Le régime des partis est toujours debout
Le gouvernement vient d’obtenir une sorte de quitus des députés, sur des initiatives personnelles du président de la République qui a signé un document avec V. Zélinsky (1), ne manquant d’ailleurs pas d’une certaine audace (2).
Ce qui est intéressant concernant notre sujet, ce sont les raisons pour lesquelles les députés du « Rassemblement national » se sont abstenus.
De l’aveu des têtes pensantes et dirigeantes de cette organisation politique, les députés de ce groupe se sont abstenus parce qu’ils ne voulaient pas être taxés de « poutiniens ». Qualificatif qui pourrait leur coûter des voix, donc des sièges, aux prochaines élections européennes. Surtout que les membres de l’exécutif et leurs suiveurs ne s’en privent déjà pas, avec le renfort des médias de leurs amis.
Des préoccupations électoralistes (conserver ou gagner des sièges, donc des postes) viennent donc avec éclat de dicter une décision politique. Laquelle porte en réalité sur des questions qui engagent les finances, la politique étrangère à venir de la France, les intérêts des USA, voire à terme la guerre ou la paix, et même… la vie de Français.
La période Macron, (qui ne fait que prolonger - fut-ce de manière caricaturale - ce qui s’est passé après le départ du général de Gaulle) offre de multiples autres exemples, qui montrent que le souci du poste finit - pour certains - par l’emporter sur le reste (conviction, poursuite de l’intérêt général à l’exclusion de toute autre considération, représentation des électeurs, …).
On a vu que des personnes qui avaient commencé « dans » la politique avec l’étiquette « PS » ou « UMP » / « RPR » ou autre, ont pu poursuivre leur carrière et assurer leur gagne-pain en se rangeant sous la bannière « Macron » dès que ce dernier fut en passe d’être élu.
On a même vu et entendu quelques personnes dirent pis que pendre d’E. Macron, puis prendre du grade dans la hiérarchie des postes politiques, comme ministre du même. Et louer ce dernier une fois celui-ci installé aux manettes (3)
C’est que les êtres humains ont pour beaucoup l’habitude de veiller à leurs intérêts. Et celle de se comporter en conséquence. Ceux qui « font » de la politique aussi. Nécessairement.
Acquérir un poste (de parlementaire, de ministre ou mieux, …) et le conserver, exige souvent qu’il faille se plier à des contraintes qui ne sont pas celles de la représentation des électeurs, de la poursuite de l’intérêt général, de l’intérêt du pays, ou du respect de différentes règles d’ordre éthique.
Et ce, quel que soit le contenu du texte constitutionnel - y compris celui de 1958 qui voulait l’éviter-, puisque les « règles » (occultes) régissant la trajectoire et le gagne-pain personnels, ne figurent jamais dans la constitution (4).
Marcel-M. MONIN
de conf. hon. des universités.
(1) Accord de coopération en matière de sécurité entre la France et l'Ukraine
(2) L’accord Macron-Zélinsky engage, entre autres, les finances de l’Etat . Les signataires ont inscrit au dessus de leur signature que cet accord entrait en vigueur immédiatement. Or, puisqu’il engage les finances de l’Etat, le traité / accord ne pouvait entrer en vigueur ( texte de l’article 53 de la constitution) qu’après que sa ratification eut été autorisée par un vote du parlement. L’article 51-1 qui a été utilisé traite d’autre chose. - Ce qui a été escamoté par la classe politique -.
L’article 51-1 permet au gouvernement comme aux parlementaires, de provoquer un débat sur une question quelconque qu’ils déterminent. Lequel débat peut être suivi d’un vote si le gouvernement le décide ; mais : vote qui n’engage pas sa responsabilité. Ce vote n’est pas le vote d’autorisation de ratifier.
(3) Quand Darmanin, pas encore ministre, tapait sur macron et
Présidentielle 2017 : "Macron, c'est l'homme sans projet, parce que c'est l'homme sans convictions" selon Bruno Le Maire(4) Il faut également relever que le texte de 1958 a été rédigé de telle sorte que le général de Gaulle puisse, comme président de la République, et « contre » les habitudes et les préoccupations diverses des membres de la classe politique, assurer l’indépendance de la France, notamment à l’égard des USA, sa souveraineté dans tous les domaines, assurer l’intérêt général et la prospérité à venir par diverses mesures de régulation et d’intervention dans l’économie, etc … Si l’on prend l’évolution des choses depuis le départ du général de Gaulle, l’hypothèse de travail est que le même texte a servi, ( à vérifier par le recensement précis des faits), compte tenu nécessairement des traits de caractère et des intérêts des successeurs, à faire le contraire. ( Ce qui devrait être de nature à calmer les ardeurs de ceux qui mettent trop d’espoir dans les réformes constitutionnelles).
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