Attaque aux cocktails Molotov : le gouvernement affiche sa fermeté et son soutien à la police
Promesse de rattraper les "sauvageons", visite de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve dans des commissariats de l'Essonne: le gouvernement a affiché ce lundi 10 fermeté et soutien à la police après l'attaque au cocktail Molotov contre quatre agents, dont l'un se trouve toujours entre la vie et la mort. Le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur - dont le parti Les Républicains a demandé la démission - ont entamé leur tournée au commissariat de Savigny-sur-Orge, où était affecté l'adjoint de sécurité de 28 ans, très grièvement brûlé sur l'ensemble du corps samedi et dont le pronostic vital est toujours "engagé".
"Son état est sérieux, il est pris en charge de façon absolument remarquable par les personnels hospitaliers" et "je suis convaincu qu'il se remettra", a déclaré M. Cazeneuve sur RTL. Le chef du gouvernement et le ministre ont poursuivi leur visite auprès des policiers d'Athis-Mons, où travaillait la femme gardien de la paix de 39 ans qui se trouvait dans la voiture au côté du jeune policier lors de l'agression. "Très grièvement brûlée aux mains et au visage", cette mère de trois enfants, soignée comme son collègue à l'hôpital Saint-Louis à Paris, est hors de danger. Elle se verra prescrire au moins trois mois d'ITT (incapacité totale de travail).
Bernard Cazeneuve, contraint d'écourter sa visite pour un déplacement à Londres, a prévu de retourner à leur chevet lundi dans la soirée. Tout comme Manuel Valls. Le Premier ministre s'est ensuite rendu seul au commissariat de Juvisy-sur-Orge, où travaillaient les deux autres agents moins gravement atteints qui ont porté secours à leurs collègues, puis sur les lieux de l'attaque, en lisière de la Grande-Borne, cette cité très difficile à cheval sur les communes de Viry-Châtillon et Grigny. "Pourquoi il y a des incidents depuis plusieurs jours de nouveau ici (...)? C'est parce que le travail de la police paie aussi, parce que il y a eu 62 kilos de résine de cannabis pris par les policiers", a-t-il dit, avant de gagner Evry, sa dernière étape.
Lors de l'attaque, samedi après-midi, les policiers effectuaient une mission de surveillance à proximité d'un emplacement connu pour ses vols avec violences commis sur des automobilistes. Depuis plus d'un an, la mairie de Viry-Châtillon tente de reprendre le contrôle du "carrefour du Fournil" et y a installé une caméra de vidéosurveillance. Les policiers attaqués étaient chargés de protéger cette caméra, ciblée à plusieurs reprises par des délinquants, dont elle dérange les trafics. Les agresseurs, une "dizaine" de personnes "cagoulées", selon le ministre de l'Intérieur, ont brisé les vitres d'un premier véhicule puis l'ont incendié avec des cocktails Molotov tout en bloquant les portes "pour empêcher les policiers de sortir", selon le maire UDI de Viry-Châtillon, Jean-Marie Vilain.
C'est en voulant porter secours à leurs collègues que deux autres agents, présents dans une seconde voiture garée à proximité, ont à leur tour été agressés. Leur véhicule a également été incendié. L'un d'eux est arrivé lundi matin sous les applaudissements de ses collègues dans la cour du commissariat de Juvisy, les mains emmaillotées dans d'épais pansements et marchant difficilement, avant de s'entretenir avec le Premier ministre. Ces policiers ont été "confrontés à une bande de sauvageons qui ont agi avec lâcheté", et qui seront "rattrapés" et "sévèrement punis", a promis Bernard Cazeneuve.
Lundi matin, "aucune interpellation en lien avec l'affaire" n'avait eu lieu, a indiqué à l'AFP une source judiciaire. Les éléments prélevés sur les lieux de l'agression et les bandes vidéos de plusieurs caméras sont en cours d'analyse. "On est dégoûté, car on sait que ce sont des mecs qu'on connaît bien, ce sont toujours les mêmes", souffle un officier du département. L'heure n'est "pas à la vengeance; on est des policiers professionnels, on est préparé à ça, on sait qu'on est de la chair à canon, une cible privilégiée". Dans le quartier de la Grande-Borne "45 emplois de policiers ont commencé à arriver" et seront déployés d'ici la fin de l'année, a affirmé Bernard Cazeneuve. "Pas suffisant", pour Fouad Belhaj, membre du syndicat Alliance, selon qui "une fois de plus c'est de la poudre aux yeux, il nous en manque aujourd'hui 300".
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