Présidentielle : l’intérêt du vote blanc ou nul
TRIBUNE — Le scrutin du 24 avril 2022, est en réalité organisé de part et d’autre depuis cinq ans. Autant par Marine Le Pen que par Emmanuel Macron.
- Marine Le Pen, qui, après son père, a voulu tenter à tout prix une nouvelle fois sa chance. Emmanuel Macron qui a tablé sur cette obstination pour faire jouer une fois encore la carte de la diabolisation attachée à un nom et à une organisation politique qui n’a pas su se réformer et se réorganiser autour d’un leader neuf.
- Marine Le Pen qui va s’essayer une nouvelle fois (le 20 avril) à la joute oratoire avec Emmanuel Macron, bien que ce dernier soit un virtuose des relations publiques et des techniques de manipulation.
Cette situation, si l’on ajoute les résultats des sondages favorables à Emmanuel Macron, tend à indiquer que les Français ont trois moyens de réélire Emmanuel Macron.
a) La première, c’est de voter pour lui. C’est ce qu’ont recommandé la plupart des candidats éliminés, dont la candidate labellisée PS (ce qui n’étonne pas) et le candidat communiste (ce qui est plus original sous un certain rapport).
b) La deuxième, c’est de rester chez soi.
c) La troisième, c’est de voter blanc ou nul.
Pourquoi ?
Parce que la manière de comptabiliser les votes est favorable au plus « puissant ».
La majorité requise est calculée sur les suffrages exprimés. C'est-à-dire que les citoyens qui restent chez eux, qui votent blanc ou nul, ne sont pas comptabilisés… donc ne comptent pas (contrairement aux autres).
En revanche, quelle que soit la faiblesse du nombre de voix obtenues par le gagnant, celui-ci peut se vanter (puisqu’il n’y a que deux candidats en lice), d’avoir eu la majorité « absolue » (1). L’arithmétique des urnes conférant selon les principes connus, la légitimité à sa désignation, et aussi, selon un syllogisme proche, la légitimité à ce qu’il voudra bien décider (2).
Les mécontents qui ne se « mouillent » pas, peuvent donc être bien utiles (3).
Alors, qui aura eu la bonne stratégie (candidats et électeurs) ?
Réponse (ou confirmation de la réponse ?) le 24 avril.
Marcel-M. MONIN est maître de conférences honoraire des universités.
(1) Ce qui fait qu’un candidat qui n’a la confiance que de 20 % (ou moins) des électeurs inscrits (résultats du premier tour) peut devenir président de la République
(2) Rappel : nous avons parlé de syllogisme. Le contrôle des juges existe.
(3) C’est un peu la même logique que dans la motion de censure, telle qu’elle est organisée par l’article 49 de la Constitution. Le jour du vote, les députés qui restent chez eux, ou s’abstiennent, s’allient en fait aux députés qui soutiennent le gouvernement. Sur cette question, v. « Textes et documents constitutionnels depuis 1958. Analyses et commentaires. » Dalloz – Armand Colin.
Voir aussi : "Abstention, piège à cons" ? André Bercoff au Défi de la vérité
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