Des cartons rouges confisqués... mais une justice "déconfinée" ? 

Auteur(s)
Alain Tranchant, pour France-Soir
Publié le 01 mai 2023 - 15:00
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JULIEN DE ROSA / AFP
Supporters qui brandissent leur carton rouge, lors de la finale de la Coupe de France, samedi dernier.
JULIEN DE ROSA / AFP

L'AVIS TRANCHANT D'ALAIN - Il fallait y penser : interdire la distribution de cartons rouges et de sifflets aux abords du stade de France avant la finale de la Coupe de France de football. Puisque le pouvoir ne se refuse rien, pas même le ridicule dont chacun sait qu'il ne tue plus depuis bien longtemps, alors il a eu cette magnifique idée.  

Décidément, quoi de plus normal pour le ministre de l'Intérieur que d'ordonner la saisie du moindre objet capable de représenter un si redoutable danger pour la sécurité des biens et des personnes, rendez-vous compte : des casseroles, des bouts de papier de couleur rouge, des appareillages inoffensifs pour siffler...  

Rien n'a été édicté contre les gilets jaunes (!) des supporters nantais. Sans doute le pouvoir a-t-il anticipé leur déconvenue sans nom après leur défaite.

En ce qui concerne les cartons et sifflets, c'était sans compter sur la justice administrative qui a trouvé que la coupe était pleine et que le pouvoir exécutif dépassait les bornes. Et quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limites.   

Le juge administratif a donc autorisé, en fin d'après-midi, la manifestation aux abords du stade et permis la distribution de ces quincailleries, qui se voient et s'entendent, par quelques syndicalistes faisant usage du droit de manifester, reconnu par la Constitution. 

La preuve a été faite que cela ne déclenchait pas de troubles à l'ordre public. En tout cas jusqu'aux portiques d'entrée du stade de France, où l'ordre a été donné de les confisquer, sans doute pour ne pas troubler la quiétude d'un chef d'État à qui le consentement populaire, élément clé de la légitimité, fait aujourd'hui grandement défaut. 

Des spectateurs du match s'en sont plaints, y compris sur France Info et BFMTV, où le pouvoir doit désormais affronter une certaine contestation. Que l'on saisisse les sifflets, voilà qui est normal pour ne pas gêner le déroulement d'un match de football. C'est même prévu par le règlement.   

Pour le reste, on a l'impression de revenir aux décisions aussi dérisoires qu'incongrues de la pandémie de Covid-19 : ces atteintes arbitraires à la liberté d'aller et venir sans présenter une attestation en bonne et due forme, ces interdictions stupides, comme la fermeture des rayons librairie des grandes surfaces à l'aide de rubans adhésifs... 

Au temps de la crise sanitaire, le président de la République et ses ministres ont pu compter sur la compréhension de la justice administrative, qui a alors été d'une bienveillance totale à leur endroit. En sanctionnant désormais les abus de pouvoir du gouvernement, la justice administrative est-elle en train de se déconfiner et de retrouver son rôle de gardien des libertés fondamentales ? 

C'est évidemment le souhait que l'on peut formuler. Qu'au pays de la liberté, l'interdiction redevienne l'exception, nul ne s'en plaindra.  

Alain Tranchant 

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