Assemblée nationale - Vice-présidences et questures : les troupes de Macron ravissent les postes clés, polémique dans l'opposition
L'atmosphère était électrique mercredi 28 à l'Assemblée nationale. Et la première séance présidée par François de Rugy restera peut-être dans les annales de ce début de législature comme étant le jour où la droite républicaine s'est définitivement scindée en deux, actant un retour aux trois droites théorisées par René Rémond. Et où, accessoirement, la majorité a raflé en intégralité tous les postes importants à l'Assemblée nationale, en faisant fi des usages de l'Hémicycle.
La journée de mercredi était en effet dédiée, à l'Assemblée nationale, à l'élection des vice-présidents et des questeurs (ceux en charge de la gestion administrative et financière de l'institution). Concernant les questeurs justement, une "tradition" (datant de 1973) veut que, sur les trois postes à pourvoir, deux soient réservés à la majorité et un à l'opposition, avec une nom coopté par les présidents des différents groupes. Le candidat désigné pour cette mandature était le très droitier Eric Ciotti (LR). Or, Thierry Solère (LR) a décidé de présenter également sa candidature et l'a largement emporté grâce aux voix des candidats des députés LREM. Problème: bien que théoriquement dans l'opposition, Thierry Solère fait partie du groupe "Les Constructifs", rassemblement d'élus de droite et du centre qui assume cependant sa proximité avec Emmanuel Macron et se déclare prêt à lui accorder la confiance lors du vote du 4 juillet.
"M. Solère, et c'est son plus grand droit, a fait campagne pour que M. Macron ait une majorité. Qu'on ne nous explique pas maintenant qu'il peut représenter l'opposition!" s'est d'ailleurs emporté Christian Jacob, le président du groupe LR. Au moment du vote pour les six vice-présidents, l'opposition a décidé de protester en retirant les deux candidats qu'elle devait présenter (deux postes sur les six lui étant traditionnellement dévolus). Or, la majorité LRM/MoDem a saisi l'occasion pour présenter non pas quatre mais six candidats qui ont donc tous été désignés. Autrement dit, c'est l'ensemble des postes de vice-présidents et de questeurs qui sont maintenant aux mains de la majorité.
Parmi les présidents des groupes de l'opposition, Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) a ouvetement critiqué la dérive hégémonique de LREM:"Vous prenez toutes les places après avoir dit exactement le contraire" s'est emporté le député des Bouches-du-Rhône dénonçant une "pantalonnade". André Chassaigne (Parti communiste) est tout aussi indigné: "Quelle image vous donnez de notre Assemblée, quelle image vous donnez à la France! Vous êtes en train de faire la démonstration que sous des mots qui apparaissent novateurs, vous êtes sur des calculs, sur des comportements qui ne méritent qu'un seul adjectif: petits". Un emportement rare de l'extrême gauche quand il s'agit, indirectement, de défendre la candidature d'un député de droite...
Les débats et les polémiques s'étirant en longueur, l'Assemblée n'a pas pu procéder à l'élection des 12 secrétaires qui est programmée ce jeudi 29 dans l'après-midi. L'ambiance s'annonce déjà tendue.
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