Le pouvoir en Absurdistan, le clergé en résistant
Tribune : Faut-il y voir un symbole ? Le jour où la République rendait hommage à l'avant-dernier survivant des Compagnons de la Libération, l'Eglise catholique est entrée en résistance.
Sainte journée que celle du jeudi 26 novembre !
Du matin au soir, le pouvoir aura fait étalage de tout son savoir-faire en matière de technocratie aveugle et de bureaucratie tatillonne.
Avec ce gouvernement, les chansonniers vivent des jours heureux. Il suffisait d'entendre le Premier Ministre annoncer l'ouverture des stations de sports d'hiver ... sans skis pour le vérifier. Gageons qu'il nous annoncera bientôt le football sans ballon, la pétanque sans boules, la natation sans eau ! Ce n'est pas une main de fer dans un gant de velours, c'est une main de fer dans un gant de fer. Jusqu'où ? Jusqu'à quand ?
Le pouvoir donne vraiment l'impression d'un partage des rôles. Au Président de la République, les bonnes nouvelles, relatives au demeurant. Au Premier Ministre, les mauvaises nouvelles. A moins qu'il ne s'agisse de duplicité à tous les niveaux de commandement de l'Etat.
Les évêques de France viennent de s'en rendre compte, éclairés par la soirée du mardi 24 novembre.
A 20 heures, le Chef de l'Etat annonce urbi et orbi l'ouverture des lieux de culte, moyennant une "jauge" de 30 personnes. Le langage technocratique a ses codes ...
A 22 heures, dans un communiqué de presse, l'Eglise de France exprime sa déception et sa surprise. Elle demande "que soit révisée cette mesure irréaliste et inapplicable" de "trente personnes".
A 23 heures 44 très exactement, le téléphone de Mgr de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France, retentit. Au bout du fil : M. Macron en personne. Promesse est faite de rectifier le tir, d'ici à jeudi matin, par l'adoption d'une "jauge réaliste" qui serait annoncée par le Premier Ministre.
Mercredi matin, le ton monte avec l'intervention de l'archevêque de Paris, Mgr Aupetit, sur Radio Notre-Dame : "Là, ça suffit, il faut arrêter de nous infantiliser ! Jusqu'à présent, nous avons été extrêmement loyaux avec les autorités légitimes (...) mais quand on va trop loin et que l'on touche à notre conscience et à notre bon sens, cela ne va pas passer du tout".
Jeudi matin, contre toute attente, et surtout contre la parole donnée par le Président de la République, M. Castex demeure "droit dans ses bottes". Il faut croire que la formule colle aux locataires de Matignon ! Il n'est pas question de revenir sur la "jauge" de 30 personnes, scrogneugneu de scrogneugneu ...
Branle-bas de combat dans les rangs catholiques !
L'évêque de Perpignan demande à ses prêtres "de ne pas s'ériger en "comptables" et donc de ne pas rejeter si tel était le cas, la 31ème personne et les suivantes qui se présenteront". En tant que de besoin, "j'en répondrai personnellement devant les pouvoirs publics", ajoute -t-il.
L'archevêque de Toulouse adresse un message analogue à ses prêtres, et l'évêque de Versailles en appelle à la "responsabilité sanitaire" des prêtres et des fidèles pour "ne pas dépasser le tiers de la capacité" des églises.
Versailles. Tiens, tiens ! Là où un million de catholiques ont fait reculer M. Mitterrand, en 1984, sur le sujet de l'école libre.
Reste à voir, et à savoir, si le pouvoir osera envoyer la police dans les églises.
5 mois après son entrée dans "l'enfer de Matignon", M. Castex aurait déjà perdu toute lucidité. Dans le monde du sport, il est bien connu qu'on ne change pas une équipe qui gagne. Aujourd'hui, alors que le gouvernement multiplie les bévues, et que certains Ministres montrent les limites de leurs capacités, on a vraiment envie de dire : "Faites entrer les remplaçants !"
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.