"Soigner en mon âme et conscience" : droit de réponse du Dr Stéphane Gayet
TRIBUNE — Je tiens à répondre à l’article diffamatoire me concernant et provenant de Monsieur Gaël Chica. Il est navrant que ce jeune journaliste, talentueux et sportif, se laisse aller à une telle dérive. Il n’avait ni raison, ni nécessité de faire une enquête sur moi. Il lui a suffi de s’adresser à des personnes que nous connaissons tous les deux et qui ne demandaient qu’à lui fournir des documents sur mon compte.
J’ai accompli mon cursus universitaire à l’illustre faculté de médecine de Nancy. J’ai été reçu deuxième au concours de l’internat du CHU et j’ai effectué cinq années de médecine interne, hépato gastroentérologie et maladies infectieuses et tropicales, ce dernier département comportant une unité de réanimation vraie. À l’époque, nous accumulions les gardes sans le moindre repos compensateur. Le professeur Jean-Bernard Dureux m’a appelé à occuper un poste d’assistant hospitalier-chef de clinique universitaire pendant trois ans, fonction dans laquelle j’ai trouvé un épanouissement et une reconnaissance.
J’ai ensuite été appelé par le professeur Philippe Hartemann à occuper un poste d’assistant hospitalier assistant-universitaire en santé publique. Et j’ai enfin été appelé par le professeur Michel Bientz à occuper un poste de praticien hospitalier et universitaire à l’Institut d’hygiène et de médecine préventive de Strasbourg, pour ensuite devenir praticien hospitalier coordinateur régional du Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (C-CLIN), après quoi j’ai suivi la réorganisation nationale en devenant praticien hospitalier responsable de l’Antenne régionale alsacienne de la lutte contre les infections nosocomiales (ARLIN), puis enfin praticien hospitalier régional du Centre d’épidémiologie et de prévention des infections associées aux soins (CEPIAS). Je me suis fortement investi dans l’épidémiologie et la prévention des infections acquises en milieu de soins, avant de connaître une baisse de motivation.
Mes huit années de médecine clinique m’avaient profondément imprégné. Et j’estimais que la lutte contre les infections hospitalières avait à ce stade surtout besoin de médecins de santé publique, de pharmaciens et d’infirmiers. C’est à ce moment que je me suis retrouvé praticien hospitalier non rattaché à un service, tout en conservant mon bureau.
Dans un premier temps, j’ai suffisamment occupé mes journées à répondre à des demandes d’informations, de documents, d’avis et de conseils, aussi bien en lutte contre les infections qu’en qualité et gestion des risques, ayant créé et dirigé avec l’ingénieur qualiticien Pierre Linden le diplôme universitaire « Qualité et gestion des risques dans les établissements de santé » à l’Université de Strasbourg. Ensuite, j’ai commencé à m’intéresser aux maladies vectorielles à tiques dans leur forme très prolongée, révolté que j’étais face à un refus obstiné de reconnaître les formes chroniques et, par conséquent, de prendre en charge des malades souffrants et diminués, ayant perdu leurs capacités de travailler et d’étudier. En m’intéressant à cette pathologie « froide » et délaissée, je me suis rapidement trouvé submergé par une demande considérable de consultations. J’ai alors sollicité le démarrage d’une activité de téléconsultation, ce qui m’a été refusé au motif que je n’avais pas de chef de service pouvant m’en accorder l’autorisation et la supervision. J’ai pris l’initiative – certes critiquable – d’effectuer des téléconsultations d’une durée d’une heure trente à deux heures avec les moyens dont je disposais, sans aucune facturation ni rétribution personnelle. Un grand nombre de malades peuvent témoigner en ma faveur. J’ai été contraint de faire des ordonnances lourdes – sur un formulaire généré par mon compte personnel sur le service intranet du CHU – car il s’agit d’une pathologie infectieuse plurielle et complexe.
J’ai ensuite, après avoir été durement atteint par la Covid-19 les premiers jours de mars 2020, entrepris de soigner sur le même mode des malades souffrant de Covid prolongée, eux aussi abandonnés et même souvent méprisés. Là encore, un grand nombre de malades peuvent témoigner en ma faveur. Évidemment, on peut me reprocher d’avoir rédigé des ordonnances lourdes et comportant des dangers, ce que j’assume. Il y a eu, en effet, des effets indésirables et j’ai dû rester joignable en permanence pour ces malades, ce qui a été particulièrement accaparant et fatigant. Si j’ai été amené à prendre en charge des personnes de plusieurs régions françaises, c’est parce qu’elles faisaient appel à moi en raison de leur impossibilité de trouver un médecin acceptant de leur prescrire autre chose que du paracétamol et des anxiolytiques.
Je me suis énormément investi au point d’en perdre la santé et je suis aujourd’hui lourdement atteint. S’agissant de mon attitude médicale face à la Covid-19 et la gestion qui en est faite, je m’inscris clairement aux côtés d’autres médecins résistants et « réinformateurs », mais ni complotistes – car il n’y a pas de complot, ni « rassuristes » – car ce n’est pas dans ma nature, ni anti-vaccins – car j’ai reçu moi-même depuis mon enfance plus d’une dizaine de vaccins différents, dont l’un m’a emporté la moitié du quadriceps à l’âge de trois ans.
Je suis tout à fait solidaire de personnes telles qu’Idriss Aberkane, Xavier Azalbert, Louis Fouché, Violaine Guérin, Alexandra Henrion-Caude, Jean-Dominique Michel, Laurent Mucchielli, Benoît Ochs, Christian Perronne, Mathieu Slama, Laurent Toubiana, Silvano Trotta, Christian Vélot, Vladimir Zelenko, etc., pour ne citer qu’eux, ainsi que de la prestigieuse équipe de l’Institut hospitalo-universitaire méditerranée de Marseille dédié aux maladies infectieuses.
Je terminerai en affirmant que le serment d’Hippocrate n’est plus applicable à la lettre aujourd’hui, mais que de nombreux médecins s’efforcent de soigner en leur âme et conscience. Il n’est pas impossible que j’en fasse partie.
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