Le narratif de la guerre peut-il nous rendre amnésiques ?
TRIBUNE/OPINION - En même temps que l'automne est arrivé, un nouvel état d'urgence ! La France sans état d'urgence est désormais une exception. Là aussi, nous avons une logique inversée, mais qui ne fait plus l'effet escompté. Quand l'on pouvait penser que les actions gouvernementales se renforçaient afin de combattre un danger, aujourd'hui cette mise en place est le signe de l'inaction politique face à un danger déclaré par l'équipe dirigeante du pays.
Quel est le danger ici ? Nous avons sans conteste affaire à une tragédie avec l'assassinat de ce professeur d’Arras, Dominique Bernard. Très vite qualifiée par Macron de "terrorisme islamiste", ne laissant aucun temps à une enquête digne de ce nom pour le certifier. Mais si pratique pour amalgamer avec ce qui se passe depuis ce 12 octobre entre le Hamas et Israël. Comme si l'on voulait nous concerner avec ce "nouveau conflit", qui supposera de la part de la France un envoi d'armes, voire de soldats ?
Emmanuel Macron n'a-t-il pas fait déjà un choix lors de son allocution du 12 octobre 2023 en déclarant : "Nous avons assuré Israël et son peuple de notre solidarité sans faille et de notre soutien dans la réponse légitime aux actes terroristes. Israël a le droit de se défendre en éliminant les groupes terroristes, dont le Hamas, par des actions ciblées, mais en préservant les populations civiles". Quel peut être concrètement le soutien de la France ?
Doit-on se sentir concerné militairement par ce conflit hors de nos frontières ? De même, devions-nous nous sentir impliqué par cet autre conflit entre la Russie et l'Ukraine, dont les répercussions ont commencé chez nous en février 2023 ? Combien de faillites causées par ces mauvaises décisions politiques qui devaient mettre la Russie à genoux ?
“Bons” contre “méchants”, “temps de cerveau disponible”
Un pays peut-il se permettre d'oublier les intérêts de sa population, comme, notamment, ses besoins en ressources énergétiques, au profit d'un conflit externe dans lequel il n'est pas mêlé ? Qu'est-ce qui fait qu'il s'y retrouve malgré tout impliqué, ou tout du moins, c'est ainsi qu'est livrée l'information par la majorité des médias ?
Voilà les Français sommés de défendre un camp sur un mode binaire, à prendre parti pour ceux désignés comme "les bons", contre les autres, les "méchants". Trop prennent déjà parti sans même avoir d'informations sur les tenants et les aboutissants. S'ils savaient qu'ainsi présentée, d'un simplisme consternant, il ne peut s'agir de véritable information... Qui ne peut en aucun cas être la réalité du terrain.
À qui sert cette simplification ? Quel est son dessein ? Pourquoi est-ce compliqué d'avoir des informations provenant de voix diverses ? Tout semble se ressembler, donnant cette impression que c'est sans fin ; un cycle infernal de jours sans fin. Hier, il fallait sauver l'Ukraine, et aujourd'hui, qui faut-il sauver ? Hier, c'était l'état d'urgence suite aux attentats de novembre 2015, aujourd'hui suite à l'attentat d'Arras.
Déjà, en 2015, j'avais écrit sur la manière dont étaient qualifiés ces crimes afin de créer un climat de peur ; notre pays était "en guerre" contre une possible organisation étrangère. Ces mots "attentat", "terrorisme", nous demandant "vigilance", "méfiance", "danger", nous faisant accepter des fouilles partout, en tous endroits et ces patrouilles incessantes de militaires... Puis dès novembre 2015, l'état d'urgence, sans cesse reconduit.
Ces états d'urgence, comme les 49.3, qui s'alignent. Tout ce qui permet de passer en force. Et vite, sans aucune contestation possible. Qui laisse tout un chacun uniquement spectateur de ces enchaînements quand pourtant on lui laisse croire que la démocratie est encore là. Combien de temps à faire comme si ?
La seule solution est-elle de se mettre à l'écart de tout ce flot ?
À quoi avons-nous dû nous habituer ? Et jusqu'où ? Nous recevons tellement de mises en garde, entre Covid et punaises de lit, en passant par des canicules et ses sècheresses par temps de pluie. Ces communiqués révélant un monde forcément hostile, qui nous mènent à la saturation. Qui transforment notre libre-arbitre en cerveau disponible, rappelant cette célèbre phrase de Patrick Le Lay, quand il était président-directeur général du groupe TF1 en 2004 : "Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible", quand finalement le seul objectif avoué de cette chaîne était de retenir le spectateur afin que les annonceurs soient assurés que leurs publicités soient pleinement accueillies.
Une insensibilisation assurément devant tous ces dangers annoncés. Ou à l'inverse une hyperréactivité. Au point de même trouver intérêt à ce dîner à Versailles donné par Macron au roi Charles III, aux frais du contribuable, ces mêmes qui ont de plus en plus de mal à boucler leurs fins de mois, même pour manger, soit pour s'extasier devant les arts de la table à la française, soit pour s'en indigner.
