Covid-19 en 2020, quel impact sur la démographie ?

Auteur(s)
Yannick Colleu pour FranceSoir
Publié le 28 janvier 2021 - 11:23
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Covid-19 en 2020, quel impact sur la démographie ?
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Tribune : Pour juger de l’impact de la pandémie il faut préalablement s’intéresser à l’évolution « naturelle » de la démographie française.

Le site du Département des affaires sociales et économiques des Nations Unies propose des historiques et des projections démographiques. Ces informations ont été mises à disposition sur la base des données connues en 2019. C’est néanmoins un excellent outil pour comprendre d’où on vient et où on va.

La population française est depuis les années 1950 en forte croissance mais celle-ci ralentit depuis environ 2010 et le scenario le plus probable est une stagnation puis une décroissance lente à partir de 2050.

L’explication de cette cinématique de la démographie est donnée en regardant le solde entre naissances et décès (graphique ci-dessous). Le constat est sans appel : le nombre des naissances baisse (tendance) depuis les années 1950 puis de façon plus prononcée depuis 2010 . Dans le même temps le nombre des décès augmente rapidement depuis 2010.

Ces inversions de tendance des naissances et des décès est encore plus évidente sur le graphique qui suit où sont portés les taux de naissance et de décès rapportés à la population. Plus la population augmente moins il y a de naissance et, depuis 2005, plus il y a de décès.

 

Après ces données des Nations Unies faisons un zoom sur la période 1982-2020 à partir des informations mises à disposition par l’INSEE sur son site internet. Ce premier graphique qui suit résume l’évolution de la population de la France (métropole, territoires et départements d’outre-mer) et le taux de décès (en pointillés rouges ; échelle de gauche), c’est à dire le nombre de décès rapporté à la population totale (source).

Après une baisse continue du taux de mortalité de 1982 à 2002, l’évolution de ce taux est marquée par un pic en 2003 et un décrochage impressionnant en 2004 conséquence de la canicule de 2003 ayant provoqué une hausse importante des décès. Ce décrochage interrompt le plateau (tendance moyenne horizontale) sur lequel évoluait le taux de décès depuis 1993. À partir de 2007 un retournement de tendance intervient dans le taux de décès qui désormais progresse assez fortement.

Le vieillissement de la population (visualisable sur la pyramide des âges ici) et la baisse de la population totale sont bien évidemment la cause de ce retournement très marqué de la tendance du taux de décès.

En d’autres termes la canicule de 2003 a « anticipé des décès » qui, sans son occurrence, seraient survenus de façon échelonnée sur les quelques années suivantes. De la même façon la pandémie de 2020 a frappé de façon anticipée très majoritairement les plus de 70 ans (84 % : calcul réalisé sur la base des décès recensés en milieu hospitalier. Source : Géodes).

Au titre de 2020 les décès liés au covid sont évalués à 64765 par Santé Publique France (France entière). En 2020 l’INSEE a recensé 658 000 décès (France entière- donnée provisoire).

Néanmoins l’évolution du nombre de décès annuel étant en nette croissance depuis 2007 il convient de prendre un compte l’évolution « naturelle » de ce nombre entre 2019 et 2020, c’est à dire sans tenir compte de la pandémie. Sachant que la croissance des décès (voir courbe bleue dans le graphique ci-dessous) est très linéaire de 2007 à 2019 il est crédible d’ajouter à 2019 le nombre de décès obtenu par le taux annuel de croissance constaté sur la période 2004-2019, soit 1,2 %, pour obtenir ce qui aurait dû être l’ordre de grandeur du nombre de décès le plus probable attendu pour 2020, sans la pandémie, soit 620 630.

 

Pour approcher l’impact en termes de mortalité de la pandémie sur la France nous avons donc deux sources d’information pour 2020 :

- d’une part Santé Publique France, qui communique que 64765 décès sont liés au covid,

- et d’autre part l’INSEE, qui évalue le nombre des décès en 2020 à 658000. Par ailleurs via une projection construite à partir des historiques de l’INSEE il est possible d’évaluer le chiffre de 2020 sans la pandémie, lequel aurait dû se situer autour de 620630.

 

Donc selon ces éléments déduits des données de l’INSEE l’excès de mortalité est d’environ 37370 décès (658000-620630). Si, selon toute probabilité, cet excès de mortalité est attribuable très majoritairement à la pandémie comment réconcilier ce chiffre avec celui de Santé publique France de 64765 ?

 

L’écart entre les deux évaluations sur le recensement des décès attribués au covid, soit 27395 décès, ne peut s’expliquer sans considérer qu’un nombre important de patients ne sont pas décédés du covid mais d’une autre pathologie et qu’en conséquence notre système de santé conserve une grande marge de progression pour améliorer son organisation et ses procédures de recueil d’informations.

Enfin les chiffres parlent d’eux-mêmes et nous révèlent que les commentaires alarmistes des médias présentant le bilan humain de la pandémie comme la pire catastrophe depuis 1945 relèvent du domaine du fantasme. Le taux de décès attendu (toutes causes) rapporté à la population pour 2020 (hors pandémie) était de 0,92 % de décès. Le taux constaté par l’INSEE est de 0,98 % soit le taux le plus faible constaté dans la période 1982 - 1986, 40 ans après la Libération.

Si l’excès de mortalité attribuable à la pandémie est bien de l’ordre de 37370 décès dès lors en rapportant ce chiffre à la population totale (France entière : 67 287 241 au 1/1/2020- INSEE) le taux de mortalité pour 2020 est de 0,55 pour mille habitants ou de 554,8 par million d’habitants.

En résumé :

- Le nombre de décès par covid annoncé par le ministère de la santé est très probablement faux; il attribue au covid au moins 27395 décès de personnes frappées par une autre pathologie. C’est tout le débat autour des « morts du covid » et des « morts avec le covid ».

- L’excès de mortalité occasionné par la pandémie est de l’ordre de 37370 décès.

- le taux de létalité de cette maladie, dont les plus de 70 ans représentent 84 % de l’ensemble des décès covid, est de 0,55 pour 1000 habitants.

 

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