories LGBTQIA2S+ en constante expansion qui l'aurait tué une seconde fois. S'il a assisté à ce spectacle dégradant, sans doute a-t-il espéré que « oui » fût la réponse à « Paris brûle-t-il ? » (1966), à savoir la question qu'a posée, le 25 août 1944, un autre taré complet, cocaïnomane notoire qui lui a présidé les jeux olympiques de 1936. (4)
Donc « Bonne année, les Mamans ! » (2012). Et, bonne route à celui qui a déclaré qu'il « quitterait ce monde sans regret », ils sont nombreux ceux qui te regretteront. Et rendez-vous à tous demain, pour un nouvel édito.
1) Roch Siffredi, dit « Rocco » Siffredi, est le nom du personnage interprété par Alain Delon dans « Borsalino » (1970). « L'étalon Italien » éponyme, de son véritable nom « Rocco Antonio Tano » (qui lui a été révélé par « Le Gland des Siciliens »), admirateur XXL de « Monsieur Klein » (1976) qu'il revendique être, avoue avoir choisi son nom d'acteur porno, en référence à ce personnage ; un personnage, c'est vrai, hyper couillu, lui aussi. Lui qui y campe un « François Capella » pareillement sévèrement burné, Jean-Paul Belmondo atteste à titre posthume que c'est la vérité.
2) le père d'Alain Delon était gardien de prison, justement, « m'a-ton » dit.
3) je crois qu'il manque seulement « Les Acteurs » (2000).
4) ATTENTION ! « Toute ressemblance... » (2019) avec une personne existante ou ayant existé, serait fortuite et involontaire.
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