Est-il possible d'y mettre un frein ? La seule solution est-elle de se mettre à l'écart de tout ce flot ? Comment retrouver nuances et subtilités, et ne pas se laisser entraîner quand il nous manque tant de connaissances. Déjà, si l'on commençait à admettre notre ignorance sur ces conflits éminemment plus complexes que deux camps qui s'affrontent. Qui d'ailleurs nous feraient prendre cette saine distance face à ces médias qui se contentent tous de répéter le même contenu.
Toute guerre est un drame pour le plus grand nombre et offre d'énormes opportunités matérielles à une infime minorité de personnes. Ce qui peut expliquer pourquoi certains veulent la guerre. Qui sont-ils ? Qui a les bonnes réponses pour le savoir ? Agiter cette peur n'est-il pas aussi un magnifique outil de diversion médiatique ? Qui peut en effet rester insensible à cette menace de troisième guerre mondiale ? Qui peut garder les idées claires entre ceux terrorisés et ceux que cela galvanise ? Quand un tel sujet semble rendre si important celui qui en parle. Qui même empêche de se taire celui qui voudrait pourtant ne pas l'aborder...
Une tentative de tout effacer avec, quand désormais les révélations autour du Covid ne peuvent plus être étouffées ? Ne passe plus cette déclaration du 3 octobre 2023, du nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, prétendant que les "vaccins" Covid sont sans effets secondaires, quand ils sont visibles, certes l'information est donnée au compte-gouttes, et ne sera jamais complètement livrée, au regard du scandale sanitaire d'une ampleur sans précédent.
La guerre ainsi narrée peut-elle vraiment tout masquer ?
Effectivement, il y a tant à cacher. Même ce buzz des punaises de lit est loin d'être anodin concernant une mauvaise gestion qui peut vite se révéler un fléau personnel, que je peux vous confirmer, moi qui l'ai vécu ; non les nuisibles en eux-mêmes, mais le protocole très lourd, sinon intenable, demandé par les entreprises censées vous en débarrasser, qui fait de vous le responsable de la solution et le coupable de l'échec de l'éradication. Qui rappelle ce même type de message tenu concernant le Covid, avec les distances sociales, le port du masque, et le "vaccin". Aussi, concernant le citoyen potentiellement pollueur à qui il incombe de pratiquer ces "petits gestes" afin de "sauver la planète". Et montre, voire légitime, la complète désimplication politique à prendre de véritables mesures et rendre compte.
Le citoyen potentiellement coupable et impuissant ? Comment retrouver cette conviction que nous avons du pouvoir ? Est-il possible de retrouver notre "cerveau disponible" pour diriger nos vies ? Comment y parvenir face à tous ces drames ? Cela suppose-t-il de ne plus s'informer ? À moins de trouver à faire le tri, pour ne pas être submergé, rester acteur, et se concentrer là où nous pouvons agir.
La guerre ainsi narrée peut-elle vraiment tout masquer ? Quand on lui adjoint cette menace des répercussions sur notre sol, avec pour preuve ce retour "du plan Vigipirate rehaussé au niveau urgence attentat" par Élisabeth Borne. Quand il s'agit là pareillement de nous responsabiliser, et nous fournir : "Ce document (qui) recense de façon exhaustive et pédagogique de nombreuses recommandations permettant à chacun de développer une plus grande vigilance et des réflexes pour mieux se protéger (et aider les autres) en cas d’attaque." Cela va-t-il signifier que notre contribution financière va augmenter quand depuis novembre 2016, l'assurance habitation qui est obligatoire, est assortie d'une cotisation au Fonds de garantie attentats de 5,90 € par contrat pour tous les Français ?
À quelques jours près, si j'avais écrit ce billet d'humeur mensuel plus tôt, j'aurais certainement parlé de ces autres sujets qui fâchent : le RSA conditionnel à 15 heures "d'activité" (?), les tickets de caisse optionnels, ce prix Nobel de médecine qui loue les vaccins à ARN messager particulièrement tendancieux, encore un 49.3 pour faire adopter le volet recettes du projet de loi de finances 2024, l'interdiction des paillettes décidée par l'UE comme nouvelle mesure dite écologique...
J'aurais effectivement également parlé des punaises de lit, sujet qui, bien instrumentalisé, peut créer une belle psychose, peut-être pas autant qu'une épidémie, mais ces nuisibles presque invisibles qui viennent vous sucer le sang pendant votre sommeil, peuvent faire leur effet et même créer la panique, n'épargnant personne, ne faisant pas de différences quand, peut-être, certains étaient présents lors du repas aux 150 couverts de Versailles ! Qui pourrait soutenir qu'il n'y avait pas de nuisibles présents ce soir-là ?
Laurence Waki est écrivain et philosophe. Retrouvez ses textes sur son site internet.
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