Alain Finkielkraut : "on ne peut pas dire que les terroristes n'ont rien à voir avec la religion"

Le philosophe et académicien français Alain Finkielkraut était ce mardi l'invité de BFM-TV et RMC. Il s'est exprimé sur la montée de l'antisémitisme en Europe et les conséquences des attentats d'Ile-de-France et du Danemark.

La profanation d'un cimetière juif en Alsace et la banalisation de l'antisémitisme

"Il y a une banalisation de l'antisémitisme, cela dit sur cette profanation je resterais très prudent car nous ne savons pas quelles sont les motivations. Il semblerait qu'ils (les suspects, NDLR) ne savaient même pas que c'était un cimetière juif".

"Dans cette Europe qui a banni l'antisémitisme après la chute du III Reich, la haine des Juifs est dans l'air du temps".

"Il ne faut pas faire d'amalgames. Il y a des musulmans en France au premier rang du combat contre l'antisémitisme. Il n'en reste pas moins que la montée de l'antisémitisme en Europe a à voir avec le changement de la population européenne".

"Certains musulmans ne s'inscrivent pas dans la même temporalité que les Européens. On le voit avec le blasphème. Nombre d'entre eux ont condamné les attaques mais refusent qu'on caricature le prophète".

 

Les termes d'"islamofascisme" et d'"apartheid"utilisés par Manuel Valls

"Je n'aime pas ce terme d'+islamofascisme+. L'antifascisme nous sert d'unique boussole comme grand traumatisme de l'Europe occidentale. (…) Ce terme révèle notre difficulté à appréhender la nouveauté du phénomène".

"Il faut combattre l'islamisme radical et ne rien lui céder. (…) Avec cet +apartheid+ Manuel Valls assoit la France sur le banc des accusés. La haine suscitée aujourd'hui par la France et la République ne tient pas à  leur caractère inégalitaire mais émancipateur. Ce qui est détesté c'est la mixité, la répudiation de l'antisémitisme. Face à cette haine il ne faut pas transiger".

 

Manuel Valls "sous influence juive" selon Roland Dumas

"C'est le vieil âge, il se lâche, il ne se contrôle plus. Il dépasse sa propre pensée".

 

L'appel de Benyamin Netanyahu aux juifs de France à venir en Israël

"S'il y a une communauté de destin entre Israël et l'Europe, son appel ne rime à rien. Il voudrait dire +venait combattre le terrorisme en Israël plutôt qu'en Europe+".

"Mon fils, n'aurait jamais pensé une seconde qu'il devrait cacher ses origines juives. Imaginez la situation de ces juifs qui n'osent plus décliner leur identité et qui deviendra peut-être la norme dans un futur pas si lointain".

 

Les musulmans victimes des attentats à cause des amalgames.

"Ces fous (les terroristes, NDLR) se réclamant de Dieu, on ne peut pas dire qu'ils n'ont rien à voir avec la religion. Ils en font une interprétation littérale, les talibans ce sont des étudiants pas des ignares, mais ils n'étudient que le Coran".

"Il faut que les musulmans commencent un examen de conscience  plutôt que de se poser constamment en victime. Bien sûr que le racisme contre les musulmans doit être combattu. Mais je n'aime pas entendre que les musulmans sont les premières victimes. Les victimes ce sont des caricaturistes et des juifs".

 

La liberté d'expression menacée

"L'autocensure va s'installer en France comme au Danemark. On verbalisera de moins en moins les femmes totalement couverte en invoquant une laïcité moins rigide".

"C'est déjà le cas au Danemark où le journal qui avait publié les caricatures de Mahomet n'a pas voulu publier les derniers dessins de Charlie Hebdo".

"On peut montrer une statue qui offense les chrétiens mais vis à vis de l'Islam ce sera toujours plus délicat".

"Beaucoup de jeunes vous disent qu'on fait deux poids deux mesures en censurant Dieudonnée et pas les caricatures. Il peut y avoir un usage abusif du devoir de mémoire, mais la Shoah n'est pas une croyance mais un fait. Il est indécent de mettre sur un même plan le blasphème et le négationnisme